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La Démocratie
28 juin 2003, par Raed Marrakchi

Ce mot qui chante ,selon Paul Valéry, fait aussi tomber des milliers de tonnes de bombes sur un pays et amène des peuples à la révolte.

Pouvant être jeune ou vieille, la démocratie serait elle un vampire qui , en vieillissant ,a besoin de sang humain frais pour se retrouver une nouvelle jeunesse ?

La démocratie a-t-elle le même sens pour un multimilliardaire du Texas que pour un SDF du Bangladesh ?

Il y a eu de grandes civilisations anciennes qui ont vécu plusieurs milliers d’années avant nous et qui n’ont pas connu de démocratie, pourtant leurs empruntes suscitent de nos jours la curiosité et l’admiration de plusieurs chercheurs.

Pourquoi parle -t-on donc, actuellement, de la démocratie comme étant un standard majeur de la civilisation contemporaine ?

La vie en société est la principale caractéristique de l’être humain qui est à l’origine de l’évolution de son espèce et de sa suprématie sur les autres habitants du globe terrestre.

Le savoir de l’homme qui a été accumulé et qui n’a cessé de se développer dans tous les domaines est devenu depuis déjà longtemps incontenable dans le cerveau d’une seule personne malgré tout le génie qu’elle peut avoir.

C’est là une première raison pour concevoir un système efficace d’organisation des relations humaines avec un partage des rôles permettant à chacun d’apporter sa contribution intellectuelle au développement de l’humanité.

La rareté des ressources naturelles et le savoir de l’homme ont fait que l’économie mondiale devient de plus en plus immatérielle ; c’est ainsi, à titre d’exemple, que dans une très grande partie du monde, le prix qu’on paye pour acheter de la viande de poulet contient 70% de services informatiques.

L’homme dont la très grande partie de l’activité quotidienne est intellectuelle peut difficilement accepter de se soumettre à un pouvoir humain auquel il ne participe pas et même s’il est contraint de l’accepter, il ne peut pas donner le mieux de lui-même.

Cette organisation en société nécessite l’existence d’un pouvoir accepté par tous.

Ce pouvoir était basé sur la force physique puis était confié aux messies de Dieu et hommes des religions qui les ont suivis mais la rapidité de l’évolution de l’homme et l’incapacité des religions ou plutôt de ceux qui parlent en leurs noms à proposer des projets de société cohérents unanimes et répondants aux aspirations des citoyens ont conduit au rejet des pouvoirs qui se réclament de la religion et à l’émergence des démocraties, systèmes d’organisation de l’accès au pouvoir et de la gestion d’un pays dans lequel chaque citoyen participe.

Il y a eu plusieurs tentatives de définition de la démocratie dont la plus célèbre est celle de Lincoln qui l’a définie comme étant le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple.

Toutefois cette notion abstraite ne peut être perçue que par ses effets concrets.

L’état démocratique, personne morale, prend en charge de façon permanente certaines attributions d’un groupe humain, avec la participation et le consentement de chaque membre de ce groupe.

Ces humains connaissent l’amour, la haine, l’égoïsme, la générosité, l’agressivité, la bonté, le sacrifice, la foi, l’ambition, la passion ,….

C’est ce mélange dynamique qui fait la richesse de l’homme ,le problème est donc de savoir quelles sont ces attributions dont se charge l’état démocratique , dans quelle mesure ce système, dit démocratique, reflète-t-il la volonté du groupe qu’il gère et enfin de quelle façon ces démocraties se comportent elles entre elles ?

Nous essayons de répondre à ces questions en analysant en première partie la pratique démocratique de gestion du pouvoir au sein d’un état donné (I) et en étudiant en deuxième partie le monde des démocraties et les lois qui régissent les relations entre états (II).

I-Pratiques démocratiques de gestion du pouvoir au sein d’un état

La démocratie est balisée par deux extrêmes , d’une part l’anarchie qui résulte d’une dilution du pouvoir dans lequel la recherche de la liberté se fait au dépend de la sécurité, d’autre part la dictature d’un pouvoir concentré en une ou une minorité de personnes , pouvoir caractérisé par une absence de liberté sous prétexte de sécurité .

Entre ces deux extrêmes nous essayerons de définir la démocratie comme étant un consensus collectif structuré et indépendant des personnes entre la liberté et la sécurité des citoyens d’un état accepté par la communauté internationale (A) , nous analyserons par la suite les techniques de la pratique démocratique (B).

