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Les lois ne font pas tout !
12 novembre 2005, par Raed Marrakchi

Les lois ne font pas tout !

Comment un berger arrive-t-il tout seul à contrôler un troupeau de 500 têtes ?

Il y arrive parce que ces bêtes ont une loi interne qui gouverne leurs actes et qui fait que les petits suivent leur mère et les grands suivent des meneurs c’est une loi naturelle .

Le berger n’a qu’à orienter dans la bonne direction les quelques têtes qui sont suivies par toutes les autres.

Imaginons un peu qu’on arrive à supprimer cet instinct naturel et à couper tout lien entre les petits et leur mère et entre les meneurs et les autres ? Chaque tête serait animée par le jeu du hasard à aller dans n’importe qu’elle direction , est ce qu’un berger tout seul pourrait les contrôler ? … Il faudrait peut être autant de bergers que de têtes à contrôler !

La loi n’est qu’un moyen pour dissuader les 10 ou 15% qui sortent du chemin de la majorité qui devrait elle-même naturellement la respecter.

Quand j’étais adolescent (j’ai actuellement 52 ans) , je manifestais parfois des signes de révolte contre le mode antidémocratique de gouvernance de mon pays mais mon père (décédé actuellement) que je respectais beaucoup me calmait en me disant que c’est tout à fait normal que je veuille militer pour la démocratisation de mon pays car lui même il a milité pour son indépendance et a été exilé deux ans à cause de cela mais il insistait sur le fait que ma lutte doit avoir un impact et un but. Il m’expliquait que si j’étais mis en prison en tant qu’étudiant, l’impact sur l’opinion public serait négligeable car je serais considéré comme un jeune délinquant sans importance alors que ma carrière scolaire et universitaire serait détruite. Par contre si je militais en tant qu’un haut diplômé , mon emprisonnement éventuel aurait beaucoup plus d’importance et d’impact sur la société.

En agissant de cette manière , mon père avait non seulement réussi à calmer ma révolte mais avait en plus orienté mon énergie et ma motivation dans le sens positif de la recherche du savoir. C’est là le rôle d’un éducateur .

En citant ces deux exemples je voulais arriver à la situation actuelle dans les banlieux Françaises.

Quelles sont les vedettes et les bons exemples à suivre dans ces milieux ?

Je n’ai jamais vu dans les médias Français de personnalités sortant de ces milieux diplômées des grandes écoles mais j’ai vu des vedettes de la chanson et du sport ; pourtant, il y a des dizaines de ressortissants des pays du sud et de milieux très modestes ayant fait leurs études primaires et secondaires chez eux qui ont pu accéder aux études supérieures dans les grandes écoles Françaises . Pourquoi cette deuxième et troisième génération d’immigrés ne réussit pas dans un pays développé et démocratique comme la France aussi bien que leurs semblables dans les pays du sud malgré un programme d’enseignement moderne et des moyens beaucoup plus importants ? Ce n’est qu’un constat et c’est aux spécialistes de répondre à cette question.

A mon avis l’ascension sociale se fait beaucoup plus facilement à travers des personnes de la famille ou du quartier qui réussissent dans leurs études et arrivent à avoir des postes de responsabilité dans des administrations ou dans de grandes sociétés et qui donnent l’exemple et font rêver les jeunes de leur milieu d’origine.

Je suis persuadé qu’en retrouvant de la dignité et de l’espoir l’intégration se ferait très facilement même si les conditions matérielles ne sont pas excellentes .

Messages

  • Belle métaphore que celle qui inaugure votre texte !

    Je suis enseignante en lettres dans une banlieue parisienne très dure, touchée de plein fouet par la misère. Ce n’est pas évident tous les jours surtout que mes jeunes élèves ne comprennent pas l’enjeu du français en lycée professionnel et l’importance de sa maîtrise pour plus tard. Ils sont terriblement pragmatiques et rien que cela, c’est un obstacle majeur.

    Mais des jeunes issus de l’immigration qui réussissent, qui s’en sortent, qui font une belle carrière, il y en a. Certes pas beaucoup, je vous l’accorde, mais il y en a. On les a exhibés à la télévision comme un démenti à l’échec de l’intégration à la française. Mais personne n’est dupe.

    Il est trop facile d’accuser l’autre, de dire que c’est de sa faute "si on y arrive pas". C’est ce que l’on me répond souvent. Je crois aussi qu’il y a une très grosse part de complaisance chez ces jeunes, une autosatisfaction devant l’échec. Ca dispense de tout effort.

    • je suis d’accord avec vous mais je pense que beaucoup de parents n’arrivent pas à encadrer convenablement leurs enfants .
      Il serait peut être bon de proposer un engagement de jeunes dans des collèges et lycées militaires pour les préparer au bac et leur apprendre la discipline et leur garantir un travail dans l’encadrement des jeunes de leurs quartiers.

    • La question est de savoir pourquoi les parents n’arrivent pas à encadrer leurs enfants. Qu’est-ce qui fait qu’ils sont dépassés ?

      Voici un exemple tout récent de ce que j’ai vécu :

      Il y a peu, j’étais chez un particulier dans une résidence huppée de Seine-Saint-Denis. Le garçon à qui je donnais des cours ne savait ni conjuguer, ni écrire correctement une phrase. Ce garçon est en 5ème. Il avait droit à 15 heures de cours de français chaque semaine. Je dis bien chaque semaine !! Payés par l’assurance. Il n’en a pris que 4. Quatre heures seulement.

      Un privilégié par rapport à la misère que je vois. Rien à foutre du français. Il a téléphoné à son père pour des raisons personnelles. J’étais là et rien que la conversation en disait long sur les relations entre le père et le fils : des potes ! Une familiarité qui m’a énervée. Le père, pote de son fils.
      Qu’a dit le père sur tous ces cours de français non utilisés ?

      "J’ai réussi sans le français". Bonne situation professionnelle. La mère également. Beau pavillon accomodé avec goût. Mais pas de bibliothèque dans le salon. Dans la chambre ou ailleurs, peut-être. Je ne peux juger.

      Tu réussiras sans le français, mon fils, comme moi j’ai réussi. Voilà l’implicite de son discours.

      Et dans les banlieues, ça flambe parce qu’il y a des mômes pour qui le français est important et qu’ils ne peuvent pas suivre correctement. Des mômes à l’abandon, certains véritablement dépressifs. D’autres aussi, qui ont bien profité de la situation.

      Des collèges et des lycées militaires. Oui mais encore faut-il donner les moyens !!

      Regardez ce gouvernement de droite. Ultralibéral !! Un véritable désastre social !!

      Des exemples calamiteux, paradoxaux, j’en ai plein ma sacoche !

    • le fait que les parents ne voient pas la nécessité de maîtriser le français est une raison de plus pour éloigner les enfants de leurs parents dans des lycées militaires et leur expliquer que le monde a changé et que le travail physique ne représente plus rien dans l’économie mondiale actuelle ou l’offre de travail ne concerne que des personnes qui ont un minimum de savoir intellectuel pour manipuler des équipements modernes même si le travail demandé est physique ce qui est très rare ; lequel savoir ne peut être acquis que par la maîtrise du Français.
      Le problème, à mon avis, n’est pas lié à la nature du gouvernement (de gauche ou de droite) car il faut non pas augmonter le budget mais changer les destinations ; au lieu de distribuer des aides matérielles aux familles qui ne l’utilisent pas convenablement pour l’éducation de leurs enfants, il faudrait utiliser cet argent pour créer les infrastructures nécessaires à l’encadrement direct de ces jeunes sans passer par leurs parents.

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