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Memento mori
23 août 2011, par Bouchta Essette

Memento mori

Souviens-toi, rappelle-toi que tu mourras, souviens-toi que tu n’es qu’un être humain misérable, faible qu’une simple épine peut faire souffrir des heures, sinon des jours durant. Souviens-toi que quelque puissant que tu croies être, quelque savant que tu puisses être, un simple bruit inopportun te fait sursauter, un menu moustique qui s’introduit dans ton conduit auditif ou nasal te rend si nerveux que tu n’as plus le sommeil. Souviens-toi que quand tu crois posséder le monde parce que tu es ceci ou cela, il s’avère que tu n’es en fait qu’un être de moindre dimension, qu’un regard inamical peut indisposer, qu’un mot grossier accroché au passage peut rendre furieux. Rappelle-toi tout cela, et rappelle-toi aussi que tous les projets que tu formes pour posséder le monde, toutes les forces que tu peux employer pour asservir les autres, tout l’argent que tu dépenses pour assouvir tes passions , souviens-toi que tout cela disparaitra un jour comme par enchantement, et que tout ce pour quoi tu t’es donné tant de peine, tant de souci, tant de mal se révélera un simple mirage sans consistance aucune, comme s’il n’avait jamais existé, comme si tu n’avais jamais existé. Car tout compte fait, tu auras certes vécu, mais pour combien de temps ? Une cinquantaine d’années ? Une centaine, tout au plus ? Admettons. Qu’est-ce que c’est qu’une centaine d’années devant l’éternité ? Un laps de temps ! Une fraction de seconde ! Et encore ! Soyons pragmatique. Pour moins d’une fraction de seconde à vivre, faut-il se démener outre mesure ? La vie vaut-elle la peine d’être vécue avec autant d’acharnement, autant de détermination, en mentant même si cela n’est pas nécessaire, en tuant même s’il est très possible d’épargner la vie humaine, en promettant quand on sait à l’avance qu’on ne va pas tenir sa promesse , non qu’on ne le puisse pas , mais qu’on ne le veuille pas, en privant les autres de leurs biens légitimes, non qu’on en ait besoin, mais juste pour le plaisir cynique et sadique de les voir privés de ce qui leur revient de droit ? Voilà le genre de vie qui tente une catégorie de personnes qui sous l’empire de passions dévastatrices et égocentriques ne reculent devant aucune loi, aucune morale, aucune valeur, parce qu’à leurs yeux, il n’y a aucune morale, aucune loi, aucune valeur. De ces personnes misérables et tragiques, malades et incompréhensibles qui ont inscrit leurs noms dans ce fameux chapitre de l’Histoire qui regroupe le nom de tous ceux qui les ont précédés dans cette voie de la criminalité organisée, on peut citer en priorité Kaddafi et Assad

Le premier aura vécu 42 ans dans un pays vaste et riche en tant que chef d’Etat, en tant que guide suprême, en tant que roi des rois africains, en tant que Zaim, révolutionnaire et révolté, leader politique et idéologique, philosophe et théologien, croyant fervent et renégat ou carrément athée, historien et géologue, poète et homme de toutes les sciences, géologue, archéologue, mathématicien colonel ou général ; tous ces attributs et d’autres omis ne suffisent pas pour contourner ce personnage anhistorique et hors du commun. Souviens-toi Kaddafi qu’avec tout cela, tu n’es malheureusement rien. Mais avec cela malheureusement, parce que le peuple libyen y a cru, parce qu’il a accepté le jeu que tu lui as proposé avec un cynisme inouï, il s’en est réjoui, et tes phantasmes sont devenus réalité, et tu es devenu en conséquence ce petit dieu terrestre qui s’est boursouflé outre mesure sous des yeux libyens à la fois ahuris et enthousiasmés, et toi-même tu y as cru. Et comment ? Du fait que tout cela berçait ton ego rempli de passions violentes et criminelles. Devant l’inertie d’un peuple naïf mais sympathique, pacifique et aimant la vie, il a cru à tes promesses de gascon, à tes fanfaronnades à la con. Au bout de quelques mois de ton règne à la Néron, tes passions sont devenues si violentes qu’elles ont non seulement détruit ton peuple, mais, ironie du sort, elles t’ont détruit toi-même. Certes, le peu d’humanisme que tu avais, tu t’es rendu compte que tu t’en es privé, au point de devenir un monstre inhumain qu’aucune tératologie n’avait prévu, ne pouvait cataloguer. Pendant 42 ans, tu as volé, tu as menti, tu as fait le guignol, le clown, le fou…, tu as tué et massacré, et ceux que tu as épargnés, ce n’était guère par humanisme mais par utilitarisme, car sinon, comment remplir ces vastes terrains pour entendre les vivats et les applaudissements qui te grisaient, qui t’enivraient ? Comment faire tourner des machines qui te rapportaient des milliards de dollars avec lesquels tu achetais les mercenaires de tout acabit, la complicité et le silence de tous ces malheureux chefs d’Etats africains, bien rodés dans la servilité, qui étaient prêts à tout brader, même ce qu’ils avaient de plus chers et de plus intimes afin remplir leur panse ? A la longue, tu es devenu incontrôlable, pour les psychologues qui avaient du mal à te lire, à te sérier. Quelle alternative avait alors ton peuple malheureux ? Une seule que résument trois vocables : la prosternation, la soumission, le mutisme. Souviens-toi, rappelle-toi que le temps est long mais la vie est courte et que ton peuple sur lequel tu as exercé toutes les atrocités imaginables ne pouvait plus te respirer, et que cette posture inhospitalière dans laquelle tu l’avais maintenu, il ne pouvait plus la supporter. Ironie du sort, les potentats comme toi malades de leur ego ne comprennent jamais que rien n’est éternel, et que la vie, quelque longue qu’elle donne l’impression d’être, elle atteint toujours son terme, comme d’ailleurs toutes les choses de la vie. La différence entre toi et ton peuple, c’est qu’il vivait dans l’espoir et toi tu espérais dans la vie. Tout d’un coup le peuple se réveille, il prend conscience de sa valeur d’être humain qui a droit à la vie. C’aurait été simple si tu avais compris l’histoire qui dit que quand un peuple dort, il faut toujours prévoir son réveil et lui donner ce qu’il réclame, couper la poire en deux. Non ! Tu l’as voulue, toute entière. Malheureusement la folie de grandeur qui t’a dominé pendant une quarantaine d’années t’as empêché de te rendre à l’évidence, et tu as cru que tu étais vraiment supérieur aux autres, que tu étais vraiment leur chef, et c’est cela qui t’a poussé à négliger leurs doléances, leurs prières. Tu n’as pas compris que quand des doléances et des prières légitimes n’ont pas été satisfaites, elles se révoltent et se vengent en devenant des demandes pour que, après, ces demandes deviennent des ordres. Tu n’as pas compris qu’un désir non satisfait, quand il est impératif, il devient une pulsion inconsciente, et par conséquent impossible à contrôler. Coup le théâtre, retournement de situation, le maitre devient l’esclave, le gouverneur devient le gouverné. Comme quoi, souviens-toi que rien n’est éternel et que tout est périssable. Tu auras vécu 42 ans en maitre juché sur des proéminences sociales, tu as voulu tout avoir : le pouvoir, les richesses, les jeunes filles, le commandement , tu as voulu avoir tout pour toi sans rien partager avec les autres, tu as fini par tout perdre et tu as terminé ta vie, durant six longs mois, une véritable éternité, dans un trou à rat, comme une taupe, infecte, sale, barbu, avec une chevelure hirsute et nauséabonde, multipliant les prières de secours, de pourparlers, malgré la stridence leurs résonances auxquelles tu n’as été guère habitué, proposant des concessions, des compromissions, des dons dont, il y a quelques mois , tu étais avare, dont tu aurais ri comme d’une taupe myope.

