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Regard sur la scène politique française.
14 décembre 2010, par Mokhbi Abdelouahab

Le Gouvernement Fillon III ou Sarkozy reconfiguré

"Si je n'en affirme pas davantage, c’est que je crois l’insinuation plus efficace"

[André Gide] 

Par Mokhbi Abdelouahab

 

Résumé : Le gouvernement Fillon III correspond à une véritable reconfiguration de Nicolas Sarkozy par une droite qui entend se ragaillardir en revenant à ses valeurs fondamentales. Nicolas Sarkozy n'est pas remis en cause mais ses marges de manœuvres sont drastiquement réduites. Une lecture du remaniement gouvernemental montre que l’hyperprésident n'a plus les coudées franches. Alain Juppé est aux aguets ; François Fillon lui-même pourrait constituer un candidat de remplacement. Pour se faire réélire, Sarkozy peut compter sur la cohue des candidats à la candidature du PS et la cacophonie poltico-idéiologique qui en résulte. Mais son véritable atout s'appelle DSK. Pour avoir été proposé au nom de la France à la tête du FMI par Sarkozy, DSK pourrait bien pousser la gratitude jusqu’à renvoyer l'ascenseur à Sarkozy, en difficulté dans les sondages, en lui servant de lièvre. C'est Dominique De Villepin qui a le plus de chance de précipiter le départ du président vers la dolce vita avec sa dulcinée italienne. Cependant la droite française est-elle suffisamment confiante dans le jeu démocratique pour permettre au leader charismatique de République Solidaire d'affronter son meilleur ennemi dans un derby à la loyale ? J'en doute !

Mots clés : Remaniement, gouvernement Fillon III, Nicolas Sarkozy, présidentielles 2012, Woerth, Besson, Kouchner, DSK,  Dominique De Villepin

La sagacité révolutionnaire de Christine Lagarde

Avec beaucoup de pédagogie, Christine Lagarde a expliqué comment Sarkozy revient à la case départ avec le panache qui est le sien. En effet, la ministre française de l'économie a très doctement expliqué que le principe de la révolution consiste à faire "un tour complet à 360 degrés". Il faut bien convoquer une révolution pour justifier un remaniement depuis si longtemps annoncé et   attendu ; sinon, PSchitt. La petite phrase de la ministre a le mérite d'éclipser " le tout çà pour ça" que chaque analyste s'est ingénié à décliner avec l'obsession du sens, pas toujours heureux, de l'originalité.

Cette perspicacité de Christine Lagarde est de la même veine que celle dont elle a fait preuve pour commenter l’évolution de la crise financière. Elle affirmait mordicus, en septembre 2010, que la " crise est dernière nous" ; depuis, elle ne rate pas une seule occasion pour indiquer    que ses effets   se font toujours sentir. Je vous laisse, donc, devinez avec quelle précieuse partie de son anatomie, Mme la ministre perçoit la crise ! Cependant, au delà de mes sarcasmes faciles, je crois que le point de vue de Mme Lagarde recèle plus de pertinence qu’il n’y parait.

Quoiqu’une bonne révolution d’antan commençait par un coup d’Etat, en bonne et due uniforme !  Avec ce remaniement, Nicolas Sarkozy semble avoir été contraint, un peu à "l'insu de son plein gré", à de simples coups d’éclats ! Mais à regarder de plus près, nous restons tout de même dans le registre des grands chamboulements. Lâchons-nous la bride et    assaisonnons l'actualité avec un zest de politique-fiction, cela n'a jamais fait de tort à personne ! Ainsi selon mes cogitations abracadabrantesques, je subodore que le président français aurait tout simplement obtempéré aux injonctions fermes et amicales du noyau dur de l'UMP. La droite française entend se concentrer sur ses fondamentaux et se déployer en ordre serré face au PS, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. L’hyperprésident,     est en phase de céder le pas à un son "collaborateur" d’hier, promu dans le rôle de Fillon III.  A peine revêtu, le costume du surprenant hyper premier ministre parait manifestement étriqué et cousu de fil blanc. Qu’à cela ne tienne, pendant que Nicolas Sarkozy s’apprête à consacrer quasiment la moitié de son mandat à se faire réélire, Fillon s’appliquera studieusement à apprendre son rôle de chef du gouvernement. Il a du travail en perspective, cela l’occupera. Chemin faisant, il soignera son image en se plaçant bien sous la lumière ; le destin pourrait bien lui réserver une bonne surprise.

De l’inédit !

Première victime collatérale de la nouvelle stratégie gouvernementale : le parti radical.  Pour la première fois aucun de ses membres ne figure dans un gouvernement de droite. Le séisme politique est donc réel, c’est peut-être ce qui a   inspiré Christine Lagarde, pour fantasmer autour de la révolution. Jean-Louis Borloo, le chantre de ce bloc traditionnel du paysage politique français, qui n’arrive pas à se faire prendre au sérieux, avait sollicité les clefs de Matignon. A-t-il eu l’appétit plus gros que le ventre ? Probable. La droite hard line entend appliquer sa propre thérapie idéologique pour réparer les dommages   induits par la réforme des retraites et appliquer ses propres cataplasmes pour réduire la fracture sociale. Contrarier les visées de la gauche et barrer la route à l’ambition déclarée d’un gaulliste de la trempe d’un Dominique De Villepin pour la prochaine échéance avec un Sarkozy instable et imprévisible ne sera pas, pour la droite, une partie de guimauve !

