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L’année de l’Algérie...
5 janvier 2003, par G.Clément

Qu’on imagine : les deux millions de Français qui ont quitté l’Algérie en 1962, avec derrière eux des rivières de sang et un pays à l’abandon, découvrant, aujourd’hui, sur les murs de Paris, des affiches à la gloire de qui les a chassé, à la gloire du FLN qui a tant tué, à la gloire d’une " culture " née de la haine de la France et des européens d’Algérie.

Qu’on imagine leur écoeurement au moment où se joue l’avenir de la France, non plus en tant qu’Etat mais en tant que Nation, quand l’islam est partout en guerre avec l’Occident, le Judaïsme, l’Hindouisme, demain peut-être la Chine.

Car la France a du mal à ouvrir les yeux, à comprendre que la première guerre d’Algérie fut une guerre de conquête qui se poursuit, par d’autres voies, sur le sol de la France d’Europe.

La France, reine de l’analyse, ne parvient-elle plus à la synthèse ? Croit-elle vraiment qu’une conflagration régionale n’est le fruit que de causes locales ? Elle sait bien pourtant - Ses services spéciaux le savaient - que l’Angleterre et la CIA ne furent point étrangères aux émeutes de Sétif en 1945, ni au financement du soulèvement de 1954 ; que l’Angleterre acheta une certaine paix en Palestine et en Syrie, en favorisant, en 1945, de Suisse, les appels à la Guerre Sainte en Algérie par d’un Imam libanais. La France sait très bien que Nasser fut l’un des parrains du FLN que la conférence de Bandoueng mit en selle, que la création de l’Etat d’Israël ne fut pas étrangère au réveil de l’Islam.

L’Islam était une mine dormante depuis des siècles qu’on a réveillé en instrumentalisant les Arabes contre les Turcs en 1914. L’Islam se fortifia entre les deux guerres, en Egypte et en Syrie, pour exploser après la seconde guerre mondiale, fleurissant sur les rivalités entre puissances européennes, sur le pétrole où naquirent les royaumes arabiques, sur l’assimilation hâtive que l’on fit entre tiers-mondisme et islamité. L’Algérie, dans ce contexte, devenait un point faible de la cuirasse européenne, et de la française d’abord.

L’Algérie était partie intégrante de la France, départementalisée et européanisée par 1.000.000 d’âmes chrétiennes et juives. L’attaquer, c’était mettre à mal la Constitution française, obliger la France à choisir entre un destin mondial et une provincialisation dans le cadre d’une Europe toujours en chantier. L’Algérie en feu allait permettre d’utiliser les différences raciales, et surtout religieuses, d’en faire l’amalgame avec le mot " colonialisme " afin de maudire pour longtemps toute conscience de l’identité française.

L’Algérie française fut attaquée au nom de la pureté ethnique de l’Algérie, de son arabité et de l’islam : " L’Algérie est mon pays, l’arabe ma langue et l’islam ma religion ", ce qui n’est pas sans rappeler " Ein Volk, ein Reich, ein Fürher ".

Partant de cette trilogie, la guerre fut celle du meurtre et du supplice, pour terroriser et décimer. Dés lors qu’à partir de 1958/59, les crimes contre l’Humanité et les crimes de guerre du FLN furent légitimés par l’idée même de négociations - certains de ses chefs ayant coiffé, pour les commettre, le casque des Waffen SS - la cause fut entendue et la guerre sans fin pouvait s’engager.

Et voilà qu’en 2003, au bord d’une guerre mondiale ayant l’Islam pour cause et pivot, le gouvernement français embrasse les fils des vainqueurs de 62, les met en vedette aux yeux de leurs victimes, les étreignant alors qu’ils composent la plupart des commandos terroristes opérant en Occident.

Cela fait penser à Gribouille - qui plongeait dans l’eau pour que la pluie ne le mouillât point - et pourrait faire sourire si tant de souffrances n’apparaissaient en toile de fond. Souffrances indicibles des enfants plantés sur les portes de leurs fermes avec les fourches de leurs parents, des femmes découpées vivantes sous les yeux de leurs enfants, des hommes empalés, des Oranais pendus aux crochets de l’abattoir, des Harkis ébouillantés, écorchés vifs, des mâles de Melouza, au dessus de 7 ans, abattus et entassés dans les maisons du village, autant de visions d’horreur décidées froidement et exécutées ponctuellement, comme les tracts de l’époque du FLN en font foi.

Mais ces souffrances, ce sont aussi celles des jeunes filles violées sans que l’on ne hausse l’explication du crime au dessus de la simple délinquance, ce sont ces familles harcelées, humiliées, femmes et filles profanées, fils battus ou tués, portes et appartements brûlés, voitures vandalisées, ce sont encore ces insultes subies chaque jour par des milliers de Français, au nom de l’Islam de leurs persécuteurs. Enfin, c’est la souffrance d’une France qui s’efface avant le dernier bûcher de la dhimmitude.

