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Radhia Haddad :
21 décembre 2003, par Raed Marrakchi

Radhia HADDAD vient de décéder après une vie pleine de combat pacifique sur le terrain couronné de succès pour l’émancipation de la femme Tunisienne mais a buté dans son combat pour la démocratisation de la vie politique en Tunisie

Cette année 2003 arrive à sa fin et a connu plusieurs évènements importants que les médiats n’ont pas manqué de mettre en valeur et de bien analyser.

Parmi ces évènements, il y a bien sûr, ceux relatifs à la violence dans le monde comme la guerre en Irak, la capture de Saddam Hussein, la rébellion en côte d’ivoire, les attentats en Russie, en Turquie, en Irak, en Afghanistan et en Arabie Saoudite, les affrontements entre Palestiniens et Israéliens, mais il y a aussi d’autres évènements , non violents, mais qui ne sont pas sans importance tels que le projet de constitution européenne, les débats sur l’intégration et le port du voile en France, le problème du nucléaire en Iran , l’attribution du prix Nobel de la paix à une Iranienne, le premier sommet des 5+5 à Tunis, les progrès de la Chine dans la prospection de l’espace …
Durant cette année 2003 pleine d’évènements , il y a eu le 17 Novembre, le décès de Madame Radhia HADDAD, cette femme qui a consacré sa vie à militer pour que l’émancipation de la femme Tunisienne sorte des textes et devienne une réalité sur le terrain . Ce combat pacifique long et dur mérite d’être mis en valeur surtout que son objet est toujours d’actualité même en Europe.

Née le 17 Mars 1922 dans une famille de la bourgeoisie traditionnelle de Tunis sous le nom paternel de Ben Ammar, Radhia a été une petite fille bien épanouie qui a fait des études primaires brillantes bilingues (Arabe et Français) jusqu’à l’âge de 12 ans.

C’est à partir de cette date que l’enfant Radhia a été choquée par la situation de la femme Tunisienne dans son pays . En effet, à cet âge ou elle espérait aller au collège pour poursuivre ses études, sa famille lui a imposé le port du voile tout en la gardant à la maison et mettant ainsi fin à ses études.

C’était le début de sa révolte, non contre ses parents qu’elle aimait et que leur amour pour elle ne faisait l’objet d’aucun doute, mais contre la société musulmane de l’époque dans laquelle la femme souffrait de plusieurs contraintes et de la domination injustifiée et inconditionnelle de l’homme qui lui imposait un standard de conduite inacceptable. L’enfant Radhia, malgré son jeune âge, a bien compris que ses parents n’avaient d’autres buts que de préserver sa « bonne réputation » afin qu’elle puisse vivre en paix et lui éviter le rejet de sa communauté et les souffrances qui en résultent.

Malgré son refus de ce moule dans lequel on voulait la façonner, Radhia a été obéissante , elle est restée à la maison, portait le voile, s’est mariée à 18 ans avec son cousin maternel mais a tout fait pour ouvrir petit à petit toutes les portes qui l’enfermaient.

Elle a commencé par la porte du savoir qu’elle a entrouverte par la lecture de tout ce que rapportait son frère de l’école et par les discussions avec lui sur ce qui se passait dans la rue et sur la situation générale dans le pays avec l’occupation Française et les mouvements de résistance. Cette porte du savoir lui a permis d’ouvrir d’autres portes puisqu’elle s’est imposée au sein de sa famille comme un interlocuteur écouté dans le domaine de la politique traditionnellement réservé aux hommes et interdit aux femmes. Ce respect de son mari et de toute sa famille l’a encouragé à poursuivre son combat en décidant , avec le consentement de son mari, d’enlever à l’âge de 25 ans le voile et de participer à la vie associative et politique de ses semblables de l’autre sexe vêtue à l’Européenne.

Après l’indépendance de son pays ,la Tunisie, Radhia HADDAD a participé activement à la vie politique puisqu’elle était parmi les premières femmes parlementaires en Tunisie. Elle a très vite compris que le code de statuts personnel promulgué en Tunisie le 13 Aout 1956 qui constituait une révolution et une première dans un pays musulman et représentait un grand pas vers la modernisation de la société n’avait de sens que s’il était suivi par une action continue et sans relâche sur le terrain. Elle a donc milité activement au sein de l’Union Nationale des femmes Tunisienne dont elle était la présidente durant quinze années en faisant beaucoup d’actions sur le terrain visant à apprendre aux femmes à lire et écrire puis à poursuivre leurs études , à leur permettre à travailler et être rémunérée pour assurer leur autonomie financière. Par sa force de convaincre, d’abord les hommes « écrans » puis les femmes, et par son comportement exemplaire, elle a pu arriver à transformer en profondeur la société Tunisienne d’une façon harmonieuse, dans le calme et l’entente sans heurts ni « retours de manivelle ».