Le départ de Jean-Louis Borloo du gouvernement n’est pas une éviction mais pourrait ajouter à la fracture sociale une fracture politique. Ce qui est susceptible de s’avérer déterminant pour la désignation des présidentiables de la droite.  Les autres ministres de l’autre centre, d’Hervé Morin, congédié sans plus d’égards, ne font pas l’événement. Les représentants de cette droite informe, dite modérée, ont soit déçu soit perdu leur âme dans leur fréquentation hasardeuse de Nicolas Sarkozy. Sans leader charismatique, Leur émiettement fera que leur disparition de la sphère du pouvoir n’aura de répercussions notables en termes électoraux. Tout au plus, cela mettra du baume au cœur de François Bayrou.

Compter pour du beur !

La droite a fait sonner la cloche ; la récréation est terminée. La sarkozette Rama Yade et celle qui n’est ni pute ni soumise et qui ne réussit même pas à se faire prendre par un quelconque centre, Fadéla Amara, rentrent à la maison. Devant la volonté de la droite de doter la France d’un gouvernement monochromatique, leur départ ne provoque que des vagues à l’âme des deux recalées. Sans assise politique réelle, elles ne représentaient qu’elles-mêmes. Elles ne devaient leur promotion ministérielle qu’au caprice de Nicolas Sarkozy et à son obsession de soigner la mise en scène avec des petites touches de couleur. Recadrées parfois pour leurs écarts d’opinions,   leur « franc parler » était toléré car il n’outrepassait jamais les limites du convenu. Trop charmante pour être crédible, Rama Yade vitupérant contre la visite de Kadhafi à Paris, ne dérangeait personne. Exit donc la diversité. Les faits sont éloquents ; elles ont été renvoyées sous un emballage médiatique minimaliste, elles comptaient bien pour du beur.

Le plongeon sans transition de Woerth dans le purgatoire

Le remaniement a offert une opportunité en or pour mettre au chômage le ministre du travail Eric Woerth. En charge du dossier d’une reforme majeure, celle des retraites, dont l’avortement aurait sonné le glas pour le quinquennat, il a donc été soutenu contre vents et marées par Nicolas Sarkozy, malgré les troublantes révélations des multiples procédures judiciaires de l’affaire Woerth-Bettencourt. L’évitement de la bérézina était à ce prix. Woerth aura été un imbroglio d’affaires juridiques imbriquées en poupées russes dans lesquelles conflits d’intérêts et prise illégale d’intérêts s’entrechoquent bruyamment. Sarkozy prendra-t-il encore le risque d’essayer de dissuader   la justice de s’occuper à démêler l’écheveau qu’est le dossier Woerth, pour faire sortir la vérité du fond de la vase ? Le débarquement d’Eric Woerth du gouvernement aurait pu justifier à lui-seul le remaniement afin que son départ ne puisse pas paraitre comme un lâchage. Cependant et c’est symptomatique de son nouveau statut de pestiféré, Il ne s’est trouvé qu’Eric Woerth pour justifier son propre départ du gouvernement. C’est dire que la messe est dite pour lui, et qu’avec toutes les casseroles qu’il traine, il a de quoi faire dans le purgatoire judiciaire en attendant la retraite… dans l’enfer médiatique !

Le cas K ou l’expulsion de l’indu occupant

Sans prestance qui lui aurait  conféré l’autorité nécessaire pour diriger le Quai d’Orsay,    l’entrée au gouvernement, en 2007, de celui qui s’est doté d’un CV en portant un sac de riz, Bernard Kouchner, a interloqué plus d’un. Il fut appelé par Nicolas Sarkozy sous couvert d’une ouverture sans contenu politique dans un gouvernement ouvert donc aux quatre vents. Son arrivée au pouvoir reste d’ailleurs emblématique de cette ouverture forcenée qui n’obéissait à aucune logique politique. A telle enseigne que le président, fraichement élu, pouvait déclarer péremptoirement, en guise d’argumentation : « L’ouverture c’est moi !».

Tout heureux de voir s’accomplir son ambition, Bernard Kouchner ne s’est fait pas prié pour accepter. Depuis, sa longévité au gouvernement tient du miracle. Son aura de french doctor, surfaite et complaisamment entretenue par les médias, n’a cessé de se ternir. Rétrospective.  L’humaniste Bernard Kouchner se révéla très vite un va-t-en guerre qui s’assume. Justifiant la guerre en Irak, à contre-courant de l’opinion majoritaire chez les français, il exhortait l’Occident à ouvrir un second front avec l’Iran. Se "préparer au pire" martelait-il pendant qu’à Washington, le secrétaire à la Défense Robert Gates soutenait encore que la diplomatie restait "pour le moment la meilleure approche".

