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Le président qui voulait vivre ses vies, Elise Karlin

Editions Fayard, 2014

6 juillet 2014, par Alice Granger

La journaliste à l’Express écrit un livre à charge contre Valérie Trierweiler, tandis qu’elle veut raconter la vie privée du président François Hollande. Cette quasi unanimité contre Valérie Trierweiler m’a depuis longtemps interpellée et mis la puce à l’oreille. La phrase de Céline, dans « L’Eglise », qui évoque un individu sans importance collective, m’est revenue en mémoire.
Qu’est-ce que cet entre soi politique où par-delà la violence des affrontements règne le consensus qui garantit le jeu des ambitions et les postes de personnages dont l’image est si peu capable de se renouveler dans une révolution intérieure incessante, qu’est-ce que cette politique qui exclut celle qui, pourtant journaliste politique, n’en ferait pas partie, puisqu’elle n’obéit pas aux règles et entend garder sa liberté de parole sur le fil d’une inquiétude jamais jugulée ? Qu’est cette haine à l’égard de la tiers-exclue, celle qui n’est décidément pas des nôtres, avec son humanité forcément pathologique face à la froideur et l’inhumanité de ceux qui appartiennent à la famille des politiques ? Si on n’appartient pas à cet autre monde, la famille des politiques où règnent les ambitions personnelles féroces sur fond de narcissisme encore plus que de goût pour l’argent, on n’entendrait rien à la politique, on saurait mal obéir à des règles tacites ? Avec cette tiers-exclue détestée en direct sous le feu des projecteurs, briseuse d’une belle famille normale, qui ne saurait pas brider sa parole et ses sentiments, qui serait trop humaine dans un sens négatif, ne serait-ce pas la voix de chaque Français qui n’aurait pas voix à la politique, puisqu’il faudrait une famille d’élite pour savoir gérer le pays, loin d’un pouvoir qui représente la souveraineté que partage chaque habitant ?
On a vraiment dans ce livre l’impression d’une famille de politiques à l’image figée, spéculaire, se regardant dans le miroir où ils se voient comme les meilleurs, qui guettent le moment de la décision, afin que la mauvaise femme, celle qui trouble le fonctionnement de cet entre soi au rythme de l’alternance qui ramène les mêmes et leurs exigences hiérarchiques, soit répudiée ! On ne sait pas pourquoi c’est si important de faire disparaître cette femme et son regard non rectifié du monde des politiques, en tout cas, on dirait vraiment qu’on l’a vue menacer une certaine logique politique !
D’un côté, on la stigmatise comme une femme à la jalousie pathologique à l’égard d’un pilier politique féminin éminent de ce pays, qui ne saurait pas contrôler ses colères et qui dicterait à l’homme le plus puissant de France ses volontés, qui n’aurait jamais appris, dans les bonnes écoles bien sûr, à retenir sa langue et à se maîtriser. Et de l’autre, on semble lui prêter un pouvoir que personne ne pourrait vraiment vaincre puisque l’image du Président serait atteinte !
Elle ferait vaciller le pouvoir, et en même temps il y aurait quelque chose de pathologique dans son idée fixe d’éliminer l’ex compagne de François Hollande, et mère de ses quatre enfants, femme qui entre les lignes apparaît intouchable.
