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Le doute
12 novembre 2005, par Mokhbi Abdelouahab

Université de Mostaganem

J'habite une cité balnéaire à Mostaganem. J'y jouis insatiablement du bleu diffusé par notre lumineuse méditerranée. De ce côté du paradis terrestre, ciel et mer se sont mis de connivence pour envoûter les âmes un tant soit peu consentantes et perméables à la poésie de la nature. Ils conjuguent le bleu azur sur tous les tons, des plus captivants aux plus doux, jusqu'à cette fantastique couleur turquoise. La frontière entre le bleu et le vert s'estompe alors pour laisser le champ libre au rêve. Je ne me lasse jamais de contempler les magnifiques et incomparables couchers de soleil de cette charmante ville du littoral de l'Ouest algérien. L'humidité, presque imperceptible, est toujours suffisante pour magnifier les dernières lueurs du soleil évanescent. Le rougeoiement qui embrase le ciel mostaganémois surprend à chaque crépuscule, chaleureux l'hiver et plus tendre l'été. C'est une source inépuisable d'émerveillement. J'ai conscience d'être un privilégié. Submergé par les rêves d'une Algérie paisible et heureuse dans lesquels les couleurs et les odeurs méditerranéennes me font constamment immerger, je ne m'attarderais pas sur le peu de mérite que j'ai de vivre tout cela. Je rends simplement grâce au seigneur de me le permettre.

Mes voisins

Cette atmosphère, délicieusement féerique, entretient l'espoir. Et même lorsque la boite de Pandore est ouverte, comme ce fut le cas, depuis décembre 1992, pour notre pays, l'Algérie, que le drame se noue et que la tragédie atteint son paroxysme, l'espérance est si vivace qu'on ne doute pas un seul instant de la fin heureuse. C'est probablement là un des mystères de la nature et de l'âme façonnées par la méditerranée. Pour me mettre en cohérence avec tous ces sentiments exaltants que ce spectacle quotidien fait naître en moi, j'ai décidé d'aimer mes voisins. Qu'ils soient mesquins, médisants, diffamateurs ou démesurément prétentieux, leurs pêchés véniels me paraissent toujours bien peu de choses eu égard aux qualités de chacun. Toutefois, il ne faut pas trop les entretenir sur leurs mérites. La modestie, n'en faisant pas partie, cela les mettrait dans un état déplorable. En bombant le torse, plus que de raison, ils en oublieraient d'expirer afin de mieux toiser leur monde. J'ai irrémédiablement décrété qu'ils sont formidables. Depuis, je les fréquente assidûment. J'ai appris à me reconnaître dans l'imperfection de chacun d'eux. Suivant en cela le conseil de J.J.Rousseau qui préconisait de porter son regard le plus loin possible vers les autres pour découvrir sa propre vérité d'homme. Si vous connaissiez mes voisins, vous seriez déjà en train de penser : quel taré celui-là! Il est vrai qu'il n'est pas toujours évident d'assumer ces vertueuses prédispositions spirituelles, notamment envers ceux qui adoptent des comportements apprêtés. L'arrogance et la suffisance dont ils peuvent faire preuve leur fait revêtir une splendide superficialité, souvent insupportable.

Pour exprimer les choses crûment tout en restant décemment énigmatique, je dirais qu'il existe bien sûr parmi nous des personnages encore plus exécrables. Avec une culture tout à fait incertaine, ils ont la gueule de leur métier même si, souvent, on serait enclin à penser qu'ils n'en ont pas l'étoffe. Ils croient dur comme fer qu'un titre confère une compétence ad vitam aeternam. Ils débitent les sentences et autres jugements sur les autres sans nuance. Dénué de tout sens des convenances sociales et civiques, leur intellect quand il décolle de la sphère scolaire est d'une rigidité effarante. Pour mieux s'en faire une idée, je ne vois pas mieux que de vous suggérer de bien tendre l'oreille à El-Hadj Mohamed El-Anka1 dans Sob'han Allah Ya l'taif*. On se tarauderait vainement les neurones pour chercher une personnalité susceptible de trouver grâce à leurs yeux. Pourtant, Ils seraient bien futés de méditer dans le petit almanach des grands hommes sur la sagacité du Comte de Rivarol qui dit très pertinemment "c'est sans doute un terrible avantage d'avoir rien fait mais il ne faut pas en abuser."

