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L’argent ne ment pas
2 février 2012, par Bouchta Essette

L’argent est sincère, l’homme est hypocrite. Celui-ci extériorise facilement l’ensemble de ses désirs ; quand il a besoin de quoi que ce soit, il trouve les moyens d’exprimer ces désirs, même les non naturels font l’objet d’une expression aussi aisée. L’homme dit en effet son besoin de liberté, son besoin d’égalité et de justice. Il dit aussi son besoin de manger, de boire et de faire l’amour. Pour se réaliser, il adhère à des associations et partis politiques, participe à des manifestations, à des organisations et à toute autre activité susceptible de concrétiser ce vers quoi il tend. Comme il peut dire son désir de ce qu’il appelle la démocratie, des droits de l’homme, de l’égalité entre l’homme et la femme et de moult autres envies qui chatouillent ses appétits. Il affiche avec grande solennité ses préférences pour toutes les vertus qui emplissent le creuset dont s’alimentent les humains quels que soient leur âge, sexe, religion, couleur, ethnie et pays. Qui de nous ne rêve pas d’une société où règne l’égalité, la liberté, la fraternité, la sincérité, l’amour, le respect des autres… Qui peut cacher son admiration pour toutes ces vertus ? Vu sous cette perspective, l’être humain passe pour une entité sociable avec laquelle il est facile de cohabiter. Si tel était réellement le cas, l’homme serait fidèle à lui-même, fidèle aux multiples images et idéaux dont il cherche à se couvrir.

Hélas, l’homme qui, en fait, fait partie d’un ensemble naturel complexe est si imprévisible qu’il a souvent tendance, pour exprimer ces désirs cités, à dire ceci et à faire cela, à penser ceci et cela tout à la fois, à adopter en définitive des attitudes paradoxales, voire répréhensibles. Aussi est-on en droit de se demander pourquoi tant de paradoxes et d’amalgames. Ne serait-ce pas parce que l’homme ne cherche pas à satisfaire uniquement ses besoins naturels, et qu’il tend à s’en imposer d’autres plus compliqués et foncièrement artificiels ? Ses démarches paradoxales rendent ces interrogations légitimes : l’homme est-il fait pour mentir ? Le mensonge est-il une propriété inhérente à sa nature ? Tout de lui concourt à soutenir ce postulat. Qu’on en juge par cette merveilleuse science qu’il a découverte et qu’il a eu l’audace d’appeler « science politique » au lieu de lui donner une dénomination plus adéquate et qui serait « l’art de la duperie ». C’est une discipline que le temps a rendue indispensable, un art basé sur la supercherie et qui a pour vertu la possibilité de tout réaliser sans forcément passer par les voies de la légalité et/ou de la légitimité.

Ayant des désirs incommensurables, lesquels désirs se dissipent concomitamment avec leur satisfaction, il voit immédiatement naitre en lui une pléthore d’autres désirs nécessitant, pour leur réalisation, tant d’industries mensongères. Ceux-ci sont apparentés à un tonneau percé qui rappelle celui des Danaïdes. Selon ce processus d’apparition/disparition, et afin de répondre à tous ses appels intérieurs, l’homme est poussé à aller au bout de ses peines, ne lésinant sur aucun moyen pour apprivoiser ses paradoxes. Il est disposé à mentir tant pour recevoir que pour donner. Encore faut-il souligner que ce qu’il donne, ce ne sont que des illusions et des mirages, et ce qu’il reçoit, c’est toujours au prix d’audacieuses opérations de jonglerie et de supercherie. L’homme est-il donc né pour mentir ? Toutes les manifestations dont il fait montre le confirment. Pour s’en convaincre, observons encore les stéréotypes de langages qui trahissent à longueur de journée sa mauvaise foi ; cette dernière expression est à comprendre dans un sens sartrien, dans la mesure où l’homme ne cherche pas à mystifier seulement son semblable, mais aussi à se mystifier soi-même : « je vais vous dire franchement », où « croyez-moi quand je vous le dis », ou « je ne vous mentirais pas si je vous disais », ou « je vous jure que… », ou « soyons francs »… Tous ces modalisateurs du discours qui visent à refléter une image assertive n’en cachent pas moins une intention inavouée et en même temps éloquente de duperie. Car eut-il été réellement sincère, l’homme n’aurait pas été contraint à tant de circonlocutions à valeur plutôt explétive. Souvent, le langage est employé pour exprimer la problématique et non l’évident. Celui-ci n’a pas besoin de confirmation, et quand on s’y prend, on tombe fatalement dans la raideur du comique qui résulte justement de la redondance et de la tautologie. On n’épilogue jamais en effet sur l’existence ou la non-existence du soleil dans les pays du Sud. Là, il trône majestueusement devant nos yeux éclaboussés par ses rayons foudroyants. On en parlerait à la rigueur dans les pays du Nord quand, masqué par les nuages pendant de longs mois, son existence pourrait faire l’objet d’une suspicion.

