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Esthétique de la mystification
30 novembre 2010, par Bouchta Essette

Il est un fait que la vérité a toujours été, sinon inaccessible, du moins très difficile à atteindre. Il est aussi un autre fait que parce qu’elle est ainsi, nombre de ceux qui sont confrontés à son usage ou à sa recherche, étant conscients de cette nature inaccessible, pensent qu’il est possible de recourir à ses multiples entours constitués aussi bien de la réalité des choses que de leur irréalité et peuvent en user et en abuser sans risquer d’être confondus. Se livrer à de telles pratiques, présenter le blanc à la place du noir, le faible à la place du fort, le faux à la place du vrai, préméditer de renverser les valeurs, promettre quand on intimide, rassurer quand on cultive le doute, en somme faire en toute chose le contraire de ce qu’en principe on est sensé entreprendre, c’est forcément se livrer purement et simplement à la mystification. Cela est d’autant plus déconcertant et révoltant qu’il s’agit non pas de ces questions (afférentes à la vérité) naturellement ardues dont les philosophes ont de tout temps débattu sans jamais pouvoir les trancher une fois pour toutes, mais de ces simples vérités quotidiennes et disons visibles à l’œil nu que d’aucuns appellent évidences. Les vérités dont il sera question dans ce propos n’ont donc pas la prétention d’être promues au rang des vérités philosophiques sur lesquelles on peut soutenir une thèse et son contraire, sans être forcément obligé de verser dans la sophistique, mais il s’agira de ces vérités aveuglantes, si aveuglantes et si évidentes que ceux qui ne les auraient pas vues sont soit atteints de strabisme intellectuel, et cela est loin d’être le cas, soit des mystificateurs attitrés à qui cependant manquent le tact qui permet de comprendre qu’en voulant mystifier des évidences, ils finissent eux-mêmes par être les premiers mystifiés au point de ne savoir plus où donner de la tête. Tel est pris qui croyait prendre.

Est-il possible de nier à Alger son algérianité, à Madrid son espagnolité et à l’Europe son européanisme ? Il faut être fou et sans conscience pour contester ces faits d’une évidence on ne peut plus évidente. Je sais que la sagesse espagnole, algérienne et européenne ne pourront jamais avoir le toupet de contester à Rabat sa marocanité. Mais est-ce parce que le Sahara a été colonisé par l’Espagne , (phénomène absolument incontestable que la sagesse espagnole a finalement été obligée d’admettre du simple fait qu’elle a procédé pacifiquement en 1975 à sa rétrocession à sa mère patrie : le Maroc) qu’on doit en conclure à la non marocanité de Laâyoune de Smara ou de Dakhla ? C’est autant dire que les présides occupés de Sebta et Mliliya sont espagnols. On dit qu’en politique, tout est soumis à la loi de l’intérêt, Je dirais comme La Rochefoucauld, que l’intérêt est le moteur de toute action, de toute pensée humaine. Et même dans les actes qui se présentent sous les dehors de l’altruisme ou de toute autre considération, il y a forcément, derrière, un quelconque intérêt à réaliser, qu’il soit tacite ou avoué.