Dans cette haine presque unanime à l’égard d’une compagne que le Président a fait entrer à l’Elysée sans aucune garantie, ni mariage ni maternité ni même endogamie politique, on passe sous silence l’art avec lequel Ségolène Royal a toujours su exploiter les images, les médias, y prenant place depuis fort longtemps avec des photos très familiales destinées, elle l’a toujours su, à agir sur le cerveau des émotions dans les chaumières, imposant avec un légendaire sans-gêne l’image dominante, générique, de l’éternelle mère de famille, celle de laquelle personne ne sortirait ! Si on ne comprend pas que Ségolène Royal s’est très habilement imposée depuis ses débuts dans les images politiques françaises comme notre mère à tous, plongeant dans l’inconscient le plus immature des Français, titillant leurs émotions et leurs attachements les plus anciens, si on ne remarque pas qu’elle ne se sèvre jamais de cette entreprise de colonisation des images par l’image reine de nos enfances, comme si en politique elle était la meilleure de tous et la plus compétente car s’ancrant dans la maternité, alors bien sûr on ne peut pas vraiment entendre l’énergique protestation de Valérie Trierweiler, avec le sens symbolique de son aventure amoureuse avec François Hollande qui est celui de sortir de la logique de la famille, de la logique de la reproduction, pour advenir dans une logique de vie, qui n’est sûrement pas une logique de l’entre soi et de ses protections comme dans un ventre jamais quitté ! La logique de vie est un renouvellement incessant en acte, dans une prise de risque avec le réel et avec les autres, ce n’est pas un jeu que l’on voudrait joué d’avance ! Un nouveau Président, cela devrait être du neuf, une autre distribution des cartes, de l’énergie nouvelle, non pas une gestion du pays avec une équipe qui s’inspirerait de l’époque mitterrandienne dans laquelle elle aurait fait ses premiers pas et qui aurait, pour l’essentiel, été formée dans le même moule pour hauts technocrates ! La logique de vie n’escompte pas savoir faire d’avance, mais dans un jeu à chaque fois nouveau, où les places ne sont pas distribuables, où il faudrait une vraie audace innovante dans le choix de l’équipe aux affaires. Cela donnerait une pulsion très nouvelle. Le renouveau politique désiré exige une certaine destruction, un passage par le néant, afin de relancer et de risquer un autre jeu, d’autres possibilités, audacieuses, non déjà apprises, enfin humaines. Le temps de vie peut-il s’envisager encore autour de l’économie et de la finance, avec ses spécialistes et ses technocrates de la croissance, autour d’un monde marchand et de ses profits ? Ne devrait-il pas se révolutionner de l’intérieur de la politique et de chacun des habitants de la terre, par un vrai sevrage à la fois des narcissismes fanfarons et de nos addictions de consommateurs, pour vraiment s’organiser face à la terre, aux enjeux et aux dangers courus par un environnement tellement mis à mal dans ses équilibres qui se sont faits dans un temps long par nos activités humaines sous couvert de progrès et de sciences. Ne devrions-nous pas tous, y compris les politiques censés nous représenter, cesser d’être des Prométhées fanfarons ayant volé le feu au dieu ? Ne devrions-nous pas revenir à l’humilité devant une complexité terrestre et de l’univers bien plus grande que nous ? L’équipe politique, avec ses Narcisses prométhéens qui se croient tous les meilleurs, tels des enfants idéaux que le ventre du pays aurait enfin enfantés, ne devrait-elle pas se sevrer d’une telle prétention, qui peut même exiger que les portes soient ouvertes quand certains arrivent, et devenir humble devant les enjeux vitaux que notre époque nous jette sans plaisanter et en urgence à la figure si nous voulons que l’humanité se poursuive et se renouvelle !

Bien sûr, cette haine unanime à l’égard de Valérie Trierweiler n’aide pas à entendre à quel point le saut logique qu’elle fait entrevoir dans le renouvellement politique en s’attaquant au pilier féminin dont le style de diva devrait tous nous faire réfléchir quant à notre immaturité politique nous faisant encore attachés à une reine, est une révolution avant tout intérieure, exigeant la coupure du cordon ombilical, de sortir du giron familial et non pas de le voir perpétuer par les politiques organisés en famille où le jeu des ambitions est protégé bien que violent.
Valérie Trierweiler a quelque chose de la Marianne de la République, mais tout est fait pour refouler cette vérité si dérangeante. On préfère voir un Président comme un champion à la vie stressante, qui a bien le droit d’escompter le repos du guerrier côté femmes, et donc que ce soit de tout repos… Alors, qu’on la répudie, la femme qui complique tout, qui dérange tout le monde, qui ne bride pas sa parole, qui n’est pas dans le consensus !