Janvier 2009, Pierre Péan jette un pavé dans la marre avec une enquête minutieuse, publiée dans un livre-choc, «Le Monde selon K.». Le livre grouille de révélations accablantes qui ont fait vaciller l’icône de l’aide humanitaire. Le journaliste y dénonce notamment les « ambiguïtés » de Bernard Kouchner et l’accuse de « conflit d’intérêts ». en effet,  avant de devenir  ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner régissait   la répartition  des aides internationales aux pays pauvres  par l’intermédiaire d’une organisation internationale (Esther) et concomitamment, il  démarchait  discrètement  les présidents de ces mêmes pays pour des expertises grassement payées et pour lesquelles il ne peut justifier ni de compétences adéquates ni de  ressources suffisantes, comme un bureau d’études que nécessiterait un conseil  éclairé pour l’organisation d’une sécurité sociale à l’échelle d’un pays.  Autrement dit, il ne suffit pas de «rêver d'une sécurité sociale universelle", dixit son ami et biographe Michel-Antoine Burnier, pour s’autoriser à bourrer ses poches avec l’argent des pauvres. Les chèques sont consentis par les présidents Omar Bongo et Sassou Nguesso, respectivement présidents du Gabon et du Congo ; à l’évidence peu scrupuleux. N’en déplaise à des partisans de Bernard Kouchner, les indélicatesses dénoncées par Pierre Péan dénote une cupidité certaine qui éclabousse l’image du "chevalier blanc" de la morale et de l’humanitaire.

Pour se défendre, Bernard Kouchner fut contraint de recourir à l’artillerie lourde ; il accusa Pierre Péan « d’antisémitisme ». Bernard Henri Levy, s’élance à la rescousse du ministre et fustige le journaliste, co-auteur de la face cachée du Monde, pour les « saloperies » qu’il commet en publiant des faits troublants certes, mais avérés. De son coté Nicolas Sarkozy dut se résoudre à voler au secours de son ministre des Affaires Etrangères. Il fit muter Jean-Marie Bockel du Secrétariat d’Etat à la Coopération au Ministère des Anciens Combattant afin d’amadouer Omar Bongo et Sassou Nguesso. Les deux présidents africains,   véritable figure de proue de la « la Françafrique », qualifiée par Jean-Marie Bockel de « despotique et corrompue », se sont sentis outragés. Au même moment, son ministre Kouchner harcelait les deux présidents africains pour qu'ils lui règlent le solde des factures. Pensant avoir payé le ministre, plus que de raison, ils rageaient de se voir humiliés par un de ses subordonnés. Excédés, ils finirent par se plaindre, documents à l’appui, à Nicolas Sarkozy qui, a-t-on dit, a été consterné. C’est le moins qu’il se doit de laisser dire !

De l’Afrique passons observer le patron du Quai d’Orsay dans sa gestion étriquée et controversée du dossier du Proche-Orient.  Inéluctablement, on est envahi par un sentiment mitigé entre étonnement, stupéfaction et colère. Serait-il aussi incompétent qu’il le laisse paraitre ou exerce-t-il un art consommé de l’hypocrisie diplomatique. Après un silence assourdissant pendant le pilonnage de Ghaza par l’aviation israélienne et le massacre délibéré des populations civiles, écoliers sous la protection de l’ONU inclus, ne le voilà-t- il pas qu’il évoque « courageusement », février 2010, la "reconnaissance immédiate de l'Etat palestinien avant même les négociations sur les frontières" . Nonobstant le fait patent qu’il ne viendrait pas à l’idée de la France de contrarier Israël sur un sujet dont elle ne veut pas entendre parler, Bernard Kouchner avait-il un instant songé à la contradiction qui consiste à reconnaitre un Etat que l’on n’identifie pas au préalable ? Sans tarder et profitant de son passage à Amman, le 21 février, François Fillon avait, alors, recadré son ministre en tempérant ses propos sur la question palestinienne.

En septembre 2010, c’est l’épineux dossier des gens du voyage. Le gouvernement français est interpellé par la véhémente de Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la Justice et des Droits fondamentaux, au sujet de l’expulsions des rom du territoire français. Mis sous pression par la commission européenne et de l’opinion publique internationale, il aura suffi d’un tacle de son ami  Daniel Cohn-Bendit qui parla de  la  "politique de la honte de France" avec les roms pour pousser   Kouchner à commettre probablement la faute éliminatoire en étalant ses états d’âme  et ses velléités de démissionner (en août), il s’est mis en porte-à- faux par rapport à l’Elysée ; ce lui fut fatal. Je présume donc que Nicolas Sarkozy a dû percevoir le reformatage gouvernemental comme une aubaine pour se défaire d’un ami encombrant, sans paraitre se dédire.

