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la religion et les droits de l’homme et libertés publiques
4 mai 2004, par Raed Marrakchi

à l’origine les religions allaient dans le même sens que les droits de l’homme et libertés publiques , la situation est actuellement différente

LA RELIGION ET LES DROITS DE L’HOMME ET LIBERTES PUBLIQUES

L’être humain se distingue par rapport aux autres animaux sur terre par sa capacité de se projeter dans le temps et de ne pas se limiter à la période très courte de la vie d’un homme.

Les anciennes civilisations qui ont laissé des traces qui suscitent encore de nos jours la curiosité de beaucoup de chercheurs comme la civilisation des Pharaons d’Egypte ont toutes été caractérisées par des croyances et dogmes axées sur l’existence d’une autre vie éternelle à laquelle chaque Pharaon par exemple se préparait durant toute sa vie humaine sur terre en construisant une pyramide qui abritera sa dépouille bien conservée sujette à une résurrection .

Ces dogmes et croyances en des capacités extraordinaires d’hommes et parfois même d’objets de sa propre création ont été par la suite abandonnées suite à l’apparition des religions monolithiques qui comptent de nos jours encore une majorité écrasante de fidèles.
L’histoire nous montre que les trois religions les plus importantes sont apparues dans un contexte de forte injustice de l’homme ; ces injustices constituent une entrave à la continuité de la vie en société dont l’homme a très tôt pris conscience de la nécessité vitale pour lui , c’est elle qui lui a permis d’être le maître sur la terre.

Et comme le pouvoir ne peut être arrêté que par un autre pouvoir comme le disait Montesquieu, c’est le pouvoir divin qui a souvent arrêté le pouvoir de l’homme.

Toutefois l’homme a toujours su utiliser tous les moyens dont il dispose pour satisfaire ses désirs ; SPINOZA disait « Le désir est l’essence même de l’homme, Ordonnateur clandestin de nos systèmes de valeurs », il ajoute « On ne combat un désir que pour en satisfaire un autre » . C’est ainsi que l’homme a su utiliser le fait religieux pour renforcer son pouvoir sur ses semblables , mais cette fois-ci au nom de Dieu ! L’histoire nous a montré que les hébreux - que Moise, messie de Dieu a libéré de l’esclavage des Pharaons d’Egypte - ont dévié les valeurs divines pour s’organiser en royaumes tyranniques au nom de Dieu et c’est ainsi qu’est apparu le Christianisme pour rappeler les grandes valeurs du sacrifice et de l’amour des autres. Les grandes valeurs divines du Christianisme et celles de l’Islam ont par la suite été elles aussi utilisées par l’homme pour asseoir son hégémonie sur ses semblables au nom de Dieu . La société humaine s’est transformée au moyennage avec l’apparition en Europe d’une classe intellectuelle influente qui a su profiter des contradictions des différents pouvoirs qui s’inspiraient des religions et souvent même de branches différentes d’une même religion pour arrêter ce pouvoir religieux en rappelant qu’il y des valeurs humaines qui ne doivent être violées sous aucun prétexte, fusse -t-il divin .
C’est ainsi que sont nés les principes de droits de l’homme et de libertés publiques.

La question qui se pose serait donc de savoir si ces principes sont ou non en contradiction avec ceux des religions monolithiques ?

Pour essayer de répondre à cette question, nous analyserons en premier paragraphe les valeurs apportéeq par ces religions (I) et comparerons en second paragraphe ces valeurs à celles des droits de l’homme et libertés publiques (II)

I- Valeurs apportées par les 3 principales religions monolithiques

Nous avons vu que ces trois religions sont apparues dans un contexte d’injustice humaine et de domination de l’homme par l’homme .

Ces religions sont venues rappeler que Dieu est au dessus de tous et que son pouvoir est suprême , ils ont mis l’accent sur des principes généraux qui sont de nature à faciliter la vie en société (A) d’une part et ont mis en place un système de conduite pour gérer le quotidien de la vie des hommes (B)

A- Valeurs universelles des religions monolithiques

Dieu le créateur de tout cet univers ne peut qu’être juste. Cette justice ne peut pas se mesurer à l’échelle humaine, trop courte, mais à l’échelle divine . (Le coran précise qu’un jour divin est l’équivalent de 1000 années humaines). Dieu a insisté sur l’importance de l’amour qui assure la cohésion entre les hommes et permet de supporter les différences.
Ces valeurs universelles sont celles de l’amour de Dieu , de l’amour d’autrui, de justice, ...

