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Le politique : un chien de garde qui ne mord plus.
30 juin 2011, par Bouchta Essette

Tout dans la nature est condamné à changer, voire se pervertir. Quand la vérité, dans toute sa nature naturelle, est censée éclairer a giorno toutes les questions relatives aux préoccupations morales qui tarabustent le genre humain, il arrive que cette vérité ne parvienne pas à avoir le suffrage de tous. Aussi est-elle combattue énergiquement par ceux qui trouvent dans son éclairage un handicap à même de contrecarrer l’expansion de leurs passions égocentriques, destructrices et ravageuses. Faut-il souligner que ces passions, fussent-elles légitimes ou du moins légales, seraient pardonnables et par voie de conséquence, auraient des défenseurs armés d’arguments soutenables qui leur garantiraient une certaine assise. Malheureusement les détracteurs de la vérité sont légion ; ils sont si nombreux dans ce monde et sont si acharnés contre elle qu’ils la pourchassent partout où elle se manifeste, à tel point qu’elle est devenue synonyme de peste exterminatrice qu’il serait sage d’étouffer malgré son extrême utilité. De ses détracteurs les plus fanatiques, il faut citer les pratiquants de la politique.

Il est indéniable que le genre humain se caractérise par une qualité distinctive qui fait sa particularité : c’est l’excès de l’amour de soi. Que cet amour soit modéré, qu’il pousse à la satisfaction des désirs légitimes, qu’il n’empiète pas sur les autres amours et les autres désirs, le voilà-il accepté et compris. Malheureusement, il semble que cet amour de soi qui est le propre de l’homme ne peut vivre que s’il se repait de lui –même, c’est –à-dire d’un autre amour de soi qui sert les autres, un peu comme cette mante religieuse, cette séductrice cruelle qui finit par anéantir ceux qu’elle a séduits. Quand on parle de l’amour de soi, c’est donc de cet amour excessif qu’il s’agit, de ce sentiment qui se développe aux dépens des autres et qui cherche toujours la facilité et la rapidité. Voilà pourquoi on a fait du pratiquant de la politique un être abject, une sangsue qui mange sa part et cherche à dévorer celle des autres

Le politicien est malheureusement l’illustration parfaite de ces passions incontrôlables qui, pour se satisfaire entièrement, doivent condamner les autres à la privation. En effet, les partis politiques, notamment dans le monde arabe, ont toujours œuvré pour la satisfaction de leurs intérêts personnels. La stratégie employée à cet effet a toujours été la même : le mensonge et la mystification, ce qui se résume dans cette sentence paradoxale : dire ce qu’on ne fait pas et faire ce qu’on ne dit pas. Les partis politiques dans le monde arabe ne lésinent pas sur les procédés mystificateurs ; ils excellent dans la duplicité ; à l’égard des gouvernements, ils sont liés par un acte tacite, quelquefois déclaré qui stipule qu’ils sont engagés à tenir fermement la bride des peuples, de telle sorte que toute incartade de leur part devient impossible. En même temps ils excellent dans l’art de l’atermoiement à l’égard des peuples de telle sorte qu’ils ne défendent leurs intérêts que pour peu qu’ils soient extrêmement indispensables. Vivant dans cette zone trouble à cheval entre gouvernants et gouvernés, les politiciens ont acquis l’art de la mystification. Mentant aux uns et aux autres, ils ont toujours su tirer des bénéfices des uns et des autres. Plus ils sont capables de maitriser les peuples et de freiner leurs élans et leurs passions, plus ils parviennent à pressurer les gouvernants comme pour être récompensé pour les efforts de maitrise qu’ils ont déployés. Le politicien agit comme une scie qui, montante on descendante, fait indifféremment des dégâts et des victimes.

Le politique arabe, si boulimique et si maladivement égocentrique, est naturellement imprudent. Imprudent jusqu’à la stupidité, car il croit avoir les uns et les autres, manipuler les uns et les autres. Grisé par ses premiers succès, à l’instar de l’imprudent renard qui s’est repu de son rapt sans trop se soucier de la possibilité de quitter les lieux de son régal, le politicien arabe ne s’est réveillé de ses excès que quand il est devenu voyant, trop voyant pour un peuple qui s’est rendu finalement compte de ses pratiques malsaines. Le résultat : un parti politique dans le monde arabe est devenu un ensemble d’individus mus par l’envie de réaliser des gains faciles, rapides et illégitimes, se cachant derrière des principes politiques si mirobolants qu’un esprit sensé peut facilement démystifier. Voilà pourquoi tous les partis politiques du monde arabes ont été dépassés par les événements quand les vents de la rébellion ont commencé à souffler ces derniers mois sur le monde arabe. Les produits soporifiques qu’ils employaient dans le temps avec succès sont devenus inopérants, et l’image qu’ils ont essayé de donner d’eux-mêmes et devenue si salle, si nauséabonde que de nos jours, dire adhérer à un parti politique, c’est se transformer en une lamie qui, même avec une tête de femme, présente un corps de serpent nuisible et dangereux.