La gauche, réservoir de compétences

Le meilleur moyen de se défaire d’un ennemi, c’est d’en faire un ami. [Henri IV] Bernard Kouchner illustre bien cette propension de Nicolas Sarkozy, vainqueur, d’aller chercher les compétences dans le camp des vaincus. Les encensant avec des amabilités dithyrambiques. Gratifiant les uns avec des nominations prestigieuses et flattant les autres avec des missions ou des rumeurs de recrutement.  Jack Lang avait fait savoir que le ministère de la culture aurait pu lui échoir s’il en avait voulu. Sourd aux critiques des socialistes qui criaient à la trahison,   Jack Lang avait voté pour la réforme des institutions, Il fut chargé d’une mission d'information sur la Corée du Nord en octobre 2009 après une précédente mission identique à Cuba, en février de la même année. Quant à   l’iconoclaste ministre et ami de Lionel Jospin, Claude Allègre même s’il proteste pour faire aujourd’hui savoir qu’il n’est pas un «godillot» de Nicolas Sarkozy, il ne peut pas faire oublier qu’il a été un de ses atouts anti Ségolène Royal.   Il   a servi   la soupe au président avec un zèle peu commun en louant ses réformes et en acceptant une mission sur la réforme des   universités.

Cette boulimie sarkozienne de s’évertuer à débaucher les compétences du camp d’en face avait offusqué jusqu’à ses lieutenants les plus proches comme Patrick Devedjian. Ce dernier avait ironisé sur cette ouverture, assurant qu'il était favorable à ce qu'elle aille "très loin, y compris jusqu'aux sarkozystes".    Quant à   Michèle Alliot-Marie, elle aurait    eu un accrochage avec Nicolas Sarkozy à ce sujet. "On n'oublie pas que c'est la droite qui a gagné !», lui aurait-elle-lancé.

Madame se fait nommer à l’international : elle tient son "affaire"

Les dernières nouvelles nous apprennent que si Bernard Kouchner s’est laissé mettre à la porte sans demander son reste, c’est qu’il aurait obtenu que sa femme, Christine Ockrent, Directrice déléguée du groupe Audiovisuel extérieur de France, impliquée dans une scabreuse affaire, suite à la découverte d'un système d’espionnage informatique interne mis en place par un prestataire très proche du couple, ne soit pas inquiétée. Chez les Kouchner, les affaires se négocient en famille.   Le Point.fr qui relate l'histoire secrète de la nomination de Christine Ockrent à France Monde rapporte que c’est   le chef de la diplomatie française  de mari qui avait délicatement forcé la main à la ministre de la Culture, Christine Albanel, pour qu’elle concède à accorder le poste de directrice générale déléguée de France Monde à sa Christine Ockrent de femme. Le journal agrémente son article de moult détails pour nous restituer le contexte dans lequel la décision fut prise. Après une petite mésaventure cocasse de fermeture accidentelle de porte qui enferma pour un moment le ministre Kouchner le rendant furax, la réunion commence. Kouchner est agité, il tournoie en répétant à l’envie « elle sera parfaite », « le rôle est fait pour elle ». C’est ainsi que tous les présents ont fini par comprendre qu’il parlait de sa femme. Christine Albanel finit par lâcher « tu parle de Christine ». « Oui, répond le mari de la grande prêtresse du 20 H des années 80, mais va-t-elle seulement accepter ? ». Gênée par le piège qui lui était tendu, la ministre de la culture exauce le désir à peine suggéré par son collègue, en pensant bien que cela peut lui être utile.

On croit volontiers Le Point.fr quand il nous précise que les péripéties ayant emmaillé le parcours de l’intronisation de l’ex-reine mythique du 20 h à la tête de France Monde sont dignes de Feydeau. Les affaires de Kouchner à DSK en passant par Woerth et celle plus tragique de Karachi se substituent subrepticement mais inexorablement aux histoires d’amour qui faisaient l’Histoire de France (livre de Guy Breton), même si à son corps défendant Sarkozy y met du sien.  Les scandales se succédant à un rythme effréné, la presse bienveillante les requalifie parfois pudiquement de polémiques.  Les médias Seraient-ils tenus en laisse? Marianne   fait sa une sur l’Elysée qui ne serait plus qu’un nid d’espions. La république se mobiliserait corps et âme pour museler les journalistes récalcitrants parce que M. le président ne serait pas si pressé que ça pour rouler carrosse au cœur de la dolce vita avec sa belle italienne de femme.    Une chose est certaine, Nicolas Sarkozy n’est jamais loin des épicentres des affaires qui éclatent telles des bombes à fragmentations. Le système Sarkozy égrène donc stoïquement son chapelet de scandales révélant chaque jour que Dieu fait des pratiques et des mœurs aux antipodes des lois et principes de la république.

Pour le moment, Christine Ockrent oppose aux accusations accablantes qui pèsent sur elle    son « honneur professionnel de 40 années ».  Ce qui a pour effet pervers de raviver la mémoire de ses détracteurs qui lui rappellent que son passé est passablement écorné par des entorses à la déontologie qui, à maintes reprises, ont alimenté des controverses la mettant en cause. En voyage présidentiel en Inde, elle a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre Marianne. Cela n'inquiète pas outre mesure   Philippe Cohen, qui se souvient sur son compte Twitter que "Kouchner avait aussi annoncé un procès pour Monsieur K", le livre de Pierre Péan sur l'ancien ministre des affaires étrangères. Sans donner suite. Chez les Kouchner, on fait le dos rond comme on peut, le temps que l’orage passe.

