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Le Dream d’Obama et le syndrome Ben Laden
5 juin 2011, par Kamal Guerroua

Le Dream d'Obama et le syndrome Ben Laden

 " L'histoire des générations mortes pèse d'un poids lourd sur les cerveaux des vivants" Karl Marx, Philosophe allemand 

 

En un revirement de situation intempestif au niveau mondial, le printemps arabe passe rapidement à la trappe, les médias occidentaux s'en détournent vite le regard ; la nouvelle est nouvelle. Ce n'est plus un poisson d'avril né en début de mai mais bel et bien une réalité qui se révèle au grand jour: Oussama Ben Laden, l'ennemi juré de l'Oncle Sam vient d'être achevé par la C.I.A en plein cœur d'Islamabad. Alors qu'une grosse pointure d'Al-Qaïda est tuée par-ci, le tyran Kadhafi continue de tuer son peuple par-là dans la tristesse et Bachar Al Assad réprime les masses dans le sang, entre eux, Obama, dont la côte de popularité ne cesse d'augmenter, applaudit et condamne.

 

1- Ben laden le mythe, Obama le superman:

 

De nos jours, le contexte mondial est fort bouillonnant, la conjugaison simultanée des effets des révolutions arabes avec la mise à mort inattendue de l'un des ennemis les plus redoutables des États Unis en l'occurrence, Ben Laden ont allumé la mèche d'un nouvel remodelage des relations internationales. Au fait, Obama aurait gagné un rare pari que ses prédécesseurs pairs n'ont pu auparavant réaliser. En effet, l'ex-président Clinton aurait signé "executive act" pour la liquidation physique de Ben Laden en août 1998 au lendemain des attentats commis contre l'ambassade des U.S.A à Nairobi au Kenya sans pouvoir arriver à ses fins et Bush aurait mené toute une guerre dans les contreforts de l'Afghanistan contre les Talibans en représailles aux attentats du 11 septembre 2001 ayant ciblé les tours jumelles de World Trade Center pour déterrer Ben Laden sans toutefois réussir le coup à s'en défaire des broussailles de Tora Bora, il semble que les guérilleros terroristes et compagnons des mollahs sont mieux lotis et renseignés que les Yankees dans la guerre des forêts.

 

En l'espace d'une décennie, Ben Laden s'est construit l'image d'un mythe par le biais de sa nébuleuse terroriste Al-Qaïda, ce n'est pas sans étonnement qu'on relirait aujourd'hui de long en large la légende de ce personnage énigmatique qui a tenu en haleine l'Occident depuis pratiquement la fin de la guerre afghano-soviétique en 1989. Le parcours atypique de ce dix-septième rejeton d’une longue fratrie composée de 54 enfants et de ce terrible ennemi de l'Occident est des plus incroyables :

 

Ben Laden, né en 1957 à Ryad en Arabie Saoudite, y vécut presque toute sa jeunesse, la richesse familiale dont dispose ses parents le prédestine à une autre voie autre que celle de l'extrémisme religieux, rien n'en fut, il était vite entré en dissidence avec le royaume wahabite, avait soutenu les yéménites du Sud engagés dans une guerre fratricide contre les marxistes du Nord et pris fait et cause pour les révoltes populaires syriennes conte Al-Assad en 1976.

 

Ainsi, la légende du chef d'Al-Qaïda allait croissant et faisait florès tout au long de l'histoire de l'Islamisme radical, "le mythe, écrirait, Alain Quesnel n'est puissant et durable qu'autant qu'il est en mesure d'être le support de désirs et de craintes, et donc d'interprétations variées"(1). Pour autant on aurait fort à parier que la liquidation du leader charismatique d'Al-Qaïda ne fut que le véritable commencement d'un mythe indétrônable dans le monde entier, c'est dire combien les marmites de l'imaginaire collectif peuvent cuisiner des légendes capables de résister au courant du temps et d'ébranler les convenances du politiquement correct. Dans cette perspective, l'enthousiasme de l'administration Obama qui commence à poindre dès l'annonce par celui-ci de la fin de la saga ben ladenienne a, on s'en doute, collé au président américain l'image d'un superman qui a pu, en dernière instance, venger son peuple de son plus pire ennemi.