L’image réelle des partis politiques n’est de nos jours plus ce qu’elle était au début des indépendances du monde arabe. Si elle donnait l’impression d’être claire et positive, elle est actuellement terne et insipide. Les politiques prétendaient participer au développement de la nation arabe, quand en réalité, ils n’ont fait que l’enfoncer dans les méandres de l’asservissement et l’engluer dans les rets du suivisme et du sous-développement. Si la nation arabe est ce qu’elle est actuellement, c’est-à-dire une nation arriérée, à la traine d’un occident cynique qui la traine dans la boue et l’exploite jusqu’à la moelle, c’est probablement à cause des partis politiques qui d’un côté ont dit œuvrer pour le développement de leur nation, quand de l’autre côté ils ont tout fait pour l’en priver. Heureusement les peuples ont fini par comprendre que les partis politiques parlent bien mais agissent mal, promettent des choses mirifiques mais accomplissent des actes maléfiques, promettent des paradis, mais offrent des enfers. Le résultat : méfiez-vous d’un parti politique comme de la peste. Le fait : Quel parti politique prétend-il représenter actuellement le peuple ? Aucun. Partout ces partis sont boudés, indexés comme les ennemis des peuples, voués aux pires gémonies, rendus responsables de l’état de l’arrière scène à laquelle les peuples arabes ont été condamnés. La preuve : pour une fois que les peuples arabes se sont libérés du piège dans lequel les partis politiques les avaient enserrés, ils ont pu se retrouver et satisfaire une pulsion qui a mis du temps à connaître le jour : regagner la liberté et la dignité perdues. Sans cela, jamais ni la Tunisie, ni l’Egypte, ni la Libye, ni le Yémen, ni la Syrie n’auraient pu donner la possibilité à leur désir de liberté de s’exprimer. Si la révolution a pu se réaliser dans ces pays, c’est probablement grâce à cette prise de conscience par le peuple que quand on a une pulsion à satisfaire, surtout ne jamais faire confiance à qui que ce soit, encore moins à un politicien qui excelle dans l’art de l’avortement.

Pour s’en convaincre, tâchons de voir comment, les politiciens dans les pays susmentionnés, avec leurs pantalonnades et leurs gesticulations ridicules, essayent désespérément de réintégrer le devant de la scène dont ils ont été brutalement sevrés. Piqués à vifs, vexés et blessés dans leur amour propre, d’abord pour être sur le point de perdre le filon dont ils se sont toujours abreuvés, ensuite pour avoir réalisé que leur mystagogie qui leur assurait la soumission et la neutralité des peuples a dévoilé ses mystères qui faisaient leur force, ils tentent désespérément de revenir à la charge pour essayer de récupérer ce qui est récupérable et l’arracher à cette vague qui n’est pas près de les épargner. Tout conscients de l’inanité de leurs actions, ces partis résistent donc pour tenter de redorer leur blason. Mais en prétendant vouloir faire du bien, ils ne peuvent paradoxalement échapper à leur sort et à leur nature mystificatrice ; ils essayent de s’interposer entre des peuples révoltés et des présidents tyranniques ; ils proposent des solutions dont ils espèrent être les premiers à tirer les fruits, tout attachés qu’ils sont à leurs viellent pratiques mensongères. Ils veulent être fidèles à leurs principes tacites. Servir de chien de garde, ils ne font plus qu’aboyer, ne pouvant plus mordre. Ils sont devenus si inutiles, si nuisibles que tout le monde a décidé de s’en méfier. Ils ont essayé de faire avorter la révolution en Tunisie, les Tunisiens, toutes tendances confondues, ont déjoué le piège ; Ils ont essayé de cueillir les fruits de la révolution égyptienne, le peuple égyptien les a expressément déboutés ; ils ont essayé d’étouffer la révolution au Yémen, les Yéménites les ont tournés en ridicules ; ils ont tenté de sauver le régime de la famille Assad en perte de vitesse et de sympathisants, ils ont fini par essuyer la même avanie. Quant à la Libye, là c’est une autre paire de manches. Le régime de Kaddafi, n’ayant pas de pareil au monde, conduit par un sanguinaire sans foi ni loi, offre à l’humanité un prototype qui incarne la mégalomanie dans toute ses dimensions. Déclaré par la cour pénale internationale comme ayant commis des crimes contre l’humanité, la sentence qui lui conviendrait, serait de le condamner à mort, après multiples ressuscitations, à autant de morts subies en Libye.

Le problème de ces partis politiques du monde arabe, c’est qu’ils manquent d’un minimum de jugeote. Quand un régime sanguinaire (en Lybie, en Syrie ou au Yémen) use de toute son armada pour pulvériser un peuple qui est théoriquement sa raison d’être (qu’est-ce qu’un despote sans son peuple ?) quand il massacre froidement et impitoyablement ce peuple dont le seul crime est d’avoir clamé haut et fort son désir de liberté, quand des partis politiques , alors que leur rôle est théoriquement de partout dénoncer les exactions et les injustices, ferment les yeux sur toutes ces atrocités sous prétexte de chercher , par leur médiation entre le tortionnaire et ses victimes, à limiter les dégâts, de les soumettre à la constitution et à la loi, sans crier haro sur les véritables criminels, quels qu’ils soient, ne sont-ils pas coupables de complicité ? N’encouragent-ils pas le sanguinaire à faire couler plus de sang et le criminel à faire plus de crimes ? Et puis, comment un esprit sensé peut-il admettre qu’un président puisse espérer gouverner un peuple après l’avoir magistralement massacré ? Quel mépris pour la gent humaine ! Quelle effronterie à vous faire rougir jusqu’aux os ! Heureusement le peuple arabe s’est libéré de ce qui était le véritable frein à son indépendance et à sa liberté : le parti politique ; celui-ci a beau brailler devant un peuple qui a recouvré sa conscience, il a beau couvrir ses mains d’acier sous des gants de velours, il a beau offrir ses services qui sentent la puanteur à cent lieues à la ronde, il a beau faire le messager de la paix dont il ne connait que le vocable, il a beau chercher à berner par des pratiques immondes des esprits désormais en plein éveil, il sera toujours un chien de garde qui ne mordra plus jamais.

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