Sauver le harki Besson

Le remaniement gouvernemental a étrangement préservé un ministre dont le portefeuille n’a pourtant pas été reconduit.  Le rescapé est, évidemment, Eric Besson. Il n’est pas extravagant de   penser que Nicolas Sarkozy qui s’est sagement laissé reconfiguré par le noyau dur de son clan a dû négocier bec et angle son maintien. Il lui doit beaucoup.   Faisant fi de tous les principes moraux et autres considérations éthiques, Eric Besson a tout même déserté l’état-major du parti socialiste où il officiait comme secrétaire national à l'économie pour rejoindre le candidat UMP Sarkozy au soir du premier tour de l’élection présidentielle, c’est-à-dire au moment crucial et fatidique du face-à-face Royal-Sarkozy. Il est passé à l’ennemi avec la besace pleine de rancœur et un livre d’entretien avec Claude Askolovitch, écrit avec une plume trempée dans du fiel "Qui connaît Madame Royal" ?

Le livre réquisitoire pour décrédibiliser et déstabiliser la candidate socialiste fut son gage de confiance.  La trahison a été tout de suite payante puisque en quelques semaines son statut s’est transmué de celui du parfait inconnu vers celui de la star se pavanant sur la côte d’azur au festival de Cannes. Et cerise sur le gâteau, il eut droit à un traitement médiatique privilégié. L’indécence manifeste est sublimée par Eric Besson. Son nom est devenu à lui seul une apologie à la trahison. Alors on peut faire crédit à Nicolas Sarkozy d’une certaine élégance en ne laissant pas choir le harki Besson. Il est probable qu’en contrepartie, il a dû concéder l’entrée au gouvernement d’une grosse pointure comme Alain Juppé. C’est un homme de grande qualité susceptible de lui faire de l’ombre ; un présidentiable potentiel capable de focaliser les espoirs de maintien de la droite au pouvoir. Le charisme d’Alain Juppé avait justifié son éjection du premier gouvernement Fillon pour des raisons qui n’ont pas convaincu grand monde.

"Passe-partout", Stéphane Guillon, l’humoriste et chroniqueur de la matinale sur France Inter, par qui le scandale est arrivé, a tapé dans le mille en brossant le portrait d’Eric Besson.  l’ancien socialiste abandonne le ministère de l'immigration et de l'identité nationale  pour prendre  celui de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, chargé de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique dans ce gouvernement qui pourtant vire à droite toute ! Le portrait du ministre croqué par Stéphane Guillon, pour aussi irrévérencieux soit-il, est éloquent. "Antipathique, des yeux de fouine, un menton fuyant. Un vrai profil à la Iago, idéal pour trahir". Rarement une caricature n’a reflété aussi fidèlement son personnage. L’humour du chroniqueur, pourtant défendu par Nicolas Demorand, présentateur de la matinale sur France Inter, n’a pas été du goût de Philippe Val, directeur de France Inter, qui, offusqué, n’a pas eu la moindre hésitation pour dégommer le chroniqueur de l’antenne. Philippe Val a déjà montré que c’est un grand défenseur de la liberté d’expression tant qu’elle ne s’attaque pas au locataire de l’Elysée. Juillet 2008, L’ancien patron de Charlie Hebdo avait licencié le caricaturiste Sine pour un crime similaire de lèse-majesté justifié avec des arguments fallacieux malgré les dénégations de l’artiste. La justice vient d’ailleurs de condamner Charlie-Hebdo pour licenciement abusif. La nomination de Philippe Val par Nicolas Sarkozy à la tête de la radio nationale n’est pas fortuite. Val Philippe avait préalablement démontré qu’il est digne du rôle qui lui est manifestement dévolu, celui de chien de garde appliqué et persévérant.  Pour avoir l’heur de plaire à Philipe Val et susciter son soutien enthousiaste, les humoristes et autres caricaturistes sont avertis ; ils doivent se chercher toutes les mauvaises raisons  pour s’adonner en toute bonne conscience à outrager les musulmans et se forger de toute pièce les bonnes raisons pour s'abstenir de faire cauchemarder le président.

Le mauvais rôle de DSK

Dans une élection présidentielle qui a fini par être gagné par Nicolas Sarkozy le 06 mai 2007 avec un écart de   3,06%, il est évident que pour 2012 comme pour 2007, il n’y pas de petits profits.    La Primaire du 16 novembre 2006 à laquelle fut contrainte Ségolène Royal face à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, alors même qu’elle était plébiscitée par les sondages des français et des militants socialistes, avait retardé l’entrée en lice de la candidate socialiste.   Préjudice inhérent à cet handicap est à l’évidence insurmontable. Pendant que Nicolas Sarkozy peaufinait son image de    conquérant, Ségolène Royal rongeait son frein jusqu’au scrutin chez les militants qu’elle avait naturellement gagné haut la main avec 60,65% des voix contre 20,69% pour DSK et 18,66% pour   Fabius.   Démocrate de pacotille du même acabit que Laurent Gbagbo, aujourd’hui en Côte-D’ivoire, DSK estima, à l'époque, que «80% du parti n'est pas derrière elle [Ségolène Royal]». La popularité de l’ancienne candidate à la présidence ne serait, selon lui, que le fruit d’une «hallucination collective».