On ne lui pardonne pas de s’attaquer à Ségolène Royal qui, elle, est très douée pour persévérer dans sa colonisation des images, pour y accrocher et littéralement y nider sa propre image, son narcissisme féroce et froid, pour y être reconnue comme diva et star même par ses détracteurs ! Royal sait très bien que si on occupe l’image avec l’identité qu’on veut lui donner, ici celle de la mère de famille générique qui prend soin de nous tous comme elle montre qu’elle le fait au sein de sa famille privée dont elle donne régulièrement aux Français des nouvelles, alors c’est vrai, et elle est ça ! Elle continue à coloniser l’image de la même manière que pour le nouveau-né sa mère est omniprésente et omniscience face à l’immaturité du petit ! La mère du nouveau-né explose les images, elle devance les désirs, les besoins, elle sait tout d’avance, elle peut saturer l’environnement du petit par son savoir faire et son savoir offrir, c’est une mère imaginaire qui fantasme qu’elle est tout, et qu’elle est la meilleure de tous ! Ségolène Royal, si vous y prêtez un peu attention, vous verrez que c’est ça, son style ! Elle occupe les images politiques comme la mère du nouveau-né est omniprésente et omnisciente, comme elle est dans les premiers temps sa reine ! Elle seule va savoir nous sauver de tous les dangers, et s’occuper de tous nos besoins ! Elle sera plus forte que la crise, notre mère courage, star et diva à la fois, hautaine, cassante et méprisante si souvent, paranoïaque lorsqu’elle prétend que, parce qu’elle est une femme, on se moque d’elle ! A force de faire la maman technocrate qui en a autant qu’un homme, faisant tandem avec le père qui ne peut vraiment en avoir qu’avec elle, elle en devient risible, elle est tellement prévisible et caricaturale !

Dès le début du livre de la journaliste de l’Express, la mise en scène est précise : tous les amis de François Hollande qui craignent tellement, pendant les 15 jours suivant la révélation par le magazine Closer de sa liaison avec Julie Gayet, qu’il renonce à mettre fin à sa vie commune avec Valérie Trierweiler ! Des amis qui se mêlent de la vie privée du président, comme si leur propre statut était aussi mis en danger… Et qui voudraient sans doute rendre simple la complexité humaine, l’ambivalence des relations… Des amis qui sans doute sont les gardiens de cet entre soi politique, de ce cocon, de ce giron, de cette famille qui avec ce Président prend un air d’énarchie. D’emblée, nous sentons donc, par tous ces amis qui prennent tout naturellement part à la vie privée et sexuelle du Président puisqu’ils sont tous pour la répudiation de sa compagne, que ce qui compte avant tout, c’est cette sorte de placenta politique qu’éternise l’appartenance à une élite, celle qui sait faire tandis que le peuple ne sait pas, celle qui a été bien formée, celle qui est coupée des gens et qui vit dans son monde.
Nous sentons ce surplomb protecteur, comme si Valérie Trierweiler, ce qu’elle aurait en fin de compte mis en danger par sa liberté de parole et par le fait d’échapper au contrôle même en ce lieu de haute surveillance qu’est l’Elysée, ce serait cet entre soi placentaire, cette sensation d’être en famille politique, d’être dans un autre monde, celui du pouvoir, face à tous ces individus, le peuple, qui attendraient tout d’en haut, de ceux qui ont bien appris, de ceux qui savent pour eux, qui sont rompus à l’art de faire avec le monde de l’économie et de la finance. Avec le fantasme inhérent à la grossesse, celle de l’attente du nouveau Président de la République, il sera le sauveur, le guérisseur, tout au long de la campagne électorale, on nous l’aurait promis, voilà, cette fois nous attendons le bon, l’enfant chef d’Etat qui va guérir les maux familiaux, l’enfant qui, lui, va nous sortir de la crise, du chômage.
Pendant la campagne électorale 2012, nous y avons tous cru, cette grossesse politique allait mettre au monde enfin le bébé président très jovial faisant tout de suite des sourires à chacun de nous sûr d’y voir sa belle image idéale, il serait né le Président idéal.
Puis, comme le Président né ne pouvait se confondre avec le Président imaginaire et fantasmé, le Président bébé guérisseur, du temps de la grossesse politique, on a cherché le bouc émissaire responsable de l’échec, ce n’était pas le Président qui était responsable de ne pas coïncider avec celui qui était attendu, non, la responsable était toute trouvée, c’était Valérie Trierweiler !
N’était-elle pas déjà la mauvaise femme qui avait détruit une famille, fait pleurer des enfants, saccagé le couple mythique Royal-Hollande ? Tous les amis qui tremblent à l’idée que le Président ne décide pas de rompre avec cette Première Dame si encombrante et haïe veulent faire perdurer l’image du Président guérisseur, idéal, et donc celle de la bonne famille politique, où l’élite est entre soi, comme dans un giron protecteur, coupé des gens et de la vie aux prises avec le réel, le dehors.