Que les Espagnols, et particulièrement le parti du peuple, ne viennent pas nous dire qu’ils sont mus par des raisons strictement humaines, qu’Ils sont traumatisés par les conditions malheureuses de leurs frères sahraouis qui sont soi-disant sous domination marocaine, qu’ils disent avoir le cœur soulevé quand une âme humaine est soumise à des actes de soi-disant barbarie et d’atrocité. Ces allégations anthropomorphiques, certes de très mauvaise facture qui exhalent un relent de traitrise, de félonie et de mystification, ne sont un mystère pour personne. Que sait le parti du peuple espagnol des Sahraouis et même du peuple marocain, sinon un peuple bon à asservir et à exploiter ? Que sait le parti du peuple espagnol de ces Sahraouis qui tout au plus lui rappellent ces moments nostalgiques où il se voyait servir, loin de chez lui, par des autochtones réduits de manière éhontée à l’esclavage et à l’asservissement ? Assez de ces mensonges débiles que le temps inscrira de manière indélébile dans les anales de l’histoire universelle au chapitre : Mystifications espagnoles. Et puis admettons ne serait-ce qu’un laps que le parti du peuple espagnol est sincère, qu’il n’a jamais été aussi franc, ni aussi désintéressé et aussi humain, qu’a-t-il fait pour le peuple palestinien qui depuis des décennies subit brimades, affronts, asservissements et violences de toutes sortes de la part d’un sionisme qui fait de la domination et de l’asservissement son cheval de Troie ? D’aucuns du parti du peuple espagnol diraient qu’ils n’ont rien à voir avec un peuple qui se trouve à mille lieux loin de chez eux et qu’ils doivent compatir le sort de ces malheureux qui sont obligés de s’armer de patience en attendant le jour où le sionisme daignerait les libérer. Mystification criminelle, sinon comment expliquer cette maladresse stupide que les médias espagnols ont commise en exploitant des photos prises à Gaza, des photos représentants des enfants palestiniens, mutilés par la machine de guerre sioniste, photographiés par un journaliste palestinien, sur un Gaza palestinien ? Et cela afin d’en faire imputer la responsabilité aux autorités marocaines lors des événements de Layoune. Que dis-je ? ( que le lecteur me permette d’employer l’épanorthose, cette image chère aux rhétoriqueurs, ) Maladresse stupide ? Non. Rage stupide qui trahit la compulsion mystificatrice qui est la propriété de toute société colonisatrice. Oui, il s’agit bien d’une rage qui s’est emparée des médias espagnols, car quand la rage y est, la raison n’y est jamais. En effet des médias enragés sont comme bandés, aveuglés ; et ne voyant plus que le noir, gigotant comme asphyxiés, ils se mettent à tirer tous azimuts, ne pouvant plus distinguer la bonne graine de l’ivraie. Enragés, les médias espagnols iront jusqu’au bout de l’absurde. Versés dans l’art de la mystification et de l’illusionnisme, ils n’hésiteront pas à tout controuver : tuer fantasmatiquement, soit des êtres vivants ( c’est le cas de cette Sahraouie dénommée Mme Bouasria qu’un badinage médiatique irresponsable a tué alors qu’elle respire toujours le bon air du Sahara), soit des gens déjà morts dans un autre temps et un autre espace (c’est le cas d’un détraqué casablancais qui a tué quatre membres de sa famille, cela fait un bon bout de temps). En se fiant aux médias espagnols, les rues de Layoune seraient jonchées de morts et de mutilés. Ce sont en fait des morts fictives qui rappellent ce célèbre adynaton employé par Rabelais dans son Gargantua, où, à lui seul, un personnage a été en mesure de massacrer toute une armée, ou dans les films d’horreur produits du cinéma fantastique américain. En fait, en tout et pour tout, il a eu dans les événements de Layoune une dizaine de morts dans les rangs des forces de l’ordre marocaines et deux civils dont un écrasé par une 4 X 4 conduite par un malfaiteur stipendié par les renseignements algériens. Voila des faits avérés et confirmés par nombre de visiteurs et de médias de tous bords. Cela étant, le Maroc n’a pas besoin de se livrer à la mystification, du fait qu’il a fait son choix. Certes ce choix est difficile, mais les Marocains sont disposés à l’assumer. Et c’est probablement cela même qui a enragé nos voisins du nord et de l’est. Ceux du nord, nos amis Espagnols s’entend, semblent être en effet enragés par le bond spectaculaire réalisé par le Maroc dans le domaine socioéconomique. Pour ne considérer que le versant nord du pays, cette partie limitrophe à l’Espagne, au développement de laquelle nos amis Espagnols assistent non sans un certain effarement et ressentiment, voire une certaine animosité (cela néanmoins, on le comprend bien), à partir de Tanger avec ses nouvelles infrastructures socioéconomiques, en passant par Al Hoceima et Nador jusqu’ à Oujda (chemin de fer et autoroutes et autres projets socio-économiques), le Maroc est en train de faire des bonds spectaculaires. Il va de soi que les Espagnols soient enragés, car il y va en quelque sorte de leurs intérêts et de leur bien être. Ces vérités, comme nous avons dû le signaler au début de cet écrit sont, malgré leur évidence très évidentes, méritent néanmoins d’être soulignées, car il est des faits qui font tellement mal qu’on a du mal à les admettre. Et l’Espagne n’admettrait pas facilement un pays voisin qu’elle voyait naguère comme un seigneur voit son vassal, alors qu’au rythme où va le Maroc actuellement, elle risque fort bien de le voir comme pair à compagnon. Surtout que tous les indices actuels abondent dans ce sens. Quelqu’un qui a visité le Maroc dans les années 90 sera à coup sûr sidéré par sa métamorphose dans les années 2000. L’enjeu est de taille, et les Marocains l’admettent volontiers, Mais nous aurions aimé que l’Espagne fasse de même, qu’elle se mobilise davantage pour résoudre ses problèmes socioéconomiques au lieu de s’acharner sur son voisin petit poucet qui commence à peine à se faire des plumes. Si les deux pays (L’Espagne et le Maroc) ont comme commune mesure une vocation essentiellement touristique, et si un touriste est placé devant ces deux spectacles identiques, il y aurait forcément quelqu’un des deux qui bénéficierait de son suffrage. Il va sans dire que quand ces deux espaces identiques ne sont séparés que de quelques dizaines de kilomètres, qui n’éviterait pas de dépenser en euros (trop cher) pour se la couler douce en dirhams (très bon marché) ? Voila probablement pourquoi nos amis Espagnols qui se verraient boudés et éconduits, (pressentiment légitime et fatal) notamment ceux du parti du peuple, enragent, fulminent et accusent, enfourchant la mystification et l’illusionnisme. Cette lecture est d’autant plus vraisemblable que si le parti du peuple est véritablement tisonné par des motivations humanitaires, qu’il œuvre pour dégraisser devant chez soi en choisissant entre deux options : s’il a suffisamment de courage, qu’il clame à cor et à cri (ce dont nous doutons fort) l’indépendance des deux présides spoliés, il aura fait montre d’un véritable sens de bon sens, de justice et de démocratie. Sinon, avec une velléité moindre, il aurait milité pour le minimum de bien être en faveur de ces colonisés de Sebta et Mliliya, au lieu de les massacrer comme des bêtes pour avoir demandé un minimum de dignité qui se résume dans une vie décente. C’est un drôle d’amour de justice ; vérité en deçà des pyrénéens, erreur au-delà, autrement dit, ici le colonialisme est vilipendé, vitupéré, ailleurs il est défendu mordicus. C’est cela même l’expression de la mystification. Le mieux que puisse faire le parti du peuple espagnol, si tant est qu’il cherche véritablement à sauvegarder les intérêts de sa nation (ce que le Maroc ne lui contestera jamais), est de mettre sa main dans la main de son petit voisin du sud (qui grandira forcément un jour au rythme où il va) pour œuvrer ensemble au développement de leur pays respectif, car un désistement du Maroc ferait de l’Espagne un terrain fertile qui drainerait terrorisme, trafic de drogues de tous les genres, instabilité sociale et multiplication de la criminalité. Voilà ce que semble ne pas comprendre les médias espagnols : la distinction entre ce qu’on peut appeler un intérêt euphorique qui tient compte des aspirations des deux partenaires en question et un intérêt dysphorique dans lequel le parti fort cherche toujours à se tailler la part léonine des affaires communes. Voilà pour les médias espagnols les véritables motivations de leur rage incontrôlée, et les soi-disant droits de l’homme ne sont que pures verbigérations et mystifications face à un Maroc qui n’a qu’une alternative : la paix