L’année de l’Algérie, c’est l’amnésie quand on tue 200 jeunes gens à Bali, quand des cars d’enfants explosent en Israël, quand, par zones entières, nos provinces deviennent " Hallal ".

Quand le peuple souffre, quand la civilisation judéo-chrétienne se meurt, quand la romanité, ce socle de marbre, s’enfonce dans les sables mouvants, nos gouvernants se convertissent.

Car il s’agit d’une conversion. Et, n’en doutons pas, ils pensent à l’imposer à leur peuple, la sinistre bacchanale de l’entrée des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon l’ayant bien prouvé. Nous nous trouvons au bord d’un baptême de Clovis inversé. Dans certaines réactions relatives au débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne on a pu lire que l’Europe - et donc la France - était devenue une zone d’indifférence religieuse et spirituelle. L’indifférence n’étant pas l’athéisme ni l’agnosticisme, on en déduit que l’Europe, ou plutôt son âme, est à prendre. Nous nous trouvons dans l’état d’un lendemain de fête : la France - et l’Europe - ont la gueule de bois.

Après quarante ans d’orgies, de vénalité et de jouissance, on découvre que le plaisir a une fin dans la mort. Et la France s’avance hébétée vers la sortie : l’indifférence n’est ni une doctrine ni une conviction, elle n’est qu’une inappétence !

Cette inappétence, sources de tant de comportements erratiques et de suicides de jeunes gens, ne peut perdurer sans drames. Les strates de la foi étaient nombreuses avant 1968 : la famille, le nom, la notabilité, la nation et le patriotisme, la religion enfin. Celle des chrétiens, ancrée sur l’Incarnation, débouchait sur la recherche de l’harmonie et de la beauté sur terre, dans l’espérance de la vie éternelle. La Trinité reliait encore - après en avoir fait l’aggiornamento - à la triade capitoline, la gloire n’était pas exclue, la pauvreté combattue par la charité, la société stable préférée à la société parfaite.

L’honneur du nom était à la charge de chacun, l’honneur de la Patrie à la charge de tous, et la capacité à offrir sa vie pour la nation un gage de vertu et de salut.

Qu’on était loin de l’indifférence !

Aujourd’hui, le peuple est à prendre que ses " élites " abandonnent après l’avoir trompé.

Ce champ de décombres peut expliquer les 50.000 conversions annuelles de Français de souche à l’Islam ; il montre en tous cas que ce qui n’était accessible qu’à quelques uns - athéisme ou agnosticisme - fut imposé à la masse par les moyens d’information et le laïcisme forcené de la gauche, sans compassion pour ces millions d’orphelins de l’esprit. Napoléon, qui était incroyant, l’avait compris qui réhabilita - et réinstitua religion d’Etat - la religion catholique, plutôt que de laisser le peuple en déshérence.

Le communautarisme fut la base de la stabilité de la société de l’Algérie française ; il devient celle de la société française. Les républicains s’en offusquent et on les comprend ; sauf qu’ils prouvent par là leur mauvaise approche de l’anthropologie puisqu’ils considèrent que l’Homme n’est plus grégaire et doit même cacher ses appartenances...sauf celle qui le relierait à la République.

En politique, il faut refuser de s’éloigner de l’Homme.

Et pour l’heure, l’Homo romanicus est en voie d’extinction. Si un coup d’arrêt n’est pas donné à l’islamo folie des gouvernants, la civilisation, que certains appèlent la République, d’autres la Nation, et que je nommerai la France, va s’éteindre.

Et elle va s’éteindre car elle est submergée. Les signes qui alarment tant, et dans l’incohérence, nos édiles, même socialistes, ne sont que les conséquences le l’invasion des eaux, non leurs causes.

Ainsi en est-il de " l’Organisation " de l’Islam en France. On ne peut organiser que ce qui existe, qui s’étend, qui s’impose. Fallait-il que cela soit ? " L’Organisation " de cette religion implique-t-elle une légitimité ? A priori, ou à posteriori ? " L’Organisation " est-elle une cage ou une montagne en érection ? En tous cas, elle est la preuve qu’une portion des habitants de la France bénéficie d’un statut à part, des jours fériés supplémentaires et des droits particuliers.