A-La démocratie, consensus collectif structuré et indépendant des personnes entre la liberté et la sécurité des citoyens d’un état accepté par la communauté internationale.

Les aspirations de l’homme sont multiples et souvent contradictoires , l’homme veut jouir de toutes les libertés mais n’aime pas et ne peut pas vivre seul, Ibn Khaldoun disait « l’homme est social par essence » , Aristote , de son côté, définit l’homme comme étant « un animal politique »

Cette vie en société nécessite l’acceptation de certaines contraintes, en effet la liberté de l’un ne doit pas porter atteinte à celle de l’autre sinon c’est la confrontation et l’insécurité qui détruit la liberté .

L’ensemble de ces contraintes est exercé par un pouvoir central qui , pour éviter de se transformer en une dictature doit être démocratique c’est à dire se conformer à tout moment à la volonté de la majorité tout en assurant la liberté des minorités mais cette volonté n’est pas statique , en faisant le choix des personnes à qui est confié le pouvoir de contraintes communes tout électeur aspire au maximum de liberté et de sécurité .

C’est essentiellement sur ces deux thèmes que se concentre le dialogue entre gouvernants et gouvernés.

Les exemples ou , en réponse à une demande de plus de liberté, une diminution de la sécurité permet de revenir à la situation initiale ne sont que trop nombreux !

De même , certains gouvernants n’hésitent pas à augmenter artificiellement l’insécurité pour justifier un élargissement de leur pouvoir au dépend de la liberté des gouvernés ; la désignation ou la création d’un ennemi auquel on endosse la responsabilité de l’insécurité est une pratique courante pour justifier la restriction des libertés.

Ce phénomène ancien s’est accentué avec la grande influence de l’électorat féminin et des personnes âgées, très sensibles aux problèmes de sécurité, qui sont devenus majoritaires surtout dans les pays développés à tradition démocratique.

Ce consensus doit être structuré et indépendant des personnes .

C’est la structure qui doit donner la légitimité aux personnes au pouvoir et non pas le contraire .

L’ancienne Yougoslavie est un exemple d’un consensus établi autour de la personne de Tito qui s’est effondré après sa mort.

De même, on ne peut pas parler de démocratie quand la constitution (sommet de la hiérarchie des lois) change avec chaque nouveau chef d’état.

Toutefois , cette analyse locale devient de plus en plus insuffisante avec la mondialisation que nous vivons actuellement.

En effet, la sécurité a plusieurs composantes : militaire, alimentaire, financière,intellectuelle , économique, culturelle,…

Une jeune démocratie dans un pays en voie de développement ne peut pas assurer la sécurité de ses citoyens nécessaire à sa survie si elle est mal acceptée par la communauté internationale et les organisations internationales comme le FMI, la banque mondiale,..

Elle serait combattue par une multitude de moyens, financiers, économiques, politiques (comme l’incitation des minorités à se soulever avec l’appui de telle ou telle superpuissance).

Les gouvernants, dans ces pays , doivent se conformer aux directives de ces organisations internationales (qui deviennent de plus en plus nombreuses) et aux aspirations des gouvernés.

C’est souvent une équation très difficile à résoudre, ils sont donc ainsi , en général, amenés à ignorer les aspirations de leurs citoyens et à mettre en place une structure d’oppression en bafouant les principes les plus élémentaires de libertés et de justice.

Il essayent de justifier ces pratiques par la spécificité du facteur humain de leur pays .

La démocratie apparaît ici comme une simple mise en scène .

Ce phénomène est accentué par les incitations à la corruption des multinationales qui prennent un caractère officiel et reconnu par les pays développés.

Et comme les extrêmes s’attirent, la corruption appelle l’intégrisme ce qui accentue l’oppression et la déchirure sociale ne fait que s’accentuer , ces régimes virent ainsi vers la dictature des services de sécurité et la dépendance totale vis à vis de telle ou telle superpuissance protectrice.

A l’opposé, en voulant éviter la concentration du pouvoir qui mène à la dictature, on risque de tomber dans l’autre extrême, à savoir la dilution du pouvoir qui conduit à l’anarchie.

Quelles sont donc les techniques qui permettent d’éviter ces deux extrêmes ?

B-Les techniques de la pratique démocratique.