 

Mais entre la divinisation outrancière de Ben Laden par les extrémistes de tous bords et abords et le messianisme affiché par Obama, la théorie du complot et de la fascination mythique se trouve renforcée car après l'effroi et l'émoi, c'est le délire de cette mort suspecte qui pourrait donner naissance aux marchandages et spéculations de toutes sortes. C'est pourquoi l'on s'interroge sur les tenants et aboutissants de ce mutisme grandissant sur le cadavre du leader islamiste. Aurait-il été jeté en plein océan de peur d'être le point de ralliement et l'objet de vénération de tous les extrémistes du monde comme l'a affirmé le directeur du C.I.A ou ce geste serait-il simplement une machination de la part des officiels américains afin de mettre leur grappin sur les secrets de cette éminence grise aux mille facettes obscures?

 

En termes plus simples, la mort de Ben Laden est-elle réellement orchestrée à la dernière minute ou n'est-elle véritablement qu'une pure préfabrication de longue date des services de renseignements américains afin de recentrer le débat sur des questions qui sortent du cadre du printemps arabe? Et si cette opération est spontanément programmée, pourquoi interviendrait-elle dans le contexte actuel sous le patronage d'Obama en direct? Tant de questions qui restent toujours insolubles à l'heure actuelle si ce n'est pas pour toujours.

 

2- La danse occidentale et les derviches islamistes:

 

La réalité du monde occidental est teinte d'hésitation, d'incompréhension et d'hypocrisie à l'égard des pays du sud en général et les pays arabes en particulier. Cela dit, bien avant le démantèlement de l'union soviétique au début des années 90, la politique américaine a soutenu toutes les dictatures du monde à commencer par la terreur de Pinochet au Chili en terminant par les oligarchies des satrapes arabes du moyen orient. Cette logique découle de la stratégie d'encerclement du péril soviétique à l'époque qui soutenait des démocraties naissantes sous des dehors communistes et c'est sous ce prisme que l'islamisme a savamment été entretenu et exploité par les démocraties occidentales afin de contenir les poches de résistance communistes en Afghanistan par exemple. C'est dire combien l'islamisme a souvent été à la fois un bouclier politique et un cheval de Troie utilisé la plupart du temps pour les besoins de la cause. Ce qui laisse penser que la nébuleuse Al- Qaïda créée par Ben Laden en ces moments-là ne fut qu'une pure succursale américaine de la C.I.A venant en aide aux moudjahidines afghans. L'infiltration des américains dans le conflit aurait probablement permis à Ben Laden d'acquérir les méthodes américaines d'investigation et de lutte. En effet, les régimes arabes pathogènes de l'époque sont pour la plupart entrés en conflit avec l'islamisme politique, l'Irak de Saddam Hussein était fort répressive, de même que la Syrie de Hafez Al- Assad, le Yémen et la Libye aussi, raison pour laquelle les américains ont encouragé les scissions et les divisions dans lesdites sociétés au moyen de l'islamisme politique en facilitant à Ben Laden la création du réseau d'Al-Qaïda avec son ami palestinien Abdallah Azzam, chassé de Jordanie," pour ce qui est du terrorisme strictu sensu, écrira Xavier Raufer, le bouillonnant chaudron Al-Qaïda peut être défini comme une fraternité, une confédération d'entités grandes et petites, toutes unies pour une culture commune du Jihad et du martyre. La commune vue du monde de ces entités est tribale, médiévale, absolutiste et messianique[...] Al-Qaïda est un ensemble flou et bien difficile à définir" (2).


 
Un constat d'autant plus synoptique et synthétique de l'architecture du réseau d'Al-Qaïda que celui-ci nous apparaît lié au contexte chamboulé de la géopolitique mondiale au lendemain de la fin de la guerre froide et la décrépitude de l'idéologie communiste comme bloc homogène et concurrent de l'Occident. A ce titre, l'éparpillement du mouvement islamiste aux quatre coins du globe et son enracinement en bases de soutien aux actions terroristes en Algérie et Égypte à partir de l'Europe (Grande Bretagne, Pays scandinaves, Allemagne et à un degré moindre la France) a été facilité sous l'œil complice de l'Occident. En fait, l'équilibre de forces dans la politique internationale nous renseigne amplement sur l'ambivalence des puissances occidentales dans leur traitement des questions sensibles ayant trait au destin des pays du Sud. Ironie du sort, l'Oncle Sam découvre comme par hasard et à son corps défendant le terrorisme en 2001, celui qui a même sévi dans bien de contrées dans le monde. Mais, au lieu de remédier au problème sécuritaire par le dialogue, l'administration Bush a procédé par la coercition répressive et la poigne de fer. Ainsi, le réseau d'Al-Qaïda jadis un allié devient du jour au lendemain un ennemi juré de la superpuissance américaine et le monde se réveille sur de nouvelles vérités jamais révélées auparavant. De plus, les amalgames entre Islam et Islamisme sont toujours revigorés, le lapsus de Georges Bush dans son discours en 2003, juste avant l'invasion de l'Irak, parlant de guerre Sainte, en est à cet égard fort illustratif et cultive cette confusion atroce entre la religion musulmane et l'extrémisme.