L’homme ment comme il respire. Ne dit-on pas que le besoin est docteur en stratégies ? Ces deux propriétés (mensonge et respiration) sont tout aussi indispensables l’une que l’autre à sa survie. Pour dire ses besoins et en même temps pour les mystifier, il dispose d’un moyen efficace qui est le langage. Quand un enfant demande quelque chose à son père, à défaut de ce par quoi il peut s’en acquitter, il lui donne des mots, des promesses, des projets. Quand un peuple demande à avoir ses droits, les décideurs politiques emploient quasiment le même procédé, ne lui concédant que des mots, des promesses, des projets. Ils lui donnent en plus le sourire ( de commande), des intentions de velléité, multiplient les réunions, les parades au cours desquelles ils ne vont jamais à l’essentiel, exploitent à qui mieux mieux, dans des mises en scène tacitement concertées, les ressources de la rhétorique, de la sophistique et de l’argumentation fallacieuse qui leur permettent de rester à l’aise, en deçà des faits, ergotant sur les concepts et les notions les plus vagues qui se prêtent facilement à ce fameux « cold reading » qui s’accommode facilement du langage à effet de puits, simulant des provocations, des disputes oratoires, voire physiques, bavant et écumant afin de créer cette illusion théâtrale à effet soporifique.

On ne fait que s’entre mentir en effet quand, pour solutionner les problèmes d’un peuple, ces décideurs, toutes tendances confondues, gauche et droite, majorité et minorité, gouvernement et opposition exploitent la même stratégie servant des intérêts opposés. Cette stratégie consiste à tout dire sauf l’essentiel. Vous voulez la liberté, on vous donne l’image de la démocratie, et on en est fier, comme si la démocratie était la garantie la plus fiable pour l’obtention de cette liberté. Vous voulez la démocratie, on vous propose le verdict des urnes, lesquelles urnes, ce qui est généralement le cas, peuvent vous sortir des monstres dont on vous oblige à supporter les folies et les fantaisies, les exactions et toutes sortes d’extravagance sur lesquelles vous n’avez dorénavant aucune prise. Et si vous vous mettez à vous plaindre pour non-respect des engagements pris lors des campagnes électorales, la démocratie qui a été taillée à la mesure de ceux qui l’avaient confectionnée, n’aura prévu pour vous qu’une seule alternative : la possibilité de soi-disant punir ces élus lors des prochaines élections, en votant pour leurs adversaires, mais permettant tout de même à ces prévaricateurs de sévir pendant toute la durée de leur mandat. On vous aura du coup avisé, machiavéliquement, en vous disant que les élections, c’est un jeu démocratique dont vous avez accepté les règles, ce qui est un grand mensonge, et que dans ce genre de jeu, il y a des gagnants et des perdants, et si par hasard vous faites partie des derniers, le même hasard pourrait vous placer la prochaine fois parmi les autres. L’éristique trouverait-elle de démarche plus efficace pour s’imposer ?