Platon et Aristote ont définit la démocratie comme étant le pouvoir de tous.

Mais comment le peuple peut il exercer le pouvoir ?

Le pouvoir ne peut en réalité être exercé que par une minorité qui, dans une démocratie, représente la volonté des citoyens , les structures démocratiques doivent empêcher ce pouvoir de virer vers la dictature , la nature humaine est telle que celui qui détient le pouvoir est tenté d’aller jusqu’au bout de son pouvoir.

Le pouvoir doit être arrêté par le pouvoir.

Pour cela on ne peut pas parler de démocratie sans séparation de pouvoirs , c’est de ce principe édicté par Montesquieu et des idées de J.J Rousseau que se sont inspirés les plus vieilles démocraties contemporaines.

En l’absence d’une séparation du pouvoir , la minorité qui l’exerce , même si à la base elle était représentative des citoyens , vire vers la dictature , c’est le cas des régimes communistes.

Les états démocratiques qui n’ont pas adopté la politique du marché ont la plus part du temps viré vers la dictature, la Chine et l’Iran ont une conception très spécifique à chacun d’eux de la vie politique qui évolue lentement vers un plus grand respect des libertés individuelles.

L’indépendance de la justice est à la base de la démocratie et par voie de conséquence de la vie en société comme le dit Ibn Khaldoun.

Certains droits bénéficient même d’une garantie internationale tels que les droits de l’homme.

Les premières pratiques démocratiques ont commencé par une nette séparation entre les pouvoirs exécutifs et législatifs.

La crise économique de 1929 et la généralisation de l’approche économique keynésienne qui l’a suivie et qui préconise l’intervention active de l’Etat dans la vie économique par le choix de la politique monétaire et budgétaire a amené les opérateurs économiques à s’intéresser davantage au pouvoir politique et à accéder et maîtriser les structures d’organisation et d’exercice du pouvoir dans une grande partie des pays démocratiques.

Le principe de séparation des pouvoirs est devenu ainsi la plupart du temps une simple illusion.

Le choix des citoyens est souvent limité entre deux partis .

Le scrutin majoritaire à un seul tour ne fait que renforcer les gros partis et la bipolarisation.

La volonté ne va plus de la base de la pyramide du pouvoir vers son sommet mais du sommet vers la base.

A titre d’exemple, les sondages montraient que la majorité des Britanniques étaient contre la guerre en Irak alors que le gouvernement la défendait.

Aux USA, le coût très élevé de la compagne électorale limite davantage l’accès à la vie politique à une petite minorité.

Officiellement la présélection des candidats aux présidentielles Américaines se fait avec la participation de seulement 20% des électeurs.

En tenant compte de l’existence de deux partis, il y a uniquement 10% des électeurs qui se prononcent pour Le Président des USA.

Ce pourcentage devient nettement plus faible quand on tient compte de la sélection financière. En fait, la démocratie apparaît ainsi comme la liberté et la sécurité absolue pour le capital.

La réduction de la durée des mandats présidentiels et parlementaires fait qu’on est la plus part du temps en compagne électorale.

Cette méthode est psychologiquement efficace puisque le citoyen s’exprime tout le temps sur la vie politique sans avoir réellement beaucoup de choix.

Parallèlement à cette vie politique apparente très dynamique des partis, électeurs et élus, il y a une autre structure statique qui assure la continuité de la gestion du pays constituée par les services de renseignements et les médias, un couple d’information- désinformation.

Les médias jouent ainsi un grand rôle en manipulant l’opinion publique de façon à la détourner des vrais causes des problèmes sociaux et en trouvant des « pseudo-responsables » qui sont souvent les étrangers dans les pays développés et les intégristes dans les pays du tiers monde en plus de la récession mondiale.

Il est paradoxal de constater qu’alors que l’espérance de vie de l’homme et la quantité de savoir dans tous les domaines ne cessent d’augmenter, la durée des mandats électoraux dans les pays démocratiques ne fait que diminuer.

L’élu a juste eu le temps de prendre conscience des problèmes posés quand son mandat arrive à sa fin. En fait , il ne voit rien , il ne fait que suivre le chemin que lui indique les groupes de pression et les organisations occultes qui monopolisent toute les décisions .

Ces lobbies sont arrivés à utiliser le politique pour prendre en main et maîtriser les services de sécurité et les médias.

