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Travailler moins pour produire moins.
29 mars 2009, par C. Jésar

Et si la crise était une chance, non pas une régression mais au contraire une avancée ?

On entend parfois dire que l’écologie est moralisatrice, culpabilisante...il faut réagir parce que sinon nous allons tous mourir etc. … et ce discours se surajoute au discours mortifère et au catastrophisme des médias, vous avez remarqué à quel point on est envahi par les produits destinés aux vieux (les seniors dit-on dans un langage qui se cache derrière son petit doigt) et par les informations d’organismes plus ou moins gouvernementaux chargés de la prévention du cancer ou des accidents de la route. Sous prétexte de nous éviter le risque on le surdimensionne en permanence, la tentation alors est grande de se dire à quoi bon, et de conclure après moi le déluge.

Mais c’est justement cette folie-là qu’il faut combattre. A force de se faire peur et de parler sans cesse de la mort sans jamais la nommer, on en vient à ne plus voir qu’elle et à tenir pour négligeable tout ce qui nous en sépare. C’est à dire la vie ! Le discours écologique plus que jamais s’inscrit dans un discours de pureté mortifère. Il vient compléter les assertions hygiénistes des marchands de lessives, il faut supprimer toute pollution, et pourquoi pas ne plus respirer puisque nous rejetons du CO2.

Assurément si nous continuons dans cette voie nous privilégions la régression plutôt que le changement de cap, nous nous flagellons en ne cessant de nous répéter que nous sommes responsables d’une catastrophe qui n’est pas encore arrivée. Ce qui ne nous empêchera pas de poursuivre notre fuite en avant. Le moteur va continuer de tourner et nous allons appuyer sur le frein tout en maintenant le pied sur l’accélérateur.

La vie suppose folie et gaspillage. Mais elle suppose aussi plaisir, sans plaisir le gaspillage n’est même pas possible. Essayez donc de faire autrement. Et aujourd’hui le seul plaisir qui reste, le seul qui soit valorisé c’est celui de gagner et/ou de dépenser de l’argent. Travailler plus pour gagner plus, pour dépenser plus, pour que l’on produise toujours plus. Plus personne n’y prend plaisir.

Le gaspillage en soi, la production en soi, ça n’a aucun sens, le sens ce n’est pas la profusion, c’est le plaisir de la profusion. Le luxe - qui est une activité hautement érotique - nous offre un excellent paradigme de ce que doit être le gaspillage : rare ! Le gaspillage du sperme n’est un plaisir que s’il est rare. Si l’on passe plus de temps à rechercher l’occasion de le dépenser qu’à le dépenser. C’est la rareté de l’instant de plaisir qui en fait le prix. Comme la rareté du diamant, en fait le prix, si l’on se met à produire plus de diamants on en abaisse le prix.

De même si l’on produit moins des objets plus rares, non seulement on a le temps d’en faire des objets de qualité, mais on en augmente la valeur du seul fait de leur rareté. Le seul slogan qui vaille la peine que l’on s’y attarde sérieusement c’est donc travailler moins (mais mieux et avec plus de plaisir) pour produire moins. Ce faisant on choisit ce que l’on produit et on évite le travail imbécile celui qui n’a pour seul finalité que le travail.

A moins qu’il ne serve également à nous occuper à ne plus réfléchir, c’est ce qu’on appelle le travail au profit de la paix sociale et de la sauvegarde des intérêts de quelques uns.

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