Ces valeurs amènent l’homme à projeter son action au delà de la période très courte de sa vie sur terre. Toutes ces valeurs sont en fait nécessaires pour permettre une vie sociale paisible et continue. En effet on comprend bien que la vie en commun devient beaucoup plus facile si les hommes s’aiment mutuellement ; la justice est aussi la meilleure garantie d’une vie sociale continue entre les hommes. Aimer Dieu , le créateur de l’univers et croire à une vie future éternelle permet aussi de prendre du recul par rapport à tout ce qui se passe sur terre, de faire abstraction des injustices et de supporter des malheurs dans l’espoir d’une vie meilleure à l’au delà.

Ces religions ont aussi beaucoup insisté sur l’importance de la reproduction qui est la base de la continuité de la vie.

Ces valeurs universelles sont rappelées dans toutes ces religions mais la vie de l’homme est confrontée à une réalité qui varie d’une époque à l’autre et qui est sujette à des solutions spécifiques à chaque époque et chaque lieu, c’est ainsi que les religions ont pensé à la gestion du quotidien.

B- Règles des religions pour la gestion du quotidien

Les règles religieuses pour la gestion du quotidien répondent à un double objectif, d’une part elles permettent d’organiser la vie en société avec les données de l’époque et d’assurer une meilleure cohésion sociale , d’autre part de maintenir une certaine spiritualité dans la gestion de ce quotidien qui permet d’avoir une vision relative des choses et de penser à l’au delà afin de pouvoir supporter les difficultés de la vie sur terre.

L’Islam qui est apparu dans un environnement de tribus qui s’affrontaient contient plus de règles de gestion du quotidien ; ces règles tiennent compte de la réalité du comportement humain pour le canaliser vers plus de justice . En effet plus l’homme a des moyens plus il est attiré par le « vice » condamnable par la religion et qui peut être réparé par des actes qui sont de nature à mener à plus de justice sociale.

C’est en fait ces règles religieuses qui étaient à
l’origine une source de cohésion sociale sont devenues actuellement un objet de discordance et d’intolérance.
Ces règles devraient normalement évoluer avec l’évolution de l’homme afin qu’elles ne soient pas des freins et des sujets d’affrontement et de discorde mais des sources de cohésion et d’entente.

C’est l’attachement à ces règles qui est à l’origine de la plus part des guerres de religion .
Ces religions sont elles en contradiction avec les droits de l’hommes et les libertés publiques ?

II- Comparaison des règles religieuses et les droits de l’homme et libertés publiques

Les principes et règles des droits de l’homme et de libertés publiques qui sont apparues suite aux affrontements et guerres religieuses sont dictées par « la morale du devoir »

Les morales du devoir identifient en général la moralité à l’obligation, dont elles situent la source dans le royaume des Idées (Platon), en Dieu (morales religieuses), ou en nous-mêmes (Kant). Ainsi, pour Platon, la justice est la plus haute vertu, et Socrate, dans l’Euthyphron, explique qu’être juste ce n’est pas agir selon le bon plaisir de Dieu. Au contraire, au Moyen Âge, Duns Scot va jusqu’à soutenir que le meurtre ne serait pas un péché si Dieu l’avait prescrit. Enfin, selon Kant, la morale ne peut être fondée « ni dans le ciel, ni sur la terre ». L’obligation ne peut être tirée de l’expérience, car de « ce qui se fait » je ne peux tirer les règles de « ce que je dois faire » ; et elle ne peut être imposée de l’extérieur par quiconque - fût-il Dieu -, car elle ne serait plus alors obligation mais contrainte. La « racine » du devoir ne peut donc se trouver qu’en nous-mêmes, dans ce « pouvoir des principes », universel et a priori : la raison, qui fait de chacun de nous, en tant qu’être raisonnable, à la fois un législateur et un sujet de la loi morale. Être moral, c’est obéir à l’impératif catégorique (« Tu dois »), qui commande à chacun de faire son devoir sans considération de circonstances, dans une entière autonomie.