La concurrence politique se joue sur l’intérêt à court terme ce qui fait que les élus sont la plus part du temps contraints de distribuer de l’argent à leurs électeurs pour les satisfaire. Cet argent il faut bien le prendre quelque part sans faire de mécontents par mis les électeurs ! On va donc le chercher , soit de chez les non électeurs, c’est à dire à l’étranger par l’hégémonie qu’on exerce sur les états les plus faibles, soit en privatisant des entreprises publiques ce qui ne fait que renforcer la main mise du capital sur les structures de la vie commune.

La démocratie permet aux hommes de s’organiser en groupes (états) qui les remplacent dans les rapports internationaux, mais comment se comportent ces démocraties entre elles ?

II- Le monde des démocraties et les lois qui régissent les relations entre états

Ces personnes morales issues de l’homme appelés états démocratiques sont dotées de plusieurs prérogatives graves pour l’humanité, il est donc important de donner une description humaine de ces démocraties (A) et d’étudier les lois qui régissent les relations entre états (B)

A-Description humaine des démocraties

Comment peut on décrire ces personnes morales appelés états démocratiques et quels sont les instincts qui guident leur comportement ?

Charles de Gaulle , un des grands hommes d’état du 20 ème siècle pour lequel la morale avait de l’importance disait pourtant que dans les rapports entre états , il n’y a que les intérêts qui comptent.

L’égoïsme est donc le premier instinct dont l’homme a doté cette personne morale qui le représente.

Ceci est valable aussi bien dans les régimes communistes qui ont viré vers la dictature d’une minorité avant de s’effondrer (au nom d’une lutte des classes autour d’intérêts financiers ) que dans les régimes des vieilles démocraties occidentales ayant adopté la politique du marché .

En effet , le système économique actuel basé sur la compétitivité et la recherche du profit se sert de l’égoïsme et de l’ambition de l’homme comme pilier du développement économique et social.

En fait à la naissance de la démocratie, le politique se plaçait au dessus de l’économie et de tout ce qui est matériel car il a une vision beaucoup plus large , l’état est concerné par les vivants mais aussi par les morts et les futurs nés, la terre , la religion et l’histoire font partie des préoccupations du politique ; c’est de là qu’on puise généralement l’énergie nécessaire au maintien de la cohésion et l’harmonie entre les citoyens d’une même nation.

L’homme politique était au dessus et indépendant du circuit économique mais ceci a changé avec l’intérêt que portent les opérateurs économiques au pouvoir .Désormais on investi dans les partis politiques comme on investi dans une entreprise économique de laquelle on attend le retour de son investissement , c’est ainsi que le coût des compagnes électorales a considérablement augmenté et l’argent a pris une grande place dans les décisions politiques.

Tout ce qui intéresse les décideurs politiques des grandes puissances démocratiques c’est de donner plus de liberté et de sécurité au capital , au lieu de chercher les facteurs d’union et de cohésion on cherche à exploiter les divergences et différences afin de maintenir un équilibre .

Toutefois , Victor Hugo disait : « Mettre tout en équilibre , c’est bien ; mettre tout en harmonie , c’est mieux. »

Par ailleurs, l’homme animé par une agressivité naturelle comme le soulignait Kant , a été obligé de maîtriser cet instinct afin de pouvoir vivre en société mais sans toutefois le tuer, il se manifeste dans le sport , dans la compétitivité professionnelle et bien sur dans les rapports entre états.

Cette agressivité réprimée par la loi dans les relations entre personnes physiques est libérée et tolérée dans les relations entre états.

Les propos des jeunes soldats Américains qui s’impatientaient de pouvoir tuer des Irakiens en est une illustration .

L’état démocratique est donc agressif et égoiste mais comment raisonne-il ?

Les décisions dans ces états démocratiques sont prises par des hommes politiques motivés par des rendez vous électoraux de plus en plus rapprochés et qui n’ont pas suffisamment de recul pour voir à l’échelle d’un état , donc plus loin que la vie d’un homme.

Les hommes politiques ne représentent en fait que l’habit, les yeux et les cerveaux de ces personnes morales sont les services de sécurité qui dans certains cas créent l’événement , se chargent de l’enquête et présentent les conclusions qui sont repris par les hommes politiques et qui motivent généralement d’autres actions programmées d’avance.

