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Nous on peut ! - Jacques Généreux
14 mars 2012, par Jules Trevy

Le titre du livre de Jacques Généreux (Nous on peut !) annonce la couleur, et la 1ère page de couverture le précise : ce qui crée la crise, ce ne sont pas les marchés auxquels on nous a soumis, c’est l’absence de volonté politique de se défaire de leurs dictats et de s’opposer à leur logique infernale. En cela il s’oppose, avec Jean-Luc Mélenchon, à cette fraction de la Gauche qui se dit impuissante à lutter contre la mondialisation et se soumet aux lois de la libre concurrence telle qu’elle est définie par les néolibéraux. Comme le rappelle l’auteur cette crise vient de quelque part, elle est née le jour où les néolibéraux sont arrivés au pouvoir dans les années 80 et où a commencé la privatisation des États et tout spécialement lorsque furent privatisées les dettes publiques. De ce jour-là par suite de la spéculation les taux d’intérêt ont explosé et avec eux les dettes. Les États qui auparavant agissaient sur les taux de change et les taux d’intérêt règlementés n’ont plus eu d’autres possibilités que d’agir sur la baisse des impôts (et de réduire les services et prestations sociales) et sur la baisse du coût du travail. Comme on le voit aujourd’hui avec la Grèce la variable d’ajustement ce n’est plus l’inflation, c’est le plan de rigueur, mais en pesant sur le coût du travail, on abaisse le pouvoir d’achat et on freine l’économie. La rigueur entraîne la récession qui entraîne la rigueur.

Pourtant il y a des évidences que Jacques Généreux doit rappeler tant la propagande libérale a déformé les réalités. La dette publique est utile : Il est idiot d’affirmer que la dette publique reporte la charge des dépenses publiques sur les générations futures. Cela n’est exact que si l’on ne transmet que la dette à nos descendants, et pas tout ce qu’elle a financé [...] quand la dette finance des dépenses socialement utiles, les générations futures voient plutôt leur richesse nette augmenter. Jacques Généreux prend l’exemple d’un ménage qui emprunte pour se loger où l’on voit bien que le problème ne vient pas du fait d’emprunter mais comme cela a été le cas pour les subprimes, de la spéculation folle sur un marché de l’immobilier surévalué alors que les prêteurs avaient été autorisés à se défaire de leurs créances. Il propose de renationaliser le financement de la dette publique, et de sortir du financement par les marchés.

Évidemment les bénéficiaires de ces spéculations honteuses ne baissent pas les bras et jouent sur la peur pour se prémunir de tout changement qui irait contre leurs intérêts. L’un des arguments qui frappe le plus l’opinion est de dire que ce sont les riches qui font vivre le pays. Pour Jacques Généreux l’argument n’est pas recevable, il souligne en effet que Pour chaque sou placé dans leur investissement les capitalistes veulent un retour de quatre à cinq fois supérieures au rendement moyen obtenu durant les Trente Glorieuses et que moins de 2 % des opérations financières financent des opérations économiques réelles. ainsi donc La progression des profits ne sert pas principalement à soutenir l’investissement productif intérieur, mais à augmenter les dividendes distribués aux actionnaires. Si l’on appliquait ce programme, ce ne seraient finalement que les seuls prédateurs et spéculateurs qui s’en iraient. Et d’affirmer que la France attire par la productivité de son travail, la qualité de ses infrastructures, le cadre de vie offert, et la taille de son marché toutes choses que les investisseurs apprécient et dont les spéculateurs bien entendu ne tiennent aucun compte. Mais a-t-on réellement besoin des spéculateurs ? Je dirais que la réponse est dans la question ! D’ailleurs Jacques Généreux en est convaincu qui écrit : Ceux qui n’aiment pas notre « modèle social » ne sont déjà pas là. Et cela tombe bien, puisque l’on n’en veut pas.

Reste un dernier point important de ce programme, celui qui concerne la sortie ou non de l’Euro, Jacques Généreux précise que cela n’est pas nécessaire la monnaie unique en soi, n’implique pas la rigueur excessive ni la surévaluation mais elle n’immunise pas non plus contre ces risques, nous en est témoin le Royaume-Uni. En revanche il est impératif de s’affranchir unilatéralement de l’application d’un certain nombre de dispositions du traité de Lisbonne [dont il est rappelé au passage qu’il est la copie quasi conforme du Traité Constitutionnel européen auquel les peuples irlandais, néerlandais et français avaient clairement dit non] et ce afin de rétablir le contrôle des mouvements de capitaux outil indispensable de lutte contre les mouvements spéculatifs sur les dettes publiques. Jacques Généreux explique que cette désobéissance n’implique aucunement de sortir de l’Union européenne, il n’ignore pas qu’elle peut entrainer un éclatement de l’euro, dans ce cas il envisage plusieurs solutions qui permettraient malgré tout de rester maître de nos dettes par une solidarité entre les nations.

À l’heure où l’on nous dit que la rigueur est une fatalité et où d’autres envisagent un repli national dont on voit bien les dangers, il est important que quelqu’un dise que la construction européenne reste possible sur d’autres bases que les bases antidémocratiques imposées par les systèmes financiers. Il est urgent de lire ce livre qui explique que la volonté politique permet de faire face au néolibéralisme qui s’est emparé de l’Europe en se présentant comme LA vérité économique, ce qu’il n’est pas.

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