Si ces droits de l’homme et libertés publiques ne s’inspirent pas des religions, seraient elles en contradiction avec celles -ci ?

Nous essayerons de montrer en premier paragraphe (A) les points de correspondances et de divergences entre les droits de l’homme et les libertés publiques et les religions puis nous examinerons en deuxième paragraphe les rôles actuels des religions et des droits de l’homme et libertés publiques (B)

A-Correspondances et divergences entre les droits de l’homme et les libertés publiques et les règles religieuses

Le droit à la vie , le droit à la préservation de l’intégrité physique de l’homme , le droit à la propriété, le droit de fonder une famille et d’avoir des enfants sont des droits reconnus pour tous par toutes les religions à l’exception des prêtres .
Toutes les religions appellent à la justice et à la solidarité sociale et interdisent l’hégémonie du plus fort. Les religions n’ont par contre pas aboli l’esclavage mais la religion musulmane a conçu un processus qui se sert des instincts naturels et du désir de l’homme qui le poussent à commettre des infractions religieuses dont la réparation se fait par des libérations d’esclaves ou l’amélioration de leur statut . C’est ainsi par exemple qu’un maître qui se lie avec des relations sexuelles avec une femme esclave qui met au monde un enfant de lui se voit relever au statut de le mère d’un enfant libre. Celui qui tue quelqu’un par erreur peut réparer ce pêché par la libération d’un esclave.

Une autre grande divergence entre les droits de l’homme et les libertés publiques et les religions est celle relative aux statuts de la femme qui se trouve souvent dans une situation d’infériorité par rapport à l’homme s.

La conception Islamique par exemple consiste en un partage des rôles et non en une égalité mathématique qui ne serait que théorique. Dans les principes généraux il n’y a pas d’inégalité entre les sexes ; celle ci n’apparaît que dans les règles d’organisation de la société telles que l’héritage et le mariage. L’homme dans la religion islamique a plus de responsabilités que le femme .

A notre époque cette différence de traitement liée au sexe et l’existence de l’esclavage dans les religions peuvent paraître inadmissibles mais il faut reconnaître que les changements apportées par les religions dans le comportement humain sont très importantes et constituent un très grand pas vers une société plus juste.

L’hégémonie des Pharaons d’Egypte, puis celle des rois d’Israël et la barbarie des tribus d’Arabie qui enterraient les bébés filles vivantes étaient tellement monstrueuses que tout ce qui pourrait être considéré comme injuste actuellement était révolutionnaire au moment de l’apparition de la religion.

Nous avons vu que les règles religieuses , lors de leur apparition et les règles de droits de l’homme et libertés publiques visent le même but de justice et de solidarité sociale mais quel rôle jouent actuellement les règles religieuses et de droits de l’homme et libertés publiques ?

B-Rôle actuel des règles religieuses et de droits de l’homme et de libertés publiques

L’homme a toujours su utiliser tous les moyens disponibles pour avoir plus de pouvoirs sur ses semblables , nous avons vu comment les religions ont été exploitées par des hommes pour s’accaparer du pouvoir au nom de Dieu , cette tâche lui est d’autant plus facile que ces religions vieillissent et sont sujettes à plusieurs interprétations. Nous citons à titre d’exemple les homme de l’église et les biens qu’ils ont entassés et les hommes musulmans dans certains pays arabes qui font des interprétations erronées de l’Islam pour se réserver beaucoup de privilèges par rapport aux femmes ; en matière d’héritage les hommes n’ont même pas accepté que les femmes héritent de la moitié et ont inventé la technique du Hobous pour détourner la loi religieuse et éliminer les femmes des héritages.

La structure de la société humaine a changé mais les instincts de l’homme sont toujours les mêmes .Avant, l’homme le plus fort physiquement se donne le droit de mettre le plus faible à l’esclavage , le vainqueur avait tous les droits sur les corps et les biens des vaincus.

Les religions sont plus utilisées actuellement comme sources de divisions et d’affrontement entre les plus faibles et les droits de l’homme et libertés publiques comme un alibi pour une domination des plus forts sur les plus faibles, la guerre pour « démocratiser l’Irak » en est un exemple.