Il est vital pour l’humanité que les services de renseignement et les médias soient entre les mains de personnes responsables, la raison est loin d’être le monopole du capital et encore moins du capital investi dans la fabrication d’armes de guerre !

Le monde des démocraties est en train d’évoluer vers un monde ou seuls les services de sécurité et les désespérés ont la parole, la raison a de moins en moins de place dans les décisions politiques .

La justice constitue la conscience de ces personnes morales, les membres de la cour suprême, plus haute instance juridictionnelle dans la plus vieille démocratie du monde sont nommés à vie par le président de la république .Les hommes politiques passent mais sont utilisés pour placer d’une façon permanente des personnes dans les postes qui constituent les organes vitaux de l’état.

Les pratiques actuelles sont parfois démunies du minimum de bon sens : comment peut on promouvoir la paix dans le monde alors qu’on laisse l’armement entre les mains de groupes privés qui, pour des raison de Marketing industriel, utilisent les pratiques démocratiques pour accaparer la décision politique et agir exactement dans le sens contraire ? L’occupation actuelle de l’Irak par les forces armées des USA et de l’Angleterre basée sur des informations , non confirmées à ce jour, fournies par les services de sécurité en est une flagrante illustration. Qui en a profité ? Les fabricants d’armes de guerre en premier plan et les pétroliers en second plan.

Ces états, personnes morales égoïstes et agressives sont régies par quelles lois ?

B-Lois qui régissent les relations entre états

Les lois qui régissent les relations entre les citoyens d’un même état ne peuvent pas servir de base pour organiser les relations entre états. Il est donc difficile de s’inspirer de l’histoire des relations entre hommes pour faire des prévisions sur l’évolution des relations entre ces personnes morales que sont les états « démocratiques ».

En effet , les hommes sont dotés de capacités physiques et intellectuelles semblables ce qui n’est pas le cas des états démocratiques ou il y a une très grande disparité entre les états , en plus, la mondialisation actuelle fait que les contraintes qui pèsent sur les plus faibles conditionnent leur volonté.

La prise de conscience par les hommes de leurs intérêts et des limites de leur force les a amené à accepter la vie en communauté dans un état démocratique ; on imagine mal une démocratisation des relations inter étatiques en l’absence d’une démocratisation au sein des états et surtout des plus faibles car les états qui ne sont pas démocratiques ne sont pas conscients de leur intérêt, ce qui compte dans ces états ce sont les intérêts des gouvernants qui sont facilement conciliables avec ceux des autres états puissants.

On imagine aussi mal l’apparition d’Etats messies de Dieu même si certains veulent bien le laisser comprendre ainsi !

En l’absence d’une force de contrainte mondiale supra étatique qui assure l’ordre, les relations internationales sont régies par les lois naturelles « la loi de l’état le plus fort est toujours la meilleure »

La plus grande puissance démocratique régie par la politique du marché ne veut pas d’états dotés d’un instinct autre que l’égoïsme , l’existence de l’URSS et la peur de la propagation du communisme ont été à l’origine de la création du plan Marshall de développement de l’Europe .

L’antagonisme des deux superpuissances (USA-URSS) assurait un certain équilibre mondial qui favorisait le développement économique et social considéré comme étant un rempart contre le communisme. Avec l’effondrement de l’URSS, l’intérêt à court terme dicte le langage de la force pour régler tous les problèmes.

D’autre part ,entre états, seuls les intérêts et généralement uniquement les intérêts à court terme comptent alors que les hommes connaissent plusieurs autres sentiments qui motivent leur comportement, l’amour , la passion et la foi font parfois des miracles qu’on ne peut pas réaliser par la force physique.

L’humanité a besoin de développer d’une façon harmonieuse l’énergie intellectuelle de tous les hommes qui constitue sa principale richesse .

De ce point de vue, nous avons beaucoup à apprendre de l’univers des abeilles et des fourmis.

Il est vital pour tous les hommes de se forger une morale commune basée sur la raison qui permet de libérer le savoir et d’assurer la paix qui ne peut être basée que sur la justice.

On peut obtenir beaucoup de choses par la force mais on ne peut jamais forcer le génie et le savoir .

Les technologies modernes permettent d’avancer de plus en plus rapidement dans le savoir mais peuvent aussi être à l’origine d’une destruction rapide de tous ses acquis de milliers d’années .