Elle a su concilier avec admiration son activité politique et sociale avec sa vie privée de femme et de mère de deux filles et deux garçons qui constituent actuellement, en Tunisie, un exemple de compétence et d’honnêteté.
Sa vision était globale et lointaine. Radhia HADDAD écrit en effet dans son livre « parole de femme » que « …La persistance d’injustices flagrantes entre hommes et femmes, entre groupes sociaux ou entre régions, constitue en effet un gaspillage d’énergies, incompatible avec la quête de la croissance, qui est le propre d’une société moderne.

Le progrès est également subordonné à deux autres
préalables, non moins essentiels , et qui ne sont que d’autres visages de la justice : la répartition équitable de l’accroissement des richesses et l’organisation démocratique du pouvoir »

C’est effectivement sur ce dernier point que Radhia HADDAD a buté et que son combat s’est arrêté en 1981 à la suite de ce qu’elle appelait « …élections tragi-comiques du 1er novembre 1981,…Le truquage électoral le plus scandaleux… »
Radhia HADDAD était parfaitement consciente que son combat pour l’émancipation de la femme Tunisienne est indissociable de celui, non moins important, de la démocratisation de la vie politique et sociale. C’est ainsi qu’elle a tenté , en vin, de créer une association de défense des consommateurs et de participer à la construction de la base d’un pluralisme politique.

Sa réussite dans le domaine de l’émancipation de la femme montre que le dialogue, et la force de convaincre sont beaucoup plus efficaces que la confrontation et la force des armes.

Mais ceci n’aurait pas été possible sans la détermination et le courage exceptionnels de cette femme exceptionnelle. Le courage n’est il pas un mot féminin en Arabe ?

Messages

  • Ce n’est pas fini le cauchemar des femmes musulmanes...Les gens sont certainement bien, dans ces pays. mais la religion entre les mains des prêtre avides de pouvoir et manipulateurs est la pierre d’achoppement à un développement harmonieux de ’être humain.
    Le christianisme est passé aussi par des périodes néfastes et cruelles. Actuellement cette maudite religion ne peut plus torturer et manipuler les pauvres diables qui croient naïvement en un Dieu bon et généreux... Les temps changent, le liberté reviendra seulement avec la ferme volonté des peuples. A bas les dogmes et les supperstitions...

  • La regrettée Radhia Ben Ammar Haddad était une grande dame, une patriote et une militante nationaliste et pour l’émancipation de la femme musulmane. Elle a présidé longtemps aux destinées de l’union des femmes et a fait beaucoup pour elles. Son extraction bourgeoise n’a pas aidé à la faire apprécier dans le pays profond, majoritairement rural à cette époque. Mais c’est l’hostilité du palais de Carthage et principalement de sa première dame qui l’a marginalisée.
    J’ai rencontré la défunte pour la première en 1958 et de nombreuses fois par la suite et j’en garde le souvenir d’une femme de coeur et de conviction. Je la cite beaucoup dans ce qui sera un jour....Des souvenirs. Paix à son âme !!
    A.M.

    Voir en ligne : http://www.tunisitri.net/

  • http://tunisie-harakati.mylivepage.com

    Malgré le progrès évident des droits de la femme en Tunisie, il reste un très long chemin à faire dans ce pays pour que les écris suivent la réalité de la rue.
    Dans les rues de la Tunisie ainsi que dans les prisons, il y demeure encore trop de Sameh Harakati qui réclame "liberté et justice".
    En Tunisie, le temps s’est arrêté pour les femmes.
    Il est du devoir de chacun de participer à cette logique humanitaire pour ne plus que nos mères, nos femmes, nos filles et nos soeurs ne soient plus les esclaves de la bêtise des extrémistes.

    http://tunisie-harakati.mylivepage.com

    Voir en ligne : La Tunisie : rêve ou cauchemar pour les femmes ?

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