Vous conviendrez cependant qu'il faut de tout pour faire un monde. Et celui de mon quartier est plutôt agréable à vivre. Globalement, mes voisins constituent un microcosme très représentatif de la classe moyenne algérienne. Ainsi, autour d'un thé à la menthe, et enveloppés dans la douceur des soirées printanières, nous sommes exercés pour palabrer sans discontinuer sur la pauvreté. Même si, aucun de nous n'est véritablement capable ni ne s'embarrasse de donner une définition ou un contenu au dénuement et aux difficultés qu'une partie de la population affronte. Les débats s'installent subrepticement dans le confort d'un conformisme désuet où tout le monde approuve tout le monde. Et il devient très vite patent que nous sommes une génération de quinquagénaires ayant mûri sous le confort de la pensée unique du parti unique. La soirée finirait presque en congratulations collectives si l'un d'eux d'impatience ne cède au bon sens et leur propose la définition qui soutient-il est celle des instances internationales. Celles-ci tiendraient pour pauvre tout bénéficiaire d'un revenu inférieur à la moyenne des salaires. La mendicité, sur laquelle se focalise l'attention de tous, si elle est une manifestation parfois déchirante lorsqu'elle s'affiche avec des enfants handicapés pour appâter la charité, n'est pas suffisante pour mesurer la paupérisation et la précarisation des populations. Elle est encore moins apte à rendre compte d'une quelconque tendance. Des statistiques fiables sur le chômage seraient bien plus indiquées. La contradiction apportée jette un trouble dans les débats. On entend les tassab'hou b'khir qui fusent successivement. L'assemblée se disperse. On veut bien faire et défaire le monde mais pas avec un tel pointillisme! C'est là une de nos soirées typiques. On ne s'aventure que rarement sur le terrain des sujets qui fâchent, tels la réconciliation nationale et autre amnistie générale. Quand il nous arrive d'enfreindre la règle tacite de ne pas trop s'éloigner des lieux communs et autres idées convenues, les couteaux sont vite tirés! Là, après quelques " ya khouya l'Algérie avant tout", c'est en chœur et précipitamment qu'on entonne ayya tassab'hou b'khir !

Nous pratiquons régulièrement le sport national qui consiste à s'occuper des oignons des autres. A peine, l'un d'entre nous a le dos tourné, que le vrombissement de la tronçonneuse se fait entendre pour un tour de chauffe. Une fois éloigné, son dossier est impitoyablement disséqué. Ses allées et venues, ses heurs et malheurs sont alors minutieusement analysés. Si le temps le permet, on s'offre allègrement des incursions dans l'intimité familiale pour la ciseler au scalpel. Deux ou trois indices à mettre en perspectives et le diagnostic est promptement établi. Il est énoncé avec une condescendance aux relents malsains : "le pauvre, il est dans de beaux draps! " L'absent du jour à toujours tord. Oui mais, on ne peut pas être toujours présent, me rétorqueriez-vous! Justement, c'est pour cela que chacun aura son tour. Tout le monde y passe. Et ce n'est sûrement pas l'imam de la mosquée, derrière qui nous prions régulièrement tous les vendredis que Dieu fait qui échapperait aux pires flétrissures et autres calomnies. Nos histoires et autres feuilletons ne sont jamais à la guimauve! Un tantinet pince-sans-rire, le plus faqih parmi nous, reconnaît : " certes nous médisons mais nous le faisons gentiment". Si je peux me permettre de traduire sa pensée : Dire du mal de quelqu'un sans lui en faire est déjà un demi-mal. Ouf ! Voilà nos bonnes consciences sont sauvées!

La nuit du doute

Récemment lors d'une de nos sempiternelles et bruyantes soirées, une discussion quasi-philosophique sur le doute a jailli de manière incongrue en lieu et place des habituelles histoires culinaires et autres projets gargantuesques qui reviennent comme d'incessantes, mais néanmoins consensuelles, ritournelles. Je me suis timidement hasardé à dire le bon souvenir que j'ai d'un de mes professeurs d'études de post-graduation. Celui-ci nous surprit en entamant le cours inaugural de son module avec une mise en garde. "J'entends vous enseigner le doute." Nous dit-il. "Moi, répliqua, de façon tout à fait péremptoire, mon voisin et aussi collègue à l'université, enseignant en psychologie de son état, mes professeurs m'ont dit plutôt la nécessité de maîtriser la langue anglaise".

