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Le peuple a toujours raison
12 février 2011, par Bouchta Essette

Il a été souligné dans un article précédemment publié dans Divergences (De l’Antiquité à la Renaissance) que, dans une conception peupliste, le peuple a toujours raison, et qu’il ne peut jamais en être autrement, quels soit le temps et l’espace où il peut se trouver. Aucun peuple ne peut donc se prévaloir d’être meilleur que les autres. En effet, il y a une seule condition qui doit être remplie, le reste est comme réglé par la providence. Il suffit qu’un peuple prenne conscience de sa force, de la justesse de la cause qu’il défend pour réussir à tout plier à sa volonté, même les forces les plus sophistiquées. Il suffit aussi et surtout qu’il réponde à son appel intérieur, refusant la mainmise des recommandations et orientations idéologiques qui servent généralement les intérêts d’une minorité. Être dans son individuation , c’est être soi-même. D’une entité minime et négligée, le peuple devient une puissance agissante qui est capable de réaliser les exploits les plus surprenants et les plus impondérables. Quand, de l’autre côté, d’ogres puissants et terrifiants, les despotes deviennent des agneaux inoffensifs et impuissants. Rappelons-nous ce qu’a réalisé le peuple tunisien devant la machine infernale policière de Ben Ali. C’était de l’impensable. Retenons ce quasi remake égyptien qui vient de se débarrasser d’une machine policière non moins sauvage et infernale que le Mobarakisme a installée durant une trentaine d’années. C’est du sensationnel. Le peuple égyptien vient d’inscrire un grand chapitre dans l’histoire de la Renaissance du monde arabe, car l’Égypte, c’est le monde arabe. Avec la chute du mobarakisme, la dignité arabe émerge. Les seigneurs de l’impérialisme américano-sioniste viennent de perdre, avec la Chute de Moubarak, une assise solide dans le Moyen-Orient et le monde arabe. Le gardien de leurs intérêts ne peut plus rien garder, pas même les siens que le peuple, par la seule force de ses cordes vocales, a littéralement pulvérisés. Les Etats-Unis et Israël ne peuvent plus compter sur cette garantie qu’ils avaient, et ils ne l’auront plus, sauf s’ils se rendent à leur tour à l’évidence en abandonnant complètement leur politique hégémoniste. Dans ce cas seulement, la donne étant changée, de nouvelles relations pourraient éventuellement être instaurées, des relations de pair à compagnon et non de seigneur à serf. Non des dictées qu’ils n’ont jamais cessé de donner à l’un et à l’autre des autocrates arabes, pour après les abandonner à leur sort quand ils sont devenus improductifs. Quelle ironie du sort et quelle dérision quand on constate que les despotes, trop obnubilés par leur passion maladive de pouvoir et par leur égocentrisme destructeur, campent dans des positions d’entêtement, pensant que les insurrections qui ont lieu ici et là ne les intéressent pas, que chez eux, le peuple les adore, et ainsi de suite, pour se retrouver en un laps de temps entrainés dans une tourmente imparable. Je crois que les Égyptiens ont donné la preuve, non seulement aux Arabes qui sont les premiers concernés, mais au monde entier, qu’un peuple a toujours raison, et qu’’il suffit qu’il soit illuminé par cette vision qui lui révèle les potentialités dont il est détenteur pour acquérir son indépendance et sa dignité. Le peuple égyptien a impressionné aussi bien ses admirateurs que ses détracteurs qui n’ont pas pu cacher leur exaltation pour la manière civilisée dont ils ont géré leur crise et leur manifestation pendant une vingtaine de jours. Comment ne pas s’incliner devant cette jeunesse et ce peuple égyptiens qui, sur le sillage d’une Grande Tunisie, ont employé le même principe de ce qu’on peut appeler « une autonomie de gestion révolutionnaire » qui leur a permis de réaliser ce qui, il y a quelques mois, était considéré comme chimérique et irréalisable.? Comment contenir cet immense bonheur que ces jeunes égyptiens ont donné à la nation arabe en faisant un excellent usage de ce témoin que les Tunisiens leur ont passé ? La révolution autonome. Comment ne pas se réjouir quand on se rend finalement compte que, plus jamais, aucun despote n’osera fouler aux pieds la dignité de ses concitoyens ? Carpe diem, aura dit le poète latin Horace. Il est néanmoins vrai que cette victoire sur les ennemis des peuples ne doit pas trop nous griser. Une victoire, ça se soigne, et l’après-victoire est un moment extrêmement délicat qu’il faut non seulement entretenir, mais aussi protéger contre des rechutes éventuelles qui tentent souvent les anciens dignitaires. Cette protection doit se faire non seulement à l’intérieur, mais aussi contre les ennemis de la nation arabe qui ne ménageront aucun effort pour revenir à la charge en essayant de vider de sa substance cette victoire pour laquelle les Égyptiens ont sacrifié un peu plus de trois cents martyrs. Cela étant, que les peuples arabes puissent se réjouir, et avec eux, tous les peuples du monde épris de justice et de liberté. Que les Égyptiens soient amplement remerciés pour avoir mis définitivement le train arabe sur les voies de la liberté et de la dignité, pour avoir aussi libéré leurs frères arabes de ce qui auraient pu leur arriver, et qu’ils doivent avoir prévenu par leur courage et leur abnégation, en donnant une leçon de bon usage de la gouvernance et de la résistance. Les Tunisiens et les Egyptiens auront payé un fort tribut au profit des peuples opprimés ; leur sacrifice sera à coup sûr récompensé. Il suffit que l’histoire retienne le nom de ces pionniers sur l’aune desquels il sera toujours possible de se positionner pour trouver la bonne voie qui nous prémunira contre les excès de l’aléatoire. Par leurs coups de maître, les Égyptiens, après les Tunisiens, viennent de confirmer de manière péremptoire que les peuples ont raison et que plus rien ne les dissuadera contre la recherche de la liberté.

Bouchta ESSETTE

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