Souviens-toi, rappelle-toi que c’est toi qui l’as voulu. On t’applaudissait, maintenant on te couvre de tous les opprobres, on t’acclamait, maintenant on te crache sur la figure, on levait le regard pour admirer ta sale figure (qui n’a rien de photogénique) dans ces photos géantes, maintenant on t’écrase la face avec des brodequins sur la voie publique. Quelle déchéance ! Quelle chute libre ! Souviens-toi que c’est à cause de ton égocentrisme maladif que tu as atterri dans le dépotoir de l’Histoire, trainant avec toi un lourd fardeau, celui des gens meurtris que tu as condamnés à un malheur après avoir massacré froidement, sauvagement, inhumainement plus de 20000 libyens innocents. La conséquence de ta barbarie, ce sont des milliers d’orphelins, de veuves, de mutilés d’estropiés. Quelle monstruosité pour gouverner ! Quelle démesure  pour ordonner ! Tu ne te voyais pas dans Ben Ali ou Moubarak, tu te croyais différent, meilleur, ton fils non moins monstrueux que toi n’a pas cessé de répéter que Kaddafi n’est ni Ben Ali ni Moubarak, et portant tu étais et celui-ci et celui-là, c’était prévisible, c’était clair comme l’eau de roche.
Comme est clair et prévisible le sort du président Assad. Celui-ci se croit à son tour à l’abri des vicissitudes de l’Histoire. Il se croit protégé lui aussi par un peuple qui l’a élu, ce qui n’est pas tout à fait juste. Il pratique la même politique basée sur le mensonge et la violence caractérisée, sur le massacre barbare de tous ceux qui ont osé lui dire non, ne cessant de répéter qu’il n’a jamais été intéressé par le pouvoir. Assad, menteur fieffé, n’a malheureusement pas compris que quand un président a massacré son peuple, comme ces potentats déchus, son sort est définitivement, irrémédiablement scellé, malgré toutes les compromissions mirifiques qu’il peut proposer. Quel espoir a-t-il de le gouverner dès lors ? Lui aussi se prend pour un petit dieu qui croit faire et défaire la Syrie comme le lui dicte sa folie de grandeur. Il n’a pas compris que sa nature d’être humain faible et malade, taré et myope, ne lui permettra jamais de porter un masque mirobolant qui ne sied guère à sa nature infecte. Faible il est, faible il le restera. Et s’il croit échapper au sort qui attend tous les potentats, celui de ne jamais vaincre un peuple, mais c’est plutôt d’être vaincu par lui, il aura été aveugle et obtus, il aura été un hors la loi. Kaddafi et Assad, Souvenez-vous, vous avez tout fait pour activer votre perte. Vous vous êtes crus forts, en fait vous n’êtes rien. Goliath a été vaincu par un simple humain ; une simple fronde aura vaincu un char. Vous êtes des Abaddon qui avez semé la destruction, souvenez-vous que quand quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée.

 

 

Bouchta ESSETTE

 

 

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