Les Mathématiques et la Physique créent peut être beaucoup de billets d’argent mais les sciences humaines constituent le sac qui permet de les contenir et les protéger.

L’égoïsme, l’agressivité et la force est un mélange destructif qui a coûté très cher à l’humanité , les religions sont venus mettre de l’ordre dans ces relations entre hommes et ont contribué en grande partie au développement de l’énergie humaine dans le sens de l’universalisme en donnant de la valeur à la foi , à l’amour et à la passion mais nous avons vu qu’avec le temps les pouvoirs religieux ont été infiltrés et utilisés pour satisfaire les instincts égoïstes de l’homme.

La religion a ainsi été écartée du pouvoir, Michel Serres a dit alors : « Depuis que Dieu est mort ; ne nous reste que la guerre »

« Le règne de Dieu sur terre que Kant peut qualifier de religion de la raison implique que s’effectue graduellement un progrès de l’espèce…En ce sens le progrès religieux de l’homme figure, représente le progrès historique de l’espèce vers la communauté et la paix perpétuelle. »

Ces dinosaures démocratiques aveugles (puisqu’ils ne voient pas plus loin que la durée des mandats électoraux !) risquent de conduire l’humanité au désastre par leur égoisme et leur agressivité animales .

Peut on doter ces dinosaures de la raison ? L’idéal serait comme l’a dit Freud que le monde soit soumis à la dictature de la raison !

Doit on créer une déclaration internationale des devoirs comme le préconise Roger Garaudy ?

Même si ceci est possible qui pourrait contraindre ces états à s’y conformer ?

Les techniques démocratiques, ne permettant pas de transmettre la foi, la passion et l’amour à ces états démocratiques, il faudrait donc faire de sorte que ces démocraties agissent pour la recherche de l’intérêt , non pas de court terme mais de long terme.

En effet , à court terme , les plus forts ont peut être intérêt à prendre les richesses des plus faibles mais ,à long terme, ils ont intérêt à les aider à développer leurs richesses, ils en profiteraient beaucoup plus.

Le plus fort n’hésite pas à imposer sa loi et s’il y a plusieurs grands ils essayent de se partager les décisions, le veto Américain dans le FMI et les veto des cinq membres permanents des Nations Unies en sont une illustration flagrante.

La politique des deux poids et deux mesures montre que les lois sont faites uniquement pour donner un aspect légal à l’hégémonie du plus fort.

Ce système permet de préserver la paix à court terme puisqu’il légalise l’hégémonie du plus fort.

Pascal disait :« Sans doute, l’égalité des biens est juste ; mais ne pouvant faire qu’il soit force d’obéir à la justice, on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble et que la paix fût, qui est le souverain bien » .

Est ce que cette paix est la paix ?

Lévinas répond « La paix ne peut s’identifier avec la fin des combats qui cessent faute de combattants, par la défaite des uns et la victoire des autres, c’est -à-dire avec des cimetières ou les empires universels futurs. La paix doit être ma paix, dans une relation qui part d’un moi vers l’autre. »

Une paix qui n’est pas basée sur la justice alimente le désespoir et le terrorisme qui justifie le renforcement du pouvoir des services de renseignement et de sécurité au dépend des prérogatives des hommes politiques .On assiste actuellement à une mondialisation des services de sécurité et une marginalisation du politique porteur de raison.

Raed MARRAKCHI
Divergences.net©

Messages

  • Je félicite Monsieur Marrakchi pour avoir si bien conduit son article argumenté d’illustrations internationales parfaitement choisies.

    Ces idées rejoignent religieusement celles de Jean-Jacques Rousseau dans l’oeuvre" les sciences et les arts" qui relate que nous avons décidé de prendre, nous-memes, le chemin de notre propre destruction avec nos merveilleuses et étonnantes inventions.

    La démocratie, au lieu de nous arranger notre vie sociale, nous enlève toute notre liberté, elle crée l’insécurité à l’échelle mondiale au lieu de garantir la sécurité sociale. Le dernier enfant qui a vu le jour de ses entrailles est la globalisation.
    Cette dernière représente le dernier fléau dévastateur qui disparaitra le monde à petit feu car ce n’est qu’une stratégie à bénéfice unilatérale qui impose une mode de vie sociale, politique ,économique et culturelle par une minorité au monde entier.

    Alors, Monsieur Read Marrakchi, chapeau !

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