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Média paranoïa - L Joffrin - Seuil
8 février 2010, par M. Bonnafoux

Il y a tout juste un an, Laurent Joffrin, le directeur de la publication et de la rédaction de Libération publiait un réquisitoire envers ceux qui remettent en cause, de manière permanente, les médias.

Dans son seizième livre, Laurent Joffrin part en guerre contre ceux qui affirment que les médias mentent, que les médias sont sous contrôle ou encore que les médias propagent une pensée unique. Un écrit sous forme de reproche vis-à-vis de citoyens Français de plus en plus réticents à l’égard des médias.
Comme le montre ce sondage annuel (publié il y a quelques jours), réalisé par TNS-Sofres / Logica / la Croix, 66% (soit +5% par rapport à 2009 et 9% par rapport à 2008) des personnes interrogées pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques et du pouvoir.
Pour l’auteur, il s’agit alors de renverser une à une les thèses anti-médias. L’argument selon lequel la presse en France est entravé et restreinte au niveau du choix lui semble insupportable ; il prend l’exemple du kiosque à journaux qui propose une large sélection de l’Humanité à Présent, de la diffusion radio allant de Beur FM à Radio Courtoisie ou des programmes de télévision de M6 à Arte.

La média-paranoïa est la pathologie de la critique des médias.

S’il précise que les médias saturent l’espace public, il n’oublie pas de rappeler que
«  l’opinion n’est certainement pas cette page blanche sur laquelle les journalistes peuvent écrire ce qu’ils veulent ».
De nombreux exemples dans l’histoire politique récente comme le Non à la Constitution Européenne tendent à montrer que même lorsque la plupart des grands médias favorisent un parti, une idée, cela ne se répercute pas nécessairement sur les résultats. Malgré les erreurs qui amoindrissent le sérieux et la popularité des médias, le directeur qu’il est n’hésite pas à rappeler que celles-ci sont souvent minimes et que la vérité n’est jamais loin.
Toutefois, le ton est bien différent lorsqu’il critique avec sévérité certains de ses confrères qui se moquent de la déontologie. Réprobations acides également pour tout ceux qui font ce métier de manière très complaisante. Ainsi, dans ses 128 pages, l’écrivain ne cesse de répéter que les mauvais journalistes renforcent les dénonciateurs de la dépendance économique, politique, sociétale des médias.

Cet essai permet de mieux comprendre l’environnement des médias et des rédactions. Néanmoins, comme le dit Laurent Joffrin dans une partie de sa conclusion, pour ceux qui rêvent aujourd’hui d’exercer le métier de journaliste, il reste un beau combat à livrer :
«  L’indépendance de l’information n’est pas un rêve perdu, pas plus qu’une réalité tangible sur laquelle on pourrait se reposer comme sur des lauriers. Elle est un combat. Un combat qui doit d’abord être livré par la profession elle-même. On l’aura compris à la lecture de ce court texte : c’est la culture journalistique française qui est d’abord en cause, plus que les menées maléfiques du grand capital, la « connivence » avec les hommes politiques ou les conformismes de « la pensée unique ». En oubliant trop souvent ses propres règles, en manquant de vigilance, en négligeant ses propres institutions, le journalisme français a commis trop d’erreurs, entamé le respect du public et provoqué l’apparition de la média paranoïa. »

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