Soit, mais le doute raisonnable est une qualité chez un chercheur. Sans le courage de douter de Galilée ou de Pasteur, nous serions encore au géocentrisme et à la génération spontanée! Aujourd'hui encore qui, sans cette aptitude à douter aurait pu s'armer de suffisamment de véhémence pour attaquer de front le dogme central de la biologie moléculaire. Celle-ci fait des acides nucléiques et non des protéines le support unique de l'information génétique. La théorie sur le prion a pourtant été consciencieusement élaborée. Il est impliqué dans les maladies transmissibles telles de la maladie de Creutzfeldt-Jakob iatrogène ou familiale (insomnie fatale). Le très médiatisé syndrome de la vache folle a fini par faire connaître le prion du grand public. cet agent infectieux est uniquement constitué de protéines (protéic virion) sans matériel génétique. Il ne présente aucune ressemblance ni avec les bactéries ni avec les virus. Evidemment, l'émergence de cette théorie avait sur le moment heurté l'entendement des plus grands scientifiques. Comme les plus grandes découvertes, elle a été controversée. Albert Einstein, à l'honneur cette année 2005, dédiée à la physique, doit mieux que quiconque savoir de quoi il parle quand il dit aux incrédules "qu'il est plus facile de désagréger le noyau atomique qu'un préjugé".

Une avalanche de propos aussi décousus que sarcastiques s'abattit sur moi. Je l'entends encore ironiser sur l'insanité de douter "qu'un plus un fassent deux!", Qui plus est "au XXI ième siècle". Il se lança dans une diatribe débridée sur l'inconsistance des scientifiques qui doutent. Là des noms illustres se sont bousculés dans ma tête mais ma mémoire ne put me venir en aide pour les appeler à la rescousse en rapportant leurs propos sur le doute. La mollesse de ma riposte l'encouragea à nous faire la leçon sur l'hypothèse et la procédure scientifique.

Votre serviteur est auteur d'une thèse sur le contrôle hormonal de la croissance et du développement des végétaux. Les dosages des substances étudiées ont été effectués biologiquement pour les hormones simulatrices et par des tests radio-immunologiques pour l'hormone inhibitrice. La thèse a été soutenue avec une mention très honorable à l'université des sciences et techniques de Nice en France. C'est donc plus que désolé presque blessé que j'ai ressenti le manque de tact de notre ami psychologue. Ce fut en tout cas pour moi une réelle épreuve de me faire remonter les bretelles de façon aussi brutale que carrée par un spécialiste d'une science cognitive, certes, mais qui demeure toute relative.

En phase avec Alfred de Musset, je sais "qu'il ne faut jurer de rien". Je ne peux donc prédire qui de notre ami ou de Galilée, la postérité gardera le plus longuement la trace mais on se rappelle encore que ce dernier a dit "le doute est le père de la création". Ne nous précipitons pas pour décréter que le prolifique savant Galileo Gallei radotait en s'exprimant ainsi. Rappelons-nous qu'il fut réhabilité par l'église en 1992. Comme quoi tout peut arriver surtout à celui qui n'attend plus! En bons cartésiens, vérifions d'abord ce que Descartes, lui-même, dit du doute: "Pour examiner la vérité, il est besoin une fois dans sa vie, de mettre toute chose en doute autant qu'il se peut" ( Règles pour la direction de l'esprit. Est-il réellement besoin de démontrer que le doute est à la base de tout savoir? Jean-charles Harvey dans les demi-civilisés répond qu'"il est la condition essentielle de la recherche de la vérité", car dit-il "on ne court jamais après ce qu'on croit posséder avec certitudes"

Bertrand Russell, remarquable philosophe et logicien britannique dont l'œuvre traite des fondements des mathématiques, de la pensée scientifique, d'éthique mais aussi de politique (Lutte contre la prolifération de l'arme nucléaire avec Einstein, après la guerre / "Tribunal Russell" en 1966 pour condamner les crimes de guerres américains au Viêt Nam), ne prend pas de gants pour fustiger les fausses certitudes de certains esprits insuffisamment instruits: "Le problème en ce bas monde est que les imbéciles sont sûrs d'eux et fiers comme des coqs de basse-cour, alors que les gens intelligents sont emplis de doute. L'écrivain américain Franck Herbert (les enfants de Dune) est aussi catégorique : "Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier les châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes."