Quant à nos voisins de l’est, ils s’inscrivent quasiment dans la même logique hégémoniste, sauf que les Espagnols sont, disons, un pays puissant, alors que les Officiels algériens, animés par un complexe de supériorité, gigotent mal dans une apparence de puissance qui ne leur sied guère pour la simple raison qu’elle n’est pas taillée à leur mesure, sinon, à force de s’y cramponner, ils offrent une image grotesque dont la seule vertu est de les bien réconforter dans un ridicule outrancier. La junte militaire, car ce sont les généraux qui mènent la valse politique en Algérie, ce qui n’est un secret pour personne à moins qu’il ne soit celui d’un polichinelle, fait le même amalgame que ses ainés espagnols, en ce sens qu’elle distingue mal le bon intérêt du mauvais. Et pour cause, les choix socio-économiques faits par le Maroc la gênent aux entournures. C’est encore là une autre évidence qui n’a rien de génial et rien à démontrer. De fait, un Maroc qui a eu le courage de se débarrasser de ses oripeaux du passé, qui a opté finalement pour une politique de réconciliation, de participation et d’ouverture, qui a fait de la démocratie un but à atteindre est plutôt un mauvais exemple pour nos voisins militaires qui ne sont guère disposés à commercer avec ce genre de politique. Devant les choix d’ouverture amorcés par le Maroc, les généraux d’Alger semblent allergiques à ce vent si doux qui commence à souffler sur eux du coté sud. Que ne feraient-ils pas pour le juguler ? Et puis, doivent-ils se demander, tout enragés, qu’est ce que nous avons à faire avec une démocratie qui permettrait avec le temps aux va-nus-pieds de nous demander des comptes et de chercher à partager avec nous les recettes du gaz et du pétrole, et qui sait, peut être plus tard le pouvoir ? C’est vrai qu’au Maroc tout n’est pas encore clair, et c’est là aussi une évidence que personne ne peut controverser, mais le Maroc a eu au moins le mérite et le courage politique de se reconnaître malade, et c’est incontestablement cela même qui constitue le début de sa thérapie. Les généraux algériens affichent des slogans qu’ils ont mal hérités d’une forme de socialisme éculé et dégradé en prétendant apporter leur soutien au peuple sahraoui qui est soi-disant occupé par des forces marocaines. Haro sur les mystificateurs. Depuis quand un tortionnaire peut-il se complaire sous le masque d’un défenseur des droits des opprimés ? Depuis quand des généraux hostiles au dialogue, hostiles à la démocratie, hostiles à l’entente, hostiles au respect du voisinage, mus quasi exclusivement par l’amour du gain et de la possession, peuvent –ils supporter la transparence et la clarté ? Tels des taupes ou des achromates, ils sont insensibles à tout ce qui est clair et préfèrent toujours pêcher dans les eaux troubles. Pour preuve, citons ce campement de la honte installé de manière éhontée par les autorités algériennes à Tindouf pour appâter puis séquestrer des Sahaouis afin de les embrigader et en faire des mercenaires condamnés à saboter la marche de la vérité entreprise par le Maroc. Que les Politiques algériens sachent que leurs manœuvres mystificatrices sont ridicules et inopérantes et qu’ils ont beau essayer de nuire au Maroc, ils finiront par se cogner la tête contre le mur de la déception, car notre pays s’est volontairement condamné dans cette voix irréversible et à sens unique qui est celle du développement, de la transparence et du respect de la gent humaine. Les généraux algériens, de connivence avec le parti du peuple espagnol, auront beau ourdir les complots les plus diaboliques, ne lésinant sur rien pour amener le parlement européen à voter une loi demandant à l’ONU de mener une enquête sur les incidents de Layoune, ils auront en tous les cas, et malgré toutes leurs manipulations, raté le coche. Cette résolution européenne semble avoir eu un effet de boomerang, pour la simple raison, d’une part que celle-ci à peine votée que déjà des palinodies se chantent ça et là et que certains parlementaires avouent ne pas comprendre cette prise de décision hâtive, d’autre part, et cela est à nos yeux à la fois primordial et inespéré, il faut dire que jamais cette ligue algéro-espagnole ne nous aura si bien servi. Quelle ironie du sort quand le sorcier devient subitement victime de ses sortilèges et de ses mystifications ? En effet, jamais occasion n’a été donnée à tous les Marocains de montrer au monde entier une solidarité exemplaire, un engagement sans limite, une abnégation irrésistible, une foi inébranlable dans la défense de notre intégrité territoriale, une force de caractère à faire pâlir les plus nantis, gommant, comme par miracle, toutes les rivalités politiques, annihilant tous les clivages socio-économiques, neutralisant toutes les ambitions personnelles, et cela non seulement à l’intérieur du pays, mais dans tous les quatre coins du monde. Jamais autant de potentialités n’auront eu l’occasion de se manifester si la bêtise mystificatrice du front algéro-espagnol ne les avait involontairement autorisées, ce qui s’est montré de manière translucide au cours de cette grandiose Marche de la Vérité (un remake de la Marche Verte) organisée magistralement à Casablanca le 28 novembre 2010.

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