Ainsi le vieux système dont on usait avant pour analyser le fonctionnement de la société et qui était basé sur l’opposition des classes semble dorénavant caduc, car ayant cédé le pas à une nouvelle organisation qui met aux prises, décideurs et faiseurs, exploitants et exploités, munis et démunis, comme pour réactiver cette vielle dichotomie qui opposait l’esprit à la matière. Les hommes ne font que s’entre mentir parce qu’ils ont des besoins non naturels, mais aussi parce que chacun d’eux fait de son mieux pour faire partie de la catégorie des nantis. Voilà sans doute pourquoi l’homme ne peut échapper à son destin d’être hypocrite, tendant constamment vers le haut, cet espace qui n’est guère le sien, mais chaque fois retenu par la force de la gravité qui le ramène vers le bas, son élément naturel. Il engage un combat farouche contre tout pour être autre que ce qu’il est. Il lui faut un tremplin, et c’est sur l’échine de son semblable qu’il doit se mettre pour entreprendre ses sustentations. Il lui faut, pour obliger l’autre à courber l’échine, exercer sur lui un certain pouvoir. Pour avoir ce pouvoir, il lui faut un élément primordial, indispensable et incontournable : l’argent.

Pour avoir l’argent, l’homme est prêt à tout brader sans exception, sans limite, sans retenue. Le paradoxe de l’homme, c’est son mensonge qui le dévoile. Il parle de son désir de la démocratie, de la liberté, de l’égalité, de la fidélité ; mais il ne déclare jamais expressément son désir d’argent, et pourtant, dieu seul sait combien il méprise tous ces principes pour la réalisation desquels il milite et dit être prêt à se sacrifier, mais adore en catimini cet élément miraculeux qu’est l’argent, contre lequel il ne cesse de déblatérer, affichant ostensiblement devant lui une attitude méprisante et méprisable. On ne fait que s’entre mentir. La preuve en est ce rapport mystérieux et paradoxal que l’homme entretient avec l’argent ; il ne le dénigre que pour mieux se l’approprier, n’en cite les innombrables défauts que pour être seul à s’en accommoder.

L’homme est hypocrite, mais l’argent, quelque sale (s’il est sale) qu’il puisse être, est sincère. Ce dernier, conscient de sa force, affiche ses propriétés, ne se référant à nulle autre valeur que lui-même. L’argent est un dieu tout-puissant, selon G. SIMMEL, (voir sa Philosophie de l’argent) dont les puissances sont incommensurables. Son pouvoir n’a pas de limites ; il agit sur tout, de la même façon, avec sincérité, nivelant les différences, annihilant les aspérités. Il n’y a rien que l’argent ne puisse favoriser. Et puisqu’il est ainsi et qu’il ne reconnaît aucune force qui puisse le surpasser, il est naturellement amoral et immoral, pour qui vice et vertu sont des désignations factices, des assémentèmes en quelque sorte. L’argent est une énergie qu’aucune énergie n’arrête ; il est un séducteur devant lequel aucune morale ni vertu ne peuvent être éternellement vertueuses. Mettez-le devant la vertu et voilà qu’elle est vice ; mettez-le devant le vice et voilà qu’il se métamorphose en vertu. Un femme prude a beau se prévaloir de sa vertu, elle ne pourra pas résister éternellement à l’attrait des liasses de billets de banque qui s’entassent devant ses yeux de plus en plus aguichés jusqu’à ce qu’elle ait perdu carrément tous ses sens, ne pouvant plus distinguer ce qui est moral de ce qui est amoral ou immoral, ce qui est religieux de ce qui est blasphématoire, ce qui est vertueux de ce qui est vicieux... L’argent étant indifférent à ces considérations humaines et morales, reste somme toute un simple outil dont l’homme seul peut faire un usage ou vertueux ou vicieux... Ne dit-on pas que l’argent n’a pas d’odeur ?

L’argent a donc cette propriété qu’aucune force au monde ne peut égaler : être partout et partout opératoire. On peut avoir une voiture très luxueuse, elle n’aura qu’une seule fonction : servir de moyen de transport. On peut avoir un superbe manteau en fourrure, il n’aura qu’une seule fonction : nous couvrir. On peut avoir une luxueuse habitation : elle n’aura qu’une seule fonction : nous abriter. C’est ainsi que les choses de la vie se limitent assez souvent à des fonctions précises, quand l’argent, lui, est multifonctionnel, étant capable d’être échangé contre n’importe quelle valeur : une voiture, un manteau de fourrure ou une habitation luxueuse. En plus de cela, il a une propriété qui lui est carrément exclusive : la mobilité. « Rien n’était possible sans l’argent, l’argent liquide qui coule, qui pénètre partout », dit Zola ( L’Argent, p. 258). Certes, une voiture est mobile, mais sa mobilité est relative ; un bien immobilier (habitation, terrain…) est là, alors qu’il est possible de transporter des millions d’un espace dans un autre, soit dans un attaché-case, soit sous forme de compte bancaire dont personne ne peut soupçonner la mobilité. On comprend pourquoi l’argent si puissant est sincère et ne peut avoir honte de ses propriétés pour ne pas dire ses qualités ou défauts. C’est pour cela qu’il est sincère, et c’est à cause de cela qu’il réduit l’homme à une servitude hypocrite, car faible devant la diversité des services qu’il met à sa disposition, les bons et les mauvais, les légitimes et les illégitimes. L’homme tend à se déshumaniser en se plaçant volontairement sous le joug de ses tentacules.

