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Aperçu sur la jeunesse tunisienne
20 avril 2011, par Grine Sabeur

Avec l’aimable autorisation de Grine Sabeur,
Article paru sur :
http://grinesabeur.blogspot.com/

Il est assez clair que la jeunesse tunisienne est devenue, grâce à la révolution de janvier 2011, le centre d’intérêt de plusieurs- pour ne pas dire de tout le monde.
En effet, qu’est-ce qui caractérise cette jeunesse ? Quelles sont ses préoccupations ?

Il est à noter que les jeunes en Tunisie sont, dans la majeure partie, scolarisés (et peut-être cultivés). Depuis l’ère de Bourguiba, la scolarisation est accessible à tous ; elle est également obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans. C’était l’un des points forts du président défunt et la cause la plus chère au « père de la Tunisie moderne ».
Suite à cette courte analyse, il n’est pas donc étrange de compter 370 000 étudiants dans l’enseignement supérieur pour l’année académique 2008-2009. Dans ce petit pays de l’Afrique du Nord, la formation est sacrée. On rêve d’obtenir les diplômes les plus précieux avec les meilleures prestations possibles. Les parents, de leur part, n’épargnent aucun soutien et n’hésitent jamais à sacrifier afin de relever ce défi noble.

Une fois les années de la faculté achevées et couronnées par l’obtention d’un diplôme, tout jeune tunisien (sauf quelques exceptions très rares) se trouve, malheureusement, en face d’une réalité monstrueuse : le chômage dont le taux ne cesse d’augmenter.
L’emploi se définit réellement comme une cause sérieuse et prioritaire en Tunisie. C’est ce qui explique, d’ailleurs, la revendication du droit au travail par tous les jeunes (diplômés ou non) dès les premiers jours de la révolution. C’est l’étincelle de cet évènement historique et le facteur qui a attribué à ce mouvement de masse une dimension humaine et légitime.
Malgré les consultations nationales répétitives et les différents pactes effectués sous l’ancien régime (celui de Ben Ali), rien n’a changé ; on n’a pas avancé dans le traitement de ce phénomène devenu sérieusement gênant.
Preuve : un tunisien de 30 ans appartenant à la classe moyenne ne peut pas encore se marier et fonder une famille sans une certaine prise en charge de cette affaire par les parents et les proches.

Comme il faut trouver une solution à chaque problème, les jeunes tunisiens ne sont jamais restés les bras croisés face à cet horizon de plus en plus assombri par le fléau du chômage qui ne cesse de se répandre. En effet, l’immigration constitue une solution, un refuge et une échappatoire pour la majorité des 18-30 ans qui adoptent la fameuse phrase de l’écrivain algérien Boualem Sansal : « Un ailleurs vaut mieux que mille ici ». (L’Algérie connait le même problème). Ceux qui appartiennent à cette génération croient fermement que l’Europe ne peut être que la Terre promise, que l’eldorado qui leur permet de concrétiser leurs rêves et leurs ambitions. Ils sont prêts à tout faire et à tout sacrifier pour y aller en suivant une procédure légale (contrats de travail, visas d’études…) ou souvent une procédure illégale qui n’est que l’immigration clandestine qu’on appelle ici "harga". (voir mon article intitulé : "Harraga").
Certains choisissent une destination différente. Ce sont surtout les techniciens, les enseignants et les cadres qui préfèrent s’installer dans les pays du Golfe où ils seront très bien payés et auront un style de vie luxueux. Ils sont de plus en plus nombreux à déposer les demandes et les candidatures auprès d’un service dédié (celui de la coopération technique) tout en rêvant de se trouver un jour aux Emirats arabes unis, à Qatar, en Arabie Saoudite…

Dans cet univers d’incertitudes est venue la révolution du 14 janvier 2011. Grâce à cet événement, on remarque des changements radicaux touchant la personnalité et les attitudes des jeunes tunisiens :
Le patriotisme, qu’on n’avait pas connu auparavant, est devenu le sentiment le plus partagé surtout de la part des jeunes, les symboles de la révolution, qui deviennent fiers d’appartenir à ce pays et qui s’engagent à le protéger, à le conserver et surtout à l’améliorer et à le faire avancer.
En Tunisie et depuis des décennies, la politique était un sujet « dangereux » et tabou. Les jeunes qui n’en ont jamais parlé commencent à s’y intéresser à travers l’adhésion aux associations, aux partis politiques et aux différentes organisations de société civile. Ils deviennent des éléments actifs et des acteurs indispensables dans l’élaboration de l’horizon politique du pays.

Ouverts sur le monde et attachés à la patrie, les jeunes tunisiens ne craignent pas l’avenir. Ils forment une génération prometteuse et consciente qui se chargera de la construction d’un pays à la hauteur de leurs rêves, de leurs souhaits, de leurs aspirations et de leurs ambitions...

GRINE Sabeur
16 Avril 2011

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