 

3- Les révoltes arabes, le fantôme d'Al-Qaïda, et le tyran libyen:


Point de commentaires, les révolutions arabes ne sont guère de velours, mais au contraire de fer et de lances. Le régime Moubarak a enfourché son barda sur les épaules et s'en est allé par la petite porte du déshonneur, Ben Ali a pris ses cliques et ses claques et s'est évanoui chez ses protecteurs saoudiens, le tyran Kadhafi qui table sur le mythe d'Al-Qaïda voit d'un seul coup ses illusions parties en l'air, Bachar Al-assad et Abdallah Salah font face à des révoltes de plus en plus endurcies. En toile de fond se profile l'ombre chinoise et tentaculaire de Ben Laden, quelques jours avant le commencement des opérations militaires de l'O.N.U en Libye, le porte-parole du réseau terroriste de Ben Laden en péninsule Arabique résume sa pensée en ces termes" les révolutions qui troublent les trônes des dictatures sont bénéfiques pour les musulmans ainsi que pour les moudjahidines mais nuisibles pour les impérialistes et leurs suppôts dans le monde musulman".

 

 

Et maintenant que le leader de la nébuleuse terroriste a quitté prématurément la scène, lui aussi, comme les despotes arabes, toutes les supputations et spéculations sont à l'ordre du jour. Alors ne pourrait-on pas prédire dans cette mise à mort spectaculaire de Ben Laden une énième mise en scène américaine pour détourner l'attention de l'opinion publique mondiale de ce printemps arabe déferlant? Et puis comment justifier ces volte-face dévergondés des élites occidentales qui, hier soutenaient les dictatures et aujourd'hui applaudissent en ovations interminables l'avènement du soleil de la démocratie et ces libertés naissantes et balbutiantes sur des peuples longtemps opprimés sous leurs auspices ? Le président Sarkozy lui-même, juste au lendemain de son élection à l'Élysée en 2007 a renoué les contacts rompus avec le régime syrien dans le cadre de cette fameuse politique arabe de la France, sachant que ce régime est classé avec celui des Ayatollahs iraniens parmi ceux qui forment les pays voyous dans l'axe du mal américain puisqu'ils soutenaient le Hizb Allah au Liban et le Hamas en Palestine, mouvements qui sont, rappelons-le bien, rangés parmi les plus dangereux de la liste noire des organisations terroristes paramilitaires par les officiels de la maison blanche. D'autre part, le projet de l'union de la Méditerranée que Sarkozy avait lancé juste au début de son mandat a complètement volé en éclats et le projet précédent du grand moyen orient (G.M.O) ayant pour objectif " la démocratisation du monde arabe", initié par le courant des colombes dans l'administration Bush en 2003 a retrouvé sa substance revivifiante dans le discours prononcé par le président Obama en juin 2009 au Caire alors que la nébuleuse terroriste d'Al-Qaïda a revendiqué les attentats du New-york et celles de Londres en 2005 et celles d'Alger en 2007 attendu qu'elle s'est implantée dans le Maghreb sous l'appellation d'Al-Qaïda du Maghreb islamique.

 

Il est un fait indéniablement nouveau dans cette disparition de Ben Laden, seul Obama en sort grandement fortifié à la veille des élections présidentielles prévues en 2012. Mais le monde arabe reste sur sa soif et s'interroge si ce Barack occidental serait la parfaite incarnation de la Baraka orientale et s'il pouvait se poser en indomptable président des Lumières qui va rompre avec le pragmatisme impérialiste américain et tendre la main au monde musulman pour l'aider à se relever de ses despotismes rétrogrades sans flairer l'odeur des pétrodollars. Bref, Obama serait-il le mythe d'un président américain hors pair qui va opter pour un système mondial multipolaire, égalitaire et polycentrique? Rien ne se profile à l'horizon à l'heure actuelle du moment que les forces de la coalition sont intervenues en Libye dans le cadre du droit d'ingérence humanitaire et se sont abstenues de le faire en Syrie, au Yémen, au Bahrein où les États liberticides ont écrasé toute velléité de démocratie sous une effusion effroyable du sang.