Le bénéfice engrangé par le candidat UMP a-t-il justifié que le président élu parraine avec enthousiasme le socialiste DSK au poste de directeur du FMI ? On assisterait alors, aujourd’hui, à un renvoi d’ascenseur. Sous la férule de Sarkozy, il semble se laisser "droitiser", serait-ce par gratitude ? alors, pourquoi n’en repousserait-il pas les limites de ce noble sentiment jusqu’à lui servir de lièvre ?    il en prend le chemin ; cette fois-ci encore ; DSK tient la désignation du candidat du PS à la présidentielle 2012 en otage rien qu’en laissant plané le spectre de sa candidature au primaire socialiste.

Elevé au pinacle par les médias, DSK est présenté, sous la foi de sondages bidonnés, comme le vainqueur de Nicolas Sarkozy au second tour. A en croire les éditorialistes du microcosme politico-médiatique qui pataugent dans la marre vaseuse de la connivence, Marianne piaffe d’impatience pour se faire culbuter par ce grand " rien du tout " qu’est à mon avis, tant pis pour l’humilité, le patron du FMI. Pour avoir accueilli la crise financière internationale avec une inquiétante discrétion et de s’investir maintenant dans des élections nationales pendant que la tempête financière continue à sévir, Il est crédité d’un capital de compétence qu’il n’a pas à justifier. A la tête du FMI, DSK a pourtant surtout brillé par ses frasques extraconjugales. On se rappelle que des soupçons d’abus de pouvoir ont longtemps pesé sur le patron du FMI dans une affaire où il cocufiait son exquise femme, Anne Sinclair. Ses beaux yeux, à elle, n’ont rien vu, son cœur a vite pardonné, les vilaines incartades du mari, indécrotablement   volage, sont oubliées et les accusations sont, tout aussi vite, mises sous le boisseau pour ne pas nuire à la « compétence » du patron du FMI.

Les portraits dressés par   les journaleux de droite l’auréole immanquablement d’une stature d’homme d’Etat et de dossiers, converti aux thèses libérales. Du converti, il n’a pourtant que le zèle. C’est plus qu’incorrect politiquement de rappeler que les dossiers qu’il connait le mieux sont ceux de la MNEF. Ils l’avaient d’ailleurs conduit à répondre devant la justice de charges bien fâcheuses de "faux et usage de faux" qui l’ont contraint à démissionner, en novembre 1999, du poste de ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement de Lionel Jospin. Au procès, les soupçons se dissipent. La falsification des documents antidatés, notamment la lettre de mission mandatant DSK en tant que conseil de la MNEF, devient une simple procédure de "régularisation administrative" ; les malversations sont requalifiés d’"erreur techniques" ; les sommes extravagantes indélicatement encaissées deviennent des broutilles. Circulez, il n’y a pas de quoi fouetter un chat encore de quoi calomnier un DSK !  Opportunément blanchi, l’encre du billet de la relaxe encore fraiche, voilà DSK embrigadé dans la campagne de Lionel Jospin, face à Jacques Chirac et Le Pen , il était donné alors pour archi gagnant. Au point que Jean-Louis Borloo avait failli tourner casaque en s’alliant avec la gauche.   Ce fut la débâcle, au premier tour, du 21 avril 2002. Je crois que la couleuvre fut trop grosse pour que les Français puissent l’avaler.   Qu’une innocence immaculée   surgisse des dessous d’une avalanche de présomptions de culpabilité tient du miracle qui dépassa leur entendement. Des veaux, des veaux peut-être ! Mais pris pour de vrai pour de vrais veaux, les français se rebiffent.  Ce fut le cataclysme socialiste ; la désertion de Lionel Jospin laissa les militants interloqués et les plâtres à essuyer aux copains.   

C’est donc le spectre de l’éventuelle candidature à l’investiture socialiste de DSK qui crée une cacophonie solférinesque chez les leaders socialistes. Le mandat de directeur du FMI expirant à la fin 2012, la campagne des primaires chez les socialistes est reléguée   de facto à être programmée le « le plus tard possible et la plus courte possible ». Ce n’est, bien entendu, pas fait pour déplaire à un Sarkozy, qui du fin fond du trou ou le placent les sondages, rêve à un second mandat en 2012, avant de s’adonner à la dolce vita.

Tous contre Ségolène ou comment faire gagner Sarkozy à tout prix !

Aux tergiversations sur le calendrier des primaires chez les socialistes, qui réduiront drastiquement   le temps dont disposera le futur candidat du PS, s’ajoutent l’engouement des candidatures.  Les quadras   entendent se faire les dents, Benoit Hamon, Emmanuel Valls, Arnaud Montebourg. Ils sont rejoints par le plus machiavélique des ministres mitterrandiens, d’une  habileté, méphistophélique, tout le monde aura reconnu Jack Lang qui justifie   ses "désirs d’avenir " par une interrogation faussement goguenarde sur sa candidature, « Pourquoi l'écarterais-je ? » ;    le député des Alpes de Haute-Provence, Jean-Louis Bianco qui a été,    en 2007,   codirecteur de campagne de la candidate Ségolène Royal   s’engouffre dans la mêlée. Il garde, évidemment,   amitié et   fidélité pour Ségolène Royal mais « je n'exclus pas de me présenter aux primaires », précise-t-il. Pierre Moscovici (député du Doubs) et Gérard Collomb (député-maire de Lyon), deux Strauss-kanien qui ne se débineront pas si leur mentor s'abstenait d’y aller. Un parfait inconnu, Christian Perret (maire de Saint-Dié-des-Vosges) qui rassure «Je serai un candidat social démocrate modéré». Il ne manque plus à l’appel que   l’ancien et la nouvelle Premier secrétaire du parti pour ouvrir le bal. Les motivations des prétendants ne sont ni étayées par des motions ni éclairées par des visions mais soutenues par des arguments à l’emporte-pièce, des sortes de boutades.