Actuellement on ne veut défendre farouchement et avec les armes que les libertés de circulation des capitaux alors qu’on oublie le droit à la vie et ses corollaires tels que le droit de manger à sa faim , le droit à l’enseignement, à la santé,….

La Chine , le pays le plus peuplé du monde est en train d’assurer le minimum vital pour tous ses citoyens mais on lui reproche le non respect des droits de l’homme et libertés publiques ; son voisin l’Inde , le plus grand pays démocratique du monde a une partie non négligeable de sa population qui ne trouve pas de quoi manger mais on ne lui reproche rien en ce qui concerne les droits de l’homme et les libertés publiques.

Nous sommes en train de revenir à l’homme primitif dont le plus fort a tous les droits mais la notion de force a changé ce n’est plus la force physique individuelle mais c’est la force des groupes et de l’argent.

Les religions ne sont plus un cadre d’union des hommes pour une plus grande justice mais un facteur de désunion et d’endoctrinement pour éloigner les hommes de leurs vrais problèmes actuels et de les occuper dans des futilités telles que porter ou ne pas porter le voile et à se faire la guerre qui ne fait que le bonheur des multinationales de fabrication d’armes ; l’insécurité fait augmenter les budgets de défense ; le développement du terrorisme va dans ce sens , on se demanderait s’il n’est pas l’œuvre des services marketing de ces grosses industries d’armement qui ne peuvent prospérer qu’en l’absence de justice et de sécurité !

Messages

  • Je veux tout simplement adresser des félicitations à l’auteur de ce texte Monsieur Raed .

  • Bravo pour votre article lucide et courageux.
    Puissent les hommes et femmes de bonne volonté entendre votre avis.

  • si la psychiatrie etait nee avant les religions,tous les religieux seraient à l’asile

  • je vous remercie a ces informations ; mais nous avons besoin des sources religieuses svp

  • Bonjour,
    Je me permets de vous adresser un petit article que j’ai écrit en mars dernier, il existe tout de même en France un énorme problème quant aux droits de la femme.
    Merci de le publier

    Et si l’homme devenait humain ?

    Le problème avec le français parlé, c’est que le H de "l’Homme" a beau avoir une grande majuscule, on ne l’entend pas ; du coup, on finit par l’écrire en minuscule, et cela ne choque personne de lire "les droits de l’homme".

    Donc l’homme, c’est lui, c’est l’homme et la femme, mais aussi tous les hommes et toutes les femmes. La femme s’habitue à faire tout le temps une certaine gymnastique pour comprendre si elle est diluée ou pas dans l’homme, allant jusqu’à sacrifier elle-même le mot femme pour l’homme, qui est plus général.

    Le petit garçon apprend à l’école qu’un ensemble comprenant un autre ensemble est plus grand, c’est logique !

    Pourtant, il suffirait de si peu pour que l’ensemble des femmes soit égal à celui des hommes, il suffirait simplement de les intégrer tous les deux dans un ensemble plus grand, que l’on nommerait « l’Humain ».

    Les droits de l’homme deviennent les droits de certains hommes. La France accepte que des pratiques moyenâgeuses aient toujours cours. Dans une synagogue, ce petit garçon entend le rabbin expliquer à une femme juive que même si un cimetière était entièrement rempli de femmes, il sera impossible de faire la prière des morts, puisque la présence de 10 hommes est obligatoire.

    L’association pour laquelle j’ai travaillé 15 ans m’a répudiée à tout juste 50 ans, et a sacrifié cinq vieilles, toutes mises à la porte, pour embaucher un jeune homme de bonne famille, vivant encore chez papa-maman. Mais le comble, c’est que cette association est juive et prétend, de plus, défendre les droits de l’homme.

    L’Administration française met sur la paille les femmes vivant seules avec enfants, la Justice française les jette à la rue avec l’aide des Forces de l’Ordre, mais on leur prévoit un hébergement pour prostituées, sachant d’avance ce qui les attend. Mais au fait, n’est-on pas en train de faire en sorte que cela soit reconnu comme un véritable métier ?

    Le plus vieux métier du monde, nous répète-t-on ; alors je dis aux femmes qui se demandent pourquoi "le 8 mars", pourquoi "La Journée de la Femme", qu’il est vraiment temps de changer de société !

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