Davantage explicite et synthétique, l'écrivain et essayiste espagnole, Miguel de Unamuno fait du doute le couronnement de la raison. Il observe que : "Le suprême triomphe de la raison est de jeter le doute sur sa propre validité". Il ne faut cependant pas sous-estimer la difficulté qu'il y a à convaincre des esprits fermés à la nuance que le doute dont il est, ici, question n'est pas ce sentiment générateur d'incrédulité vis-à-vis de la science ou de tergiversations dans l'action. Non! c'est celui dont Alain dit qu'il "est le signe de la certitude." Il faut évidemment aussi être capable de subtilité pour comprendre William Shakespeare (Othello) quand il énonce qu'" être dans le doute, c'est déjà être résolu". C'est presque à lui que Jean Paul Sartre répond comme un écho : "quand je pense, les jeux sont faits.". Ce qui font mine de confondre entre douter et créer de la confusion ou s'empêtrer dans des ambiguïtés et autres incertitudes, le font sciemment. Ramener tout débat au ras des pâquerettes est une stratégie délibérée bien connue et fréquemment observée dans la vie intellectuelle du pays. Le but est, pour une certaine catégorie de personne, de se maintenir dans le jeu de débats intellectuels avec un électroencéphalogramme… douteux. Et depuis Plutarque, l'on sait bien que ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit. Nous leur disons simplement que douter c'est d'abord penser. Qu'ils commencent donc par ouvrir un bon dico de philosophie à la lettre D.

Enjeu du débat

L'enjeu que cache ce débat n'est pas anodin. C'est parce qu'il revêt un caractère fondamental que nous avons jugé utile de le prolonger tout au long de ce bavardage. Il soulève une question paradoxalement simple : l'enseignement universitaire doit-il se contenir à gaver les étudiants de connaissances figées et de certitudes immuables ou devrait-il tendre à leur apprendre à réfléchir. Dans le premier cas, le produit est un citoyen qui rejoindra l'élite. Il ne se posera pas de questions, il ne connaîtra pas le doute : il sait , il pense qu'il sait. C'est, selon Elie Wiesel, la parfaite définition du fanatique (mémoire à deux voies). Dans la seconde alternative, l'enseignement universitaire s'efforcera à initier chez l'étudiant la capacité à cerner toute réalité, quelle que soit sa nature et la science avec laquelle elle est perçue, dans toute la complexité des interactions des éléments qui la constituent. L'humilité est une autre qualité cardinale avec l'aptitude à douter d'un tel enseignement. Naturellement, pour que ces vertus soit inculquées aux étudiants, il est impératif qu'elles imprègnent foncièrement l'esprit des enseignants eux-mêmes. Malheureusement, l'une des pathologies dont souffre l'université algérienne est constituée par un certain scientisme. Aussi virulent que sournois, ce mal ronge le fondement le plus sacré de l'institution qu'est l'esprit scientifique. Le scientisme que stigmatisons ici n'a pas de relations avec le concept qui traduit ce mouvement philosophique de la pensée humaine qui s'est érigé sur le positivisme d'Auguste Comte en lui extirpant ce qu'il a de plus positif. Mais nous entendons souligner la propension exagérée chez une espèce d'universitaires en pleine prolifération qui utilise une sorte de fanatisme scientifique comme un paravent pour cacher une réelle indigence intellectuelle. Ce scientisme est la réplique exacte de l'arrivisme dans la vie sociale. Il affecte aussi bien les programmes d'enseignement que ceux de la recherche.

Chers lecteurs, si vous pensez reconnaître vos propres voisins, sachez que personnellement le doute de la réalité de ce voisinage envahit mon esprit. La seule réalité qui s'impose à moi c'est celle de ce doute. C'est cette gêne sourde, car le doute en est une, qui m'aide à préserver ma capacité à me mirer, loin de tout sentiment narcissique, dans le regard de mes contemporains de voisin. Ils me surprennent toujours, ils m'émerveillent constamment. Pour cela, je les aimerai chaque jour davantage.