Tout ce beau linge socialiste, dès l’ouverture des hostilités, dégaineront en chœur et à tirs groupés essayeront d’atteindre Ségolène Royal, souffre-douleur préférée des apparatchiks socialistes. Les uns et les autres feront semblant d’oublier qu’elle avait réalisé un score très honorable d’un peu plus de 46%, en 2007, face à un Sarkozy, le vent en poupe.  Performance qui reste hors de portée de l’écrasante majorité des postulants déclarés. Certains d’entre eux sont des virtuoses des petites phrases assassines, Ils s’illustreront à éroder la notoriété acquise par la candidate malheureuse de 2007.  Intuitive, elle annonce sa candidature, elle s’échappe ainsi de l’enclos virtuelle dans lequel Aubry et DSK voulait la parquer. Elle sait autant que ses petits camarades, bien intentionnés à son égard, que le chemin est long entre l’annonce d’une candidature et le moment où l’ambition d’un homme ou d’une femme s’impose à son camp.  Au parti socialiste, Il y a comme pléthore de candidats à la candidature.  La cohue des socialistes semble organisée. Leurs mésententes sont exacerbées et l’amertume finit toujours par noyer leurs motions laborieusement élaborées ! Alors on se surprend à se demander si les exhalaisons qui nous parviennent de la rue Solferino ne traduiraient pas la duplicité chez quelques pontes et autres éléphants et éléphanteaux socialistes avec le système Sarkozy. Non ! c’est le syndrome de la  complotite qui me fait penser çà ! le cas échéant, nous aurons droit un jour à un remake à la française au film les hommes du président. A plus d’un titre, Ségolène Royal est candidate légitime mais elle risque de ruiner ses chances si elle persiste à voir en DSK, qui lui trouve des faiblesses sur les dossiers, «un responsable politique éminent».

Depuis New Delhi, DSK souffle sur les braises afin de faire repartir de plus belle les supputations sur sa candidature. Il évoque le profil de son successeur au FMI. Au grand bonheur de BHL qui reçoit cinq sur cinq le message subliminal de DSK lequel est, selon le philosophe, « le candidat idéal du PS ».  Nom d’une guigne mais quelle chance pour la dame du Poitou ! Libérée de BHL, Ségolène Royal doit exulter en catimini. Le rang de ses soutiens s’épure naturellement. Se débarrasser à moindre frais de quelqu’un, qui lorsque il dit du bien de vous, vous laisse penser qu’il est en train de faire l’éloge de l’adversaire relève du miracle ; d’accord restons laïc –exit Paul Guth- cela relève d’une chance inouïe !

Les causes pour perdre s’atténuent drastiquement. DSK, ce socialiste-OGM, se replace donc dans le jeu des primaires au PS, trois jours après la candidature de Ségolène Royal. Le match Sarkozy-DSK a commencé pour Le Point ; je dirais personnellement, le deal courre toujours !

Le derby aura-t-il lieu à droite ?

  La détermination de la droite à contrôler Sarkozy est si réelle qu’elle a impulsé quelque l’audace chez François Fillon. Subitement, il s’insurge contre l’idée saugrenue que Nicolas Sarkozy serait son mentor. « Je ne suis plus son larbin », semble-t-il nous dire pour se convaincre que des jours meilleurs restent à venir pour lui.   La petite dose de témérité dont il a fait preuve en revendiquant son maintien   la tête du gouvernement et la mise en scène de son rôle prépondérant   dans le reformatage de ce troisième gouvernement sont des indices probants que désormais Nicolas Sarkozy n’a plus les coudées franches pour mener le combat de la droite pour la prochaine échéance présidentielle.

  Le microcosme politico-médiatique, versant UMP, tire à boulets rouges sur Dominique De Villepin. L’homme a de l’allure, le verbe haut, l’analyse pertinente et la répartie cinglante, autant le faire passer alors pour l’homme de la racaille de la banlieue et autres arabo-musulmans. Le derby Sarkozy-Villepin ne doit pas se tenir. Dominique De Villepin, chiraquien fidèle, n’est pas en odeur de sainteté à droite et à fortiori chez les sarkozistesSon potentiel de séduction est trop lumineux et irrécusable pour laisser planer le doute sur le vainqueur en cas d’un duel loyal au sein de la droite. D’où l’acharnement à l’abattre. Certains font feu de tout bois.  L’hypothèse bien alambiquée de faire endosser à l’ancien premier ministre de Chirac la responsabilité de l’affaire Karachi est clairement énoncée par les suppôts de l’actuel locataire de l’Elysée. Ainsi Dominique De Villepin aurait eu le tort d’avoir mis fin imprudemment, sous Jacques Chirac,    à un système de corruption sous forme de rétro commissions évidemment illégales.  Cet argent sale aurait servi pour mettre du beurre dans les épinards au profit de la campagne d’ Edouard Balladur, en 1995, et dont le trésorier n’était autre que Nicolas Sarkozy qui avait brûlé la politesse à son mentor du moment Chirac pour rejoindre, sans états d’âmes, le clan Balladur, donné gagnant par les sondages du moment.   Le nom de Sarkozy figurerait dans des documents avalisant la création d'une société-écran luxembourgeoise pour faciliter les transactions de fonds illégaux. 