La contradiction est très risible ! D’une part tous ces amis qui se mêlent de la vie privée du Président pour son bien et celui de la France s’obstinent à perpétuer l’image d’un chef d’Etat qui peut, qui est celui qui enfin peut guérir la crise et tous les maux dont les Français souffrent, donc l’image d’une toute-puissance ! Et d’autre part, ce Président qui peut tellement plus que tous ses prédécesseurs, voilà qu’une simple femme qui n’aurait jamais appris les bonnes règles, qui n’est pas vraiment des leurs, qui n’appartient pas à la famille, peut lui voler tout le pouvoir ! S’il ne peut pas, c’est parce qu’elle lui aurait volé son pouvoir ainsi que les plus beaux moments de sa vie ! Mais la mauvaise femme disparaîtra, et le Président sauveur enfin pourra… Le fils aîné du Président n’avait-il pas dit que Valérie Trierweileur portait atteinte à l’image du Président ?
Quel est donc ce pouvoir de Valérie Trierweiler que tant de gens semblent craindre ? A elle toute seule, avec presque rien, elle fait donc trembler le pouvoir ? N’est-ce pas très intéressant, ça, justement ? Dans une démocratie… Mais autour du Président guérisseur comme autour de l’enfant sauveur que tout le monde aurait tellement attendu, il y a les amis experts, les technocrates, ceux qui ont été comme Hollande et Royal formés à l’ère mitterrandienne, comme au temps des rois il y avait les courtisans.

Tout de suite aussi, la journaliste de l’Express met en référence Ségolène Royal lors de sa séparation d’avec François Hollande : elle avait en 2007 demandé à son compagnon de quitter le domicile conjugal et de vivre heureux avec Valérie Trierweiler. Ségolène Royal qui aurait de bonnes manières, qui ne mettent pas en danger l’image publique d’un homme politique, surtout lorsque celui-ci est arrivé au sommet… Valérie Trierweiler, 7 ans plus tard, aurait dû congédier son compagnon, désormais Président de la République, dans les mêmes termes ! Comme si deux temps de vie étaient superposables, et comme si deux femmes pouvaient être comparées du seul fait qu’elles ont aimé le même homme ! Comme si le mot d’ordre était de protéger la bonne image du Président, celui qu’on attendait tous, l’enfant imaginaire parfait du fantasme maternel ! La Première Dame devrait comprendre ça ! Elle devrait obéir à une sorte de raison d’Etat, et savoir bien se conduire !
La journaliste Elise Karlin rabote donc sans façon la spectaculaire, incroyable et inédite humiliation infligée à la Première Dame de France sous les yeux de la planète entière, et la ramène à celle qu’aurait vécue Ségolène Royal, candidate déchue à la présidentielle, en 2007 ! Mais François Hollande n’a pas du tout humilié Ségolène Royal, il la juste quittée pour une autre femme, ce qui arrive à de nombreux couples ! Et en 2007, il n’était pas Président de la République ! Le couple qu’il formait avec Ségolène Royal, par ailleurs rendu en quelque sorte indestructible par les quatre enfants qu’ils ont eu ensemble ainsi qu’une longue histoire dans la même famille politique, était infiniment moins exposé que celui du Président avec la Première Dame qu’il a au début de son mandat accepté de mettre à cette place sans qu’elle n’ait de garanties.
Qu’on ne vienne pas dire que cet homme de pouvoir n’avait pas eu le pouvoir de dire non à sa compagne qui aurait eu l’ambition de s’installer à l’Elysée ! C’est vraiment lui qui a pris la responsabilité de la faire entrer à l’Elysée, et d’exposer ainsi une histoire d’amour qui, à en croire les médias, avait déjà commencé à ne plus avoir l’exclusivité de la part du tout nouveau Chef d’Etat…
Bien sûr Ségolène Royal était à l’époque de la rupture particulièrement en vue dans les médias, mais peut-on comparer ce qu’elle a vécu, que la journaliste nomme arbitrairement humiliation comme si on ne quittait pas madame Royal, à une Première Dame qui est répudiée en direct ? Cette répudiation devant la planète entière de la Première Dame de France a été d’une violence inimaginable et très étrange en même temps, d’une certaine manière incompréhensible sinon à se demander sur quelle autre scène elle se joua en vérité !
Lorsqu’un homme, alors qu’il est devenu chef d’Etat, estime, et c’est son droit et sa liberté, qu’il n’a pas à se donner de limite quant au nombre de vies qu’il veut vivre, c’est très bizarre qu’il fasse de Valérie Trierweiler une Première Dame ! C’était lui le chef d’Etat, et ce n’était pas du tout qu’il n’en avait pas assez pour dire non à une compagne autoritaire !
Alors, s’il prend la décision, lui, le locataire de l’Elysée, d’y faire entrer Valérie Trierweiler, ce n’est pas par faiblesse ! Il y avait une raison logique à cette décision. Même si, à ce moment-là, leur relation avait probablement entamé un processus d’apoptose. C’était inséparable de la logique de leur histoire d’amour, de la tranche de vie qu’il a vécue avec cette femme-là.

Si Elise Karlin veut vraiment écrire un livre sur les vies du Président, il ne faut pas qu’elle superpose les deux principales femmes dont il est ici question, Ségolène Royal et Valérie Trierweiler ! Ce sont deux tranches de vie de François Hollande qui ne se ressemblent pas ! Et qui ont leur logique ! Valérie Trierweiler, à la différence de Ségolène Royal, n’a jamais été pour Hollande une concurrente et complice en politique, elle n’est pas de la famille, ne serait-ce pas cela qui a donné un charme fou à cette journaliste politique aux yeux de celui qui était alors si loin de pouvoir envisager la Présidence de la République ?
Nous qui avons voté pour François Hollande n’avons-nous pas cru que sa vie avec Valérie Trierweiler symbolisait pour lui un véritable renouvellement, une révolution intérieure, un relancement, un ressourcement dans le sillage d’un anéantissement du passé pour mieux se disposer au temps et aux situations toujours nouvelles pour lesquelles il n’y a pas de recettes apprises. Il n’y a pas des vies, en vérité, il y a la vie qui renaît toujours de la destruction, de la déchirure, comme le printemps renaît de l’hiver, dans un rythme, et c’est une renaissance. François Hollande, on dirait qu’il vit toujours la même vie, en rajeunissant ses femmes afin que son image à lui reste toujours inattaquée, spéculaire, renvoyée par un miroir amoureux ou sororal comme idéale, celle de l’homme providentiel puissant. En répudiant Valérie Trierweiler, François Hollande enlève le masque, il veut vivre une seule vie, parmi les gens privilégiés, et son nouveau choix amoureux est là pour le prouver, son nouveau couple peut plaire à son fils aîné puisqu’il ressemble curieusement à son couple à lui, comédienne, chanteuse, on est dans un autre monde pas si différent de celui de Nicolas Sarkozy… Les médias ne cessent de nous montrer ce monde-là, avec ses stars, ses enfants réussis, son argent, ses bobos qui ancrent leur business dans leur intérêt pour le peuple qu’ils cultivent et distraient… Rien de nouveau sous le soleil ! François Hollande n’est vraiment pas un révolutionnaire, qui serait capable d’abord de laisser faire la révolution en lui afin que sa vie se renouvelle et renaisse sans cesse dans la déchirure du temps qui ne reste jamais pareil ! C’est un Président qui vit toujours la même vie !

Avec Ségolène Royal, ce n’est pas une vraie rupture, inscrite symboliquement, parce que d’une part elle est la mère de ses enfants, et que d’autre part ils restent tous les deux dans un cocon politique endogamique, avec un ineffaçable air de frère et sœur, de l’ENA à l’Elysée et à la politique. Royal et Hollande sont ensemble dans le giron d’une même famille, politique, estampillée à la fois par l’ENA et l’ère mitterrandienne où tous les deux ont débuté dans le cocon et la pépinière de l’Elysée, ils jouissent d’appartenir à une élite, ils ont la certitude de savoir faire, ils ont appris, ils ont l’expérience, et leur rupture personnelle ne change rien à une éternelle complicité et à une logique endogamique.
Dès qu’il est élu, sans doute François Hollande revient-il plus que jamais, mais cette fois-ci comme l’unique, comme l’enfant sauveur attendu, au sein du giron politique familial éternel.
Mais la gestation de l’homme politique François Hollande ne pouvait pas se faire avec la précédente compagne, Ségolène Royal, une sorte de sœur dans la grande famille. Une famille certes protectrice et complice, mais avec cette sensation de ne pas pouvoir sortir du lot, d’être toujours dans l’indécision quant