 

Mais pourquoi ce traitement de deux poids, deux mesures? Pourquoi les palestiniens à Gaza en 2008-2009 sont restés livrés à eux-mêmes sous les frappes israéliennes qui ont laissé 1500 civils tués, sans intervention ni assistance humanitaire internationale sous la bienveillance des occidentaux? A l'évidence, le fanatisme pragmatique occidental s'avère plus pernicieux à moyen et long terme que l'extrémisme islamiste, pour preuve, derrière les attaques aériennes contre la Libye, il y a une vision cachée, une conception utilitariste et pragmatique de Realpolitik des conseillers de la maison blanche et leurs coalisés européens dans la mesure où le seul mobile apparent de leur précipitation à s'y ingérer est les hydrocarbures. En outre, le risque de répartition du pouvoir en Libye est fort accru et le syndrome de fuite des armes aux succursales d'Al-Qaïda du Maghreb Islamique et au Sahel est beaucoup plus envisageable sous ces attaques intempestives que sous la seule tyrannie du Kadhafi contre son peuple, ce qui fait craindre le pire plus particulièrement au pouvoir d'Alger, moins sécurisé sur ses frontières et rongé par ses problèmes internes liés au printemps arabe. On a l'impression que les opérations dénommées respectivement l'Odyssée de l'Aube par les américains et l'Harmattan par les français ont des desseins inavoués alors que Kadhafi est fort sûr de lui-même puisqu'il est en face d'insurgés désorganisés et non de Marines aguerris. Il semble clairement que tout est joué d'avance pour le clan Kadhafi et la mise hors d'état de nuire de la tête d'Al-Qaïda ne ménage aucunement les pays arabes et occidentaux de son pouvoir posthume de nuisance tant que le procès de l'histoire n'a pas encore tranché en faveur de l'impartialité et de la morale dans le diagnostic des problèmes du monde arabo-islamique par les occidentaux, car comme l'a magistralement remarqué Christophe Barbier " la mort de Ben Laden étanche sans doute la soif de vengeance, compréhensible autour des palissades de Ground Zero. Elle évite peut-être de traîner à Guantanamo encombrant trophée pour les uns et héros maléfique pour les autres, un Ben Laden emmailloté d'orange. Mais elle nous prive du procès d'Al-Qaïda, elle nous frustre de la vérité sur ces attentats qui ont ensanglanté l'aube du XXI siècle de New York au Sahel, en passant par Madrid et Londres "(3).

 

En ce sens, la liquidation physique de Ben Laden et son cadavre jeté en pleine océan est une preuve irréfutable s'il en est une, d'un grand énigme auréolé de mille secrets car tué dans un pays allié et stratégique des États Unis et devant un lieu très sensible en plein cœur de la capitale pakistanaise, juste à côté de l'établissement militaro-sécuritaire le mieux sécurisé du pays et dans un moment très exceptionnel pour l'aire arabo-musulmane et l'Europe, mille interrogations en jaillissent. Ainsi le remodelage de la scène géopolitique régionale touche-il les pays de l'hexagone dans leurs intérêts surtout avec cet effet de dominos sans commune mesure dans l'histoire. En vérité et à la vue de ces changement, l'on pourrait dire que cela ne fait que prêter à suspicion et le comble, cette exécution de Ben Laden intervient une année avant de l'élection présidentielle aux États Unis, donc Ben Laden serait-il seulement un bouc émissaire et un coup de pouce pour le président démocrate afin de rafler la mise et pérenniser davantage sur le trône à la maison blanche? Problématique qui demeure présentement sans réponse.