Quand des spécialistes de l’information et de la politique (les deux prétendent œuvrer pour le bien de la société) se mettent à analyser la société à travers les médias, tous insistent sur la démocratie, sur les droits de l’homme, sur la justice, la liberté et l’égalité. Ce sont là les thèmes phares qui ont toujours fait l’objet de débats, et ce sera sans doute ainsi jusqu’à la fin de l’éternité. En effet l’homme à toujours milité pour ces idéaux (nantis et infortunés compris) et jamais il n’a réalisé un seul de ces idéaux : ni démocratie, ni droits de l’homme, ni justice, liberté ou égalité. Le monde a toujours été victime de guerres, des exactions, des injustices et des crimes. Les spécialistes de l’information et de la politique n’ont jamais pu enrayer ces maladies sociales parce qu’ils n’ont jamais posé les véritables questions dont l’utilité pourtant crève les yeux ; ils n’ont jamais diagnostiqué le véritable mal qu’ils volontairement ont scotomisé de leur conscience.

Le problème que vivent les hommes, c’est qu’ils ont tous les mêmes désirs, les mêmes amours, les mêmes passions : c’est l’idolâtrie pour l’argent. Et parce que chacun d’eux considère ce désir comme un sentiment contre nature, on le cache, on le contourne sans jamais pouvoir l’affronter. C’est en cela que l’homme, contrairement à l’argent qui est sincère et dit ce qu’il est, se ment à lui-même comme il ment aux autres, en taisant ce qu’il est et en disant ce qu’il n’est pas. Jamais aucun responsable politique n’a révélé au grand jour les motivations réelles qui le poussent à adhérer à toutes ces activités en prétendant satisfaire les besoins des autres. Jamais aucun décideur n’a jamais avoué que c’est l’argent et lui seul qui motive son acharnement à soi-disant servir les autres. Pour en avoir une idée nette, pensons à ces élus qui, durant tout un mois consacré à la campagne électorale, ne cessent de nous présenter des programmes dans lesquels ils rivalisent en peinture et description de la société idéale qu’ils comptent créer, dans laquelle tout est luxe, calme et volupté. Ils passent des nuits blanches à imaginer des rhétoriques, à poétiser des slogans, quant aux journées, ils les passent à s’égosiller en faisant des laïus ponctués de tous les bienfaits, de toutes les abnégations dont ils se disent capables. Tout cela en s’effaçant au maximum pour donner à penser qu’ils cherchent à faire prévaloir les intérêts du peuple, sans jamais nous dire ce qui se trame réellement derrière cette mise en scène et qui ne sont autres que le pouvoir et l’argent.