J'ai recouru à des propos acerbes qui peuvent paraître pédants. Le but du jeu est cependant plus modeste. Je me suis livré à une querelle moderne et civilisée, celle des idées et points de vues exprimés sans acrimonie. Je l'ai fait avec une certaine délectation, c'est vrai et je ne l'ai pas dissimulée. Cet exercice me reposera des palabres quotidiennes où personne n'écoute l'autre. Réunions tumultueuses où les discussions cacophoniques n'engendrent que dépits et frustrations. Ces chamailleries usent nos neurones et déconnectent prématurément leurs synapses sans que nous nous en servions véritablement et utilement. Pour paraphraser Jules Renard, je dirais que sans doute et non pas peut-être qu'un "jugement" franchement et "gentiment" exprimé vaut mieux qu'un préjugé non fondé qui concentre toute la fatuité de personnages qui sont susceptibles de s'imposer au quotidien d'un tout un chacun. Pour vous immuniser contre la bêtise des préjugés, je vous recommande Georges Courteline. Ce railleur hors-pair de la société administrative et bourgeoise du début du siécle précédent dit "Passé pour un sot aux yeux des imbéciles est bien un délice de fin gourmet". La suffisance de mes contemporains me chagrine le plus souvent, sans plus. Agronome, je n'ai pas de peine à vérifier par ces belles journées printanières la perspicacité du poète arabe :

ملئ السّنابل تنحني في تواضع??و الفارغات منهنشوامخ 2

Notre ami polémiste avait promis de faire disserter ses étudiants sur l'inanité du doute. Histoire, sans doute de ridiculiser l'adversaire! Je ne répondrais pas Chiche! Mais à la bonheur! Je souhaiterais seulement que ces escarmouches intellectuelles soient assumer en tant que telles, avec fair-play, sans amertume, méchanceté ou rancune. Pourquoi ne nous jetterions pas nos quatre vérités à la figure en toute amitié? Je suis convaincu que mon souhait sera amplement partagé. En devançant les étudiants, j'avoue commettre un délit d'initié. Mon intention est cependant bonne. Je veux les faire profiter humblement de mon éclairage aussi faible soit-il. Contre les ténèbres, il faut faire feu de tout bois, n'est ce pas? En plus j'adhère pleinement au constat de ce neveu de Corneille, Fontenelle qui met en garde contre tout excès de confiance devant un tel challenge. "Tout le monde ne sait pas douter", disait-il dans ses Réflexions sur la poétique, "On a besoin de lumière pour y parvenir et de force pour s'en tenir là."

Nos relations de bon voisinage seront probablement passablement chiffonnées par ces polémiques. Je reste persuadé que l'attachement de tous aux idées, exposées avec plus ou moins de bonheur c'est à dire aussi correctement qu'avec autant de correction qu'il nous est possible, nous fera naturellement insérer dans le processus national de réconciliation dont je ne doute pas qu'elle soit inévitable. "Le doute est, tout de même, l'ennemi des grandes entreprises", (Napoléon Bonaparte)

Trêve de radotages vaseux ! Je suis prêt à me faire publiquement corriger. Cher ami, à tes fouets, bouh! A ta plume pour nous donner la leçon. Comme Ylipe, cet intellectuel co-signataire du "Manifeste des 121" du 6 septembre 1960 où une partie de l'Intelligentsia française emmenée par Jean-Paul Sartre, sema le doute sur le bien fondé du fait colonial provoqua l'ire de l'Etat français avec une " Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie ", "je vais continuer à douter de tout ce que je sais et me douter du reste"

Avec mes voisins, notre passion pour les choses futiles a de beaux jours devant elle. Un jour, on finira bien par se passionner les uns pour les autres, In-chaä-Allah! Pour avancer vers cette espérance, chacun de nous se doit de tester l'alchimie dont Gibran Khalil Gibran livre la recette " savoir extraire de son cœur, pour les refondre ensemble, compassion, respect, besoin, patience, regret, surprise et pardon", ensemble nous réussirons alors à créer "cet atome qu'on appelle l'amour". Un tel exploit nous propulserait au delà de toute idée de réconciliation, c'est l'accomplissement même de notre foi.

1. El-Hadj Mohamed El-Anka: chantre de la chanson classique populaire algérienne

* Sob'han Allah Ya l'taif : titre d'une de ses chansons où il fustige magistralement les arrivistes, leurs prétentions démesurées et leur cupidité.

2 - Les épis de blé bien pleins fléchissent sous le poids de leur humilité/ et celles bien vides se dressent bien haut.

Mokhbi Abdelouahab

Mokhbiw@yahoo.fr

Messages

  • salamou alaikoum cher cousin à l occasion de la nouvelle année 2006 je te souhaite une bonne année ainsi qu a ta famille ;et une excellente continuation dans ta vie professionelle et dans ta vie d ecrivain.J espere lire prochainement un de tes articles que jetrouve tres pertinent et interessant machallah

    salamou alikoum

    DRIDI ABDELBASSIT TOULOUSE

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