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L’état providence participatif

Plus de 200 000 personnes y participent déjà, pourquoi pas vous ?

2 juillet 2005, par Michel Martin

Nous vivons en France sous le règne, très contesté en ce moment, de l’état providence redistributif. Je propose une mutation vers un état providence participatif qui serait moins cher, plus efficace et qui nous permettrait de passer de client à acteur du domaine social. La structure de la "sécurité civile" est prise comme prototype.

Voilà ma proposition, formulée comme un voeu :
Je souhaite pouvoir travailler ½ à 1 journée par semaine (durée à ajuster à l’issue d’un débat) dans le secteur non marchand, le service public, social ou associatif, alors que mon contrat de travail de référence est passé avec une entreprise privée. Je souhaite que ce temps soit pris sur mon temps de travail marchand et qu’il soit reconnu par une rémunération ou une indemnité ou des billets pour le ciné ou des bons d’achats etc.…Je souhaite enfin pouvoir bénéficier de temps de formation pris en charge par l’entreprise ou la collectivité pour assurer correctement mon travail dans le secteur non marchand.

Et pourquoi est-ce que je veux cela ?

• Parce que le domaine public est notre bien collectif le plus précieux. Chacun doit y avoir accès en droit et en pratique. Ni les fonctionnaires ni les marchands ne doivent se l’approprier.
• Parce que tout travail mérite salaire et que tout don attend un contre-don équivalent. L’illusion du pur don disparaît quand il n’y a plus assez d’yeux pour le voir, pour le « payer ». La crise actuelle du bénévolat dans les associations ne me semble pas avoir d’autre origine importante.
• Parce qu’il me semble qu’il soit nécessaire que le domaine marchand reconnaisse qu’une partie de sa réussite lui est fournie par le secteur non marchand.
• Parce qu’il existe déjà un cas de service public efficace et qui fonctionne suivant ce principe et qui concerne plus de 200 000 personnes dont plus de 80% de volontaires reconnus : la sécurité civile assurée par les sapeurs pompiers.
• Parce que l’intégration des immigrés (qui occupent une situation voisine des exclus de l’intérieur) serait plus efficace si un moteur d’intégration du type sapeurs pompiers volontaires généralisé venait s’ajouter à l’école (seulement valable pour les jeunes, donc lent à l’échelle d’une population) et au travail de référence.
• Parce que ce contrat mixte fournit un paramètre de plus pour réguler le chômage en jouant sur le temps maximum reconnu et permis dans le domaine non-marchand et sur la hauteur de sa reconnaissance. On pourrait ainsi envisager de réguler le chômage au taux frictionnel par exemple.
• Parce qu’un tel contrat de travail mixte passé avec le secteur marchand et le secteur non marchand permettrait d’agir positivement à la fois sur le chômage et l’isolement qui sont les deux principaux facteurs de l’exclusion (des échanges).
• Pour limiter la catégorisation sociale (« la société à deux vitesses » comme on dit).

Tout le corps fonctionnarial s’opposera à un tel projet, au nom du service public mais en fait pour préserver acquis et statut.
Peu d’entrepreneurs applaudiront un projet qui dévaluera leur importance et limitera leur emprise sur leurs employés.
Toutefois, je parie que le domaine public a plus d’avenir que le marché (dans son sens restrictif actuel) dont l’usure est déjà plus que perceptible. Suis-je seul ? Il faut convaincre les fonctionnaires et les marchands qu’ils profiteront d’autant plus du domaine public qu’ils auront renoncé à sa conquête.

Cette proposition est assez voisine du "contrat d’activité" de Jean BOISSONNAT proposé au plan en 1995. Toutefois, je pense que l’angle d’attaque est plus précis et qu’il est plus porteur d’un projet de société solidaire capable de résister à l’hégémonie marchande. Mon but est de faire entrer ce projet dans le débat politique.
Michel MARTIN le 2 Juillet 2005

Messages

  • Au niveau des principes votre proposition me parait très intéressante mais comment y parvenir dans la pratique ? Peut on , par exemple, être contrôleur et contrôlé en même temps ?
    Il est vrai que l’adiministration devient de plus en plus compliquée alors qu’on demande au pauvre citoyen de tout connaître (nul n’est censé ignorer la loi)
    Si on veut encourager l’initiative privée et l’esprit d’entreprise qui génèrent la valeur ajoutée il faut simplifier les procédures administratives et la meilleure façon de les simplifier est d’y faire participer ceux qui sont concernés par cette gestion administrative.

    • Comment créer cet état providence participatif dans la pratique ? Coment échapper à la question pertinente "être à la fois contrôleur et contrôlé" ?

      Tout d’abord, comment faire pour créer un état providence participatif ?
      Je vous renvoie à l’article, c’est à dire en s’inspirant de la manière dont fonctionne la sécurité civile.

      Ensuite, comment ne pas être à la fois contrôleur et contrôlé ?
      L’état providence ne se résume pas à du contrôle, loin de là. Tout ce qui est du ressort du contrôle doit en effet, selon moi, rester pleinement aux mains de l’état ou bien être délégué à des professionnels privés comme c’est le cas par exemple pour le contrôle technique des automobiles. Le premier domaine que je vise est un domaine vital si nous souhaitons demeurer humains, il s’agit du domaine de la dépendance qui manque essentiellement de bras, de temps qui lui soit consacré et très peu de contrôle.

      Voir en ligne : Solidarité Libérale

    • L’activité politique est actuellement structurée d’une façon qui ne permet pas un changement radical du genre que vous proposez.
      En effet les hommes et femmes politiques sont mobilisés par des échéances et des résultats à cours terme qui excluent toute action en profondeur.
      Il faudrait d’abord étudier celà au niveau académique et réfléchir à une structure détachée de la vie politique quotidienne.

    • Il faut y regarder d’un peu plus près. Il y a déjà en germes beaucoup d’éléments de ma proposition, aussi bien dans la pratique (la sécurité civile qui concerrne quand même 200 000 personnes) que dans la loi (évolution du cadre du volontariat). D’autres part, il me semble souhaitable de se projeter un peu plus loin qu’à la prochaine échéance électorale, d’avoir un horizon.

      Voir en ligne : Etat Providence Participatif

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