 L’affaire est d’une extrême gravité car elle serait à l’origine de l’attentat de Karachi ayant provoqué 15 morts dont onze ingénieurs français. L'Express.fr et Mediapart nous dépeignent un Sarkozy, au dernier sommet de l’OTAN de Lisbonne, fébrile qui se départit de son calme fraichement affichée. Il a pété les plombs en piquant un coup de sang contre les journalistes qu’il tança avec une diatribe qui ressemble fort à un dérapage incontrôlé. Il les traita de pédophiles pour avoir osé des questions embarrassantes sur cette affaire. A suivre, donc. Le site de L’Express dévoile également que la conversation a été enregistrée sur le circuit interne du sommet, et que l''Elysée a beaucoup insisté pour faire effacer les bandes. Affaire Kouchner, Affaire Woerth, affaire Ockrent, affaire Karachi, le mot qui soulèvent des relents qui insupportent les électeurs finira par devenir synonyme de la présidence de Nicolas Sarkozy

  Nicolas Sarkozy avait promis de décomplexer la droite ; il l’a lamentablement dévoyée. Aujourd’hui, elle reprend la main, pour conjurer un crash annoncé.   Sarkozy n’est plus son favori ; mais démocratie et constitution condamnent les deux partenaires à composer en bonne intelligence. Nicolas Sarkozy est " autorisé " à exercer son art du débauchage, sa marque de fabrique, pour saper le mouvement «villepiniste», lancé en Juin 2010 et baptisé «République solidaire». Pour lui gâcher son 57ième anniversaire, Sarkozy fait déguster à Dominique De Villepin le goût de la trahison, en guise de cadeau. Il fait donc rentrer au gouvernement le désormais ancien fidèle de De Villepin et député de l’Essonne Georges Tron comme secrétaire d’Etat à la fonction publique et la désormais ex-porte-parole, Marie-Anne Montchamp, qui devient secrétaire d'Etat auprès de la ministre des solidarités et de la cohésion sociale. Les nouveaux capés ont l’embarras du choix des bonnes raisons de trahir. Il n’ont qu’à piocher dans le catalogue d’Eric Besson.

 Dominique de Villepin, peut toujours se consoler en pensant au risque qu’il avait encouru d’être accroché à un croc de boucher, cela   adoucirait la potion amère que lui a fait ingurgiter son puissant ennemi.  Anatole France a bien raison ; on doit tous pouvoir se vanter d’avoir des ennemis si on croit les avoir mérités. En affichant sa volonté clairement de se constituer en alternative crédible dans son discours devant le récent conseil national de « République solidaire » il ne se fera pas d’amis dans le sérail sarkozien. En légitimant son ambition par l’enjeu que la prochaine élection présidentielle représente, il aggrave son cas. En véritable tribun Dominique de Villepin avait déclamé « Il en va de la France ! Il en va de la république !".   L’argumentaire et l’emphase avec laquelle il a été développé sont de la plus pure tradition gaullienne, c’est-à-dire énigmatique. Pour   sortir les français de l’expectative,   une séance de rattrapage d’étude de texte animée par Dominique De Villepin est incontournable. Si d’aventure la bataille a lieu à droite, il aura donc à leur expliquer en quoi Sarkozy est une menace pour la France et pour sa république.  Un tel débat   relèguera le duel Royal-Hollande à une scène de ménage et le jeu obscurément feutré entre la première secrétaire du PS Martine Aubry et le Patron du FMI, DSK à un vaudeville sans grand intérêt.

Les chances du futur candidat socialiste sont bien minces. Il ou elle ne disposera que de peu de temps pour s’installer dans le rôle du challenger. Alain Juppé est prudemment embusqué à la défense au cas où une affaire explose dans les bras du candidat naturel de l’UMP.   L’écueil qui peut mettre en péril le rêve de Nicolas Sarkozy pour un second mandat est qu’il se laisse aller à sous-estimer son meilleur ennemi De Villepin, pour qui le président n’aurait fait que se mettre en scène depuis mai 2007. Effectivement, Après l’épisode bling-bling, les français ont eu droit à la mélopée « j’ai changé » ; aujourd’hui, il entonne la complainte « je me remanie ». Résultats des courses, le président préside et le premier-ministre gouverne. N’eusse-t-été le régime de la cinquième république, on aurait volontiers souscrit avec Christine Lagarde   que c’est le début de la révolution ! 



Mokhbi Abdelouahab 

 

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