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Manifeste d’économistes atterrés
23 décembre 2010, par Xavier Lainé

Vers une poétique humaniste de l’économie ?

A propos du « Manifeste d’économistes atterrés », publié aux éditions Les liens qui libèrent, en novembre 2010, et de « Les vraies lois de l’économie » de Jacques Généreux, aux éditions du Seuil/France culture, en novembre 2001

En novembre 2001, l’économiste Jacques Généreux (ça ne s’invente pas), publiait un livre intitulé « Les Vraies lois de l’économie ».
En onze lois, un préambule et un épilogue, il démontait pièce par pièce les affabulations que les économistes médiatiques bien vus à la cour assènent au bon peuple comme des évidences, enfonçant le clou de la fatalité et de l’impuissance à agir contre des phénomènes prétendument naturels, dont les règles s’imposeraient à des humains voués à subir un statu quo social et économique.

Le livre n’eut sans doute pas l’audience qu’il aurait dû avoir. Rien n’a changé sinon en pire au bon royaume du conformisme politiquement correct.

Jacques Généreux a quitté un Parti Socialiste désormais converti aux règles intangibles du libéralisme dans un monde mondialisé, c’est-à-dire livré à la jungle des marchés.

De ces règles immuables, on a vu le visage dans la crise qui a secoué le monde clos des banques internationales, en 2008. La conversion d’une partie de la gauche a placé à l’Elysée l’avatar le plus pur de cette jungle défendue par l’OMC, l’OCDE, et le FMI réunis.

Les médias n’ont eu de cesse de nous expliquer qu’il n’y avait pas d’autre solution que de satisfaire aux lois d’un marché sans état d’âme. Le discours politique s’est peu à peu édulcoré pour ne jamais aborder les sujets qui fâchent : plus un mot de l’avenir des chômeurs et autres exclus, rien qui puisse laisser entrevoir la moindre largesse sur le pouvoir d’achat des ménages.

Pire, à grands discours ronflants, on vient nous dire qu’il faut moraliser le capitalisme, le repeindre en vert, tandis que, dans les faits, on subtilise des crédits publics au profit des banques qui ont triché, et perdu. On vient infliger aux plus démunis et aux catégories moyennes toujours plus de sacrifices pour préserver les dividendes et boni d’une minorité de privilégiés du CAC 40.

C’est comme si le livre de Jacques Généreux n’avait jamais existé. Sans doute était-il trop seul.

Or, voilà qu’il est rejoint, en cette fin 2010, par 630 de ses confrères, atterrés de voir toujours les mêmes mensonges affirmés à longueur d’antennes, dans un petit livre judicieusement nommé « Manifeste d’économistes atterrés ».

En gros, ceux-là reprennent les thèses proposées par Jacques Généreux en 2001 en les actualisant, et en les ponctuant de mesures à livrer au débat.

De un à six cent trente, voilà qui devrait faire réfléchir, s’ils en ont encore la capacité nos médias aux ordres d’un pouvoir qui fait la démonstration quotidienne de son cynisme.

Deux ouvrages qui viennent éclairer le béotien nul en économie que je suis, et qui devraient déciller le citoyen lambda, avant que les échéances électorales ne viennent répandre encore leur lot de mensonges éculés et de fausses vérités.

Il est rare, sans doute, qu’un poète prenne la plume pour défendre des ouvrages d’économie. Mais, dès lors que des économistes réfléchissent en termes accessibles, placent l’humain au centre de leurs réflexions et regardent l’économie non comme un phénomène naturel, mais comme une émergence des sociétés humaines, voilà qui nous donne quelques points communs favorables au débat.

Xavier Lainé

Manosque, 23 décembre 2010

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