Jamais donc aucun responsable de l’information et de la politique n’a voulu avouer que la résolution des problèmes passe d’abord par le bon usage de ce facteur déterminant qu’est l’argent. Imaginez quand, dans une société sous-développée, on accorde à quelques fonctionnaires de choix des salaires astronomiques qui vont de 60 000 jusqu’à 200 000 euros, voire plus, de quoi nourrir, pendant un mois, la population d’une ville moyenne, n’est-ce pas une manière de priver ce fonctionnaire élu de son humanité ? L’argent est docile et serviable ; il est une énergie irrépressible. Demander à l’argent de ne pas être fort, de ne pas agir, c’est autant demander à la faiblesse de ne pas être faible et à être forte. L’argent, a-t-on souligné, n’a pas de moralité ; il est une force qui va, et quand on lui demande des services, son tempérament est d’obtempérer. Il peut être un ange gardien, si on l’a employé à bon escient, comme il peut être un monstre destructeur quand on l’a aiguillé vers des voies et intentions malsaines. Et Zola d’ajouter : « Dans ces batailles de l’argent, sourdes et lâches où l’on éventre les faibles, sans bruit, il n’y a plus de liens, plus de parenté, plus d’amitié : c’est l’atroce loi des forts, ceux qui mangent pour ne pas être mangé ». (L’Argent, p 395). L’argent est un dieu au service des hommes chaque fois qu’ils l’ont dompté. Aussi, celui qui en a la possession, du fait de sa nature possessive et égocentrique, a-t-il tendance à en faire une sorte d’anneau de Gygès qui le rend invisible pour se faufiler dans les espaces troubles afin de satisfaire ses passions maladives et asservir les autres à ses caprices excentriques. L’argent qui est une force s’imprègne en l’homme et fait de lui une force. Celui-ci aime à ordonner, à gouverner, à asservir, à châtier. Mettez de l’argent devant un sage, et le voilà divorçant d’avec la sagesse, donnez à un chaste de l’argent et le voilà parangon de la débauche et de la luxure. Brandissez un billet d’argent devant un paralytique, et le voilà gambadant comme si on l’avait plongé dans la piscine de Bethesda. En revanche, privez un voyant de l’argent et le voilà aveugle, un gentil et le voilà méchant, un sage et le voilà fou. On n’est ni si vertueux ni si vicieux qu’on croit. Dans l’avant-propos de La Condition humaine, Balzac dit que c’est par l’argent que : « l’épicier devient certainement pair de France et le noble descend parfois au dernier rang social ». ( Le Livre de poche, p 282). Quand on a la force, on est ridicule si on se comporte comme si on était faible ; Quand on a l’argent et on ne le dépense pas, on n’en est pas moins ridicule.

Que cette force qu’est l’argent faisant l’objet d’une possession exagérée soit distribuée aux uns et aux autres d’une façon telle qu’il peut à peine satisfaire les besoins les plus élémentaires, et que tous les sociétaires aient pratiquement les mêmes possibilités pour y accéder. Que l’économie d’un pays ne soit en aucun cas entre les mains d’une poignée d’individus qui se le partagent comme s’il émanait d’une réserve privée, que ses finances soient autonomes, gérées par des structures imperméables, et non par des hommes qui perdent la boule quand ils sont confrontés à ses charmes, et tous les problèmes majeurs (ou presque) sont automatiquement résolus. On n’aura jamais ainsi besoin de ces discours démagogiques, de ces rencontres marathon, de ces palabres oiseuses durant lesquelles on se livre intentionnellement à des logorrhées interminables. On ne parlera plus démocratie, droits de l’homme, égalité, liberté, justice… Tous ces idéaux sont corollaires de l’argent. Quand celui-ci parle, ces valeurs morales se taisent ; pour que celles-ci puissent se manifester, il faut que la force de l’argent soit pulvérisée. Que cette force soit donc accordée aux uns et aux autres de manière parcimonieuse, et voilà tout le monde condamné à vivre dans la retenue, la modération et le bon usage des choses. On est juste ou injuste pour autant qu’on possède ou non de l’argent. C’est dans ce sens qu’on comprend cette réflexion de Zola : « L’argent empoisonneur et destructeur, devenait le ferment de toute végétation sociale, servait de terreau nécessaire aux grands travaux dont l’exécution rapprocherait les peuples et pacifierait la terre (…) lui seul n’était-il pas la force qui peut raser une montagne, combler un bras de mer, rendre enfin la terre habitable aux hommes, soulagés du travail, désormais simples conducteurs de machines ? Tout le bien naissait de lui, qui faisait tout le mal » (L’Argent G F p : 283)

Que ces décideurs nous épargnent leurs logomachies, ces expressions fouines tels que démocratie et droits de l’homme…, ; un nominaliste nous dirait que ces mots ne sont que des universaux vides de sens, car ils ne renvoient à aucune réalité tangible, du fait que la seule réalité qui ait une référence matérielle et opératoire est l’argent. Tout dieu qu’il soit, celui-ci n’est pourtant qu’un outil à double tranchant ; il est tantôt employé pour libérer l’homme, tantôt pour l’asservir.

Bouchta ESSETTE

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