Co-écrit par Marie Vermillard, cinéase injustement méconnue, le premier long-métrage de Joël Brisse, tourné dans les paysages magnifiques du haut Languedoc, est une fable écologique, qui mêle mystère et réalisme avec un bonheur inégal. Le héros, prénommé Noël, est un marginal un peu alcoolo, écologiste instinctif qui joue les Cassandre : il dénonce le mal que les paysans modernes font à la Terre et aux animaux et prophétise la dégénérescence de la race humaine. Viscéralement asocial, rejeté par tous,il a pour seule amie sa nièce, une fillette adorable qu’il cherche à faire échapper au conformisme. Lorsqu’il tombe amoureux de la nouvelle institutrice du village, sa vie bascule…

Contemplatif et presque panthéiste (mais sans tomber dans la cucuterie) plus poétique que politique, ce film pudique nous offre quelques très belles scènes. Cependant, il souffre d’une forme de délayage et d’inconsistance dans la mise en scène et ne parvient pas à être tout à fait à la hauteur de son ambition.

L’interprétation est remarquable. Pour son premier grand rôle, Bruno Lochet (ancien des Deschiens) n’a certes pas l’accent du Midi qui semblait requis mais il joue sobrement, évitant tous les clichés qui auraient pu coller à son personnage (cul-terreux, illuminé, altermondialiste…). Hélène Fillières (omniprésente à l’écran cette année) est toujours aussi lumineuse. Et la petite Ana Gantès est très bien dirigée.

Un film original, certes imparfait mais à voir pour soutenir le jeune cinéma français et se laver le regard des conneries hollywoodiennes.