 
4- Les pays arabes et la nouvelle donne géopolitique:


L'histoire se répète dit-on, en 1258, le Calif Abasside Al-Motassim eut fui le pouvoir et laissé les forces mongoles rentrer paisiblement à Baghdad sans opposer la moindre résistance, en 2003, Saddam Hussein «le Saladin Arabe» comme aiment l'appeler les Occidentaux, a repris le même réflexe que son ancien prédécesseur en ouvrant la voie aux Yankees afin d'envahir facilement son pays sans aucune défense honorable, en 1967, les leaders arabes, en essayant de récupérer les territoires occupés en 1948 par l'État hébreu en avaient perdu davantage, et les mêmes erreurs seront commises en 1973, il semble bien que les arabes n'apprennent jamais les leçons de l'histoire «le grand malheur du leader politique arabe, c'est de ne pas lire l'histoire, c'est de ne pas comprendre que tout est voué fatalement au changement, et que quelques mesures qu'on ait pu prendre pour y faire face si ces mesures ne sont pas adéquates et justifiées elles seraient caduques et ne protègeraient contre l'irréversible»(4). En effet, ces contestations arabes qui ont fait tache d' huile dans le panorama politique régional ont faussé, de fond en comble, toutes les illusions qu'ont ficelées ces autocrates zélés. Le monde Arabe est remanié de l'intérieur et la base populaire a opposé une fin de non-recevoir catégorique aux dictatures des oligarques. C'est pourquoi les réformes institutionnelle et structurelle entreprises après coup par les Rais ne furent que cautère sur une jambe de bois.

 

Dans cette perspective, l'abolition de l'état d'urgence instauré depuis 1963 en Syrie dans un pays où une minorité d'Alaouites de 12% gouverne toute une majorité de Sunnites sous une idéologie laïque et baasiste rétrograde, n'est guère efficiente car les «Moukhabarates» sous le règne de ce que le soudanais "Haydar Ibrahim" appelle "Amnocratiya"(5), plongent le pays dans la débandade et les appareils d'État sont totalement gangrénés, raison pour laquelle la population syrienne s'acharne sur les autorités et la répression a battu des records de monstruosité effroyables. De même qu'en Algérie la suppression de l'état de siège instauré depuis 1992 n'est qu'une mesure superflue sans suite politique palpable alors que les libertés sont encore menacées. Dans un autre aspect et concernant le conflit du moyen Orient, la nouvelle donne de l'alliance du mouvement Hamas avec le Fatah en Palestine le 04 mai dernier pose davantage de problèmes à l'État d'Israël, Benhayamin Natanyaho fait feu de tout bois afin de convaincre l'U.E et les États Unis de la mauvaise foi de l'autorité palestinienne au moment où ses voisins égyptiens sont sur la route de mettre le traité de paix signé en 1978 en cause, maintenant que le mouvement d'Al-Qaïda est décapité de sa tête pensante, tous les pronostics sont permis sur une probable renversement de la situation en faveur de la rue arabe et la réhabilitation de l'image de l'islamisme modéré et entriste que pourrait incarner à titre d'exemple la tendance des frères musulmans en Égypte.

 

En vérité, les dictatures arabes ont longtemps désacralisé la démocratie et méprisé la volonté des masses, les réformes politiques doivent intervenir avant la pression populaire pour éviter l'intervention occidentale et construire des démocraties réelles basées sur la souveraineté populaire, la reconfiguration de la carte géostratégique du Monde Arabe est une affaire de peuples conscient et libre, raison pour laquelle, l'instrumentalisation de l'islam politique via la nébuleuse d'Al-Qaïda n'a fait qu'engendrer un réductionnisme ritualiste de l'islam en le projetant comme une menace terrifiante à toute l'humanité. Cette logique participe de cette terrible fantasmagorie lyrique au fondement raciste, propagée un certain temps par les «scholars» de l'administration américaine à l'image de Samuel Hingtington avec sa théorie du "choc des civilisations" à laquelle l'éminent chercheur américano-palestinien Edward Said a opposé son concept nourri de réflexion et de tolérance du "choc de définitions". Mais entre le syndrome Ben Laden, le superman Obama et le Tyran Libyen un fossé se creuse et la palme de l'histoire appartient à ceux qui savent s'en servir à bon escient.


 
Kamal Guerroua Université de Toulouse.


 
Références 1- Alain Quesnel, les mythes modernes, actualité de la culture générale, P.U.F 2003, p19 2-Xavier Raufer, Atlas de l'Islam radical,C.N.R.S, 2007 3- Christophe Barbier, frères humains, l'Express n° 3122, 4 Mai 2011, p 09 4-Bouchta Essette, "Rien de trop" le 27 Avril 2011 in www.divergences.net 5- Concept de «Sécuritocratie» développé également par Luis Mrtinez.clef :violence de la rente pétrolière, Algérie, Irak, Libye. Paris, presses de sciences Po, 2010

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