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Faut-il encore faire confiance au suffage universel ?
30 septembre 2010, par Jean Suzon

Comment faire confiance au suffrage universel lorsque l’on constate qu’il conduit nos gouvernants à agir en fonction des sondages avec une prime aux idées les plus simplistes. Bien sûr ces idées-là sont celles d’une partie du peuple français et l’on se demande au nom de quoi on s’interdirait d’y répondre. On peut se dire également que les idées simplistes sont de tous les bords et qu’elles s’équilibrent entre elles. Et puis, après tout, gouverner en fonction des sondages n’est-ce pas répondre aux voeux du plus grand nombre ? Comme le marketing prétend répondre aux voeux des clients, le politique prétend répondre ainsi aux vœux des citoyens.

C’est oublier que le marketing est là pour vendre des produits quoi qu’il arrive, quitte à se plier aux modes et qu’il dispose d’une force de persuasion appelée publicité, pour ne pas dire propagande, qui lui permet d’influer fortement sur le désir d’acheter, y compris des produits totalement inutiles voire néfastes. De la même façon le politique, par intérêt de classe ou sous la pression des lobby financiers, oriente l’opinion, elle-même déjà sous l’influence des puissances d’argent auxquelles la télévision offre des cervaux disponibles.

Tant que la télévision et les médias appartiendront à quelques-uns ce sont eux qui décideront et non le plus grand nombre, le suffrage universel a été inventé à une époque où la télévision n’existait pas et où la presse était lue par une minorité, aujourd’hui il est piégé et devient même néfaste puisque son maintient permet à ceux qui détiennent les moyens de communcation de détenir le vrai pouvoir en décérébrant le maximum de citoyens. Là où il devait permettre que s’exprime la liberté de penser, il conduit tout au contraire à un lavage de cerveaux des plus efficaces.

Triste liberté que celle de ces citoyens que l‘on contraint à travailler toujours plus pour leur voler le temps de la réflexion ! de ces citoyens que l’on prend en otage pour s’assurer le pouvoir en leur faisant croire qu’il n’y a pas d’alternative crédible aux sacrifices qu’on leur impose. Et tout ça pour maintenir l’illusion qu’avec leurs bulletins de vote ce sont eux qui ont le vrai pouvoir.

Comme le libéralisme qui prétend que s’affranchir des passions des hommes conduit nécessairement à une économie de pénurie et qu’il vaut mieux faire confiance à l’appât du gain qu’à une quelconque planification de l’économie, le suffrage universel serait un pis allé qui permettrait d’échapper à l’appropriation du pouvoir par une quelconque dictature qu’elle soit celle d’un roi, d’un tyran ou d’une classe sociale. On voit bien que cela est faux.

Mais si le suffrage universel est une véritable farce, lui seul permet à chacun de se sentir responsable et de garder la capacité de faire appel à son libre-arbitre, aussi la tentation de l’abandonner pour tout autre système de gouvernance si elle ne cesse de nous titiller nous entrainerait dans une régression dont il serait encore plus difficile de se défaire.

Au fond ce n’est pas le suffrage universel qui est en cause, c’est son appropriation par une caste qui n’a d’autre ambition que d’accumuler toujours de plus en plus d’argent. La seule façon d’imposer son retour efficace c’est de se réapproprier le temps de la réflexion, c’est pour cela que le combat pour la retraite leur parait si important, pas pour des raisons d’équilibre financier, qu’ils ne souhaitent d’ailleurs rétablir qu’en nous le faisant payer, mais pour nous priver du temps de la réflexion, pour que l’on travaille plus et réfléchisse moins. Un peuple qui réfléchit c’est extrêment dangereux, des retraités jeunes vous pensez bien que ce serait une bombe à retardement !

A nous de le prouver : refusons de nous faire décérébrer par le travail - tel qu’ils l’entendent - et la télévision.

A ce propos on pourra lire avec intérêt la réponse circonstanciée d’A. de Montebourg à TF1

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