Comme par exemple celui de faire taire toute critique,

Comme par exemple celui d’obtenir un emploi malgré l’objection de l’employeur,

Le maire socialiste d’Evry, en véritable inculte de l’économie ’’entreprise, se mêle de régenter les assortiments d’un supermarché. Il n’en a ni le droit, ni les moyens. Une entreprise est un élément neutre et objectif de notre société, une sorte de boussole montrant le nord, le marché. Ce que les clients sont, l’assortiment respectera. Que le porc et l’alcool soient exclus et que la clientèle en veuille, elle ira ailleurs et le magasin fermera. Si, par contre, sa clientèle est musulmane, elle restera sans réaction à l’éviction des produits interdits par la religion.

Le maire d’Evry n’y peut rien. Mais le maire d’Evry pouvait beaucoup, comme élu du PS, à l’arrivée des masses musulmanes, à la facilitation de leur installation, à l’oppression infligée aux Français pour qu’ils l’acceptent.

En 1945, comme on faisait le reproche à Arletty de sa conduite pendant l’Occupation, elle répliqua : " Vous n’aviez qu’à ne pas les laisser entrer ! "

Et voilà que les Prud’hommes se mêlent de la convivialité dans l’entreprise " parce qu’on les a laissé entrer. " Ils réintègrent donc une employée crispée sur son voile parce qu’on n’autorise plus un chef d’entreprise à édicter ses propres règlements, parce qu’on le menace de condamnations pénales pour une " discrimination " (autrement dit pour un choix) à l’embauche, parce que les juges prud’homaux ne peuvent imaginer qu’une jeune femme se présente nue tête pour obtenir un poste et se voile la période d’essai passée, en dépit du règlement intérieur.

Tant de naïveté laisse pantois ! Rendez la liberté aux chefs d’entreprise, ils ne recruteront que ceux auxquels ils pourront faire confiance et réglementeront le bon esprit de leurs équipes. Vous verrez, chacun engagera les siens sans difficultés majeures.

Mais cela s’appelle du " communautarisme ", bien sûr...et c’est mal !

Car il est entendu que le communautarisme est un mal. Malgré les impossibilités d’accomplissement de soi, ou d’un culte, ou d’une hygiène de vie dans un environnement hostile, malgré les souffrances que cela occure, en dépit de la dérive comportementale ou coutumière imposée à des groupes d’hommes qui s’éloignent alors de leurs racines, au point, un jour ou l’autre, de ne plus les reconnaître, c’est ainsi, pour les Français républicain, c’est un mal !

Mais y aurait-il " communautarisme " sans particularisme ? Peut-on défendre une société multiculturelle, multiconfessionnelle et multiraciale sans recourir au communautarisme pour ordonner tout çà ? Les chevaux, au pré, reforment un troupeau, les hommes entre eux, créent un réseau de foi, de rites, de tenues vestimentaires, de comportements.

Certaines cohabitations sont si antinomiques, portant une atteinte ontologique mortelle aux sociétés juxtaposées, que celles-ci doivent les exclure pour n’en pas mourir.

Certains, y compris au sein de l’Eglise, rêvant d’une paix sans conditions, cherchent à soumettre l’autre à l’analyse pour le convertir, ou plutôt pour le dénaturer. Il en va ainsi des tentatives pour créer " un Islam de France " avec les musulmans vivant en France. Il en est même qui s’adonnent à l’étude scientifique du Coran ! Quand déjà l’étude scientifique des Evangiles et de la Bible est la première marche vers l’incroyance, et bien que ces textes ne soient que des récits, que restera-t-il du Coran pour un musulman, après son analyse scientifique ?

La paix à tout prix n’est pas une politique, non plus que l’inverse ; la tentative de dénaturation des textes sacrés en vue de l’établissement d’une " Paix " éternelle, me fait souvenir d’un passage de Saint Augustin où il raconte sa rencontre avec un enfant sur une plage. Le petit garçon ayant creusé un trou dans le sable, allait jusqu’aux premiers rouleaux, y prélevait un peu d’eau dans un coquillage qu’il revenait vider dans son bassin. Augustin, intrigué par la constance et la vanité du manège l’interrogea. La réponse de l’enfant l’amusa : " Je vais vider la mer dans mon trou ". " Mais, tu n’y arrivera jamais ! " s’étonna Augustin. " J’y parviendrai plus vite que toi à comprendre le mystère de la sainte Trinité ! " s’entendit-il répondre.

L’année de l’Algérie, fait partie de ces efforts désespérés pour changer l’adversaire au lieu de le prendre pour ce qu’il est et de le contenir. Combattre un homme ou un groupe d’hommes n’est pas le mépriser, l’analyser, assurément le détruire. Car l’analyse sans idée préconçue n’aboutit qu’à la destruction de l’objet d’étude. L’analyse pour conforter une hypothèse trace un chemin, ou se perd dans des marais.

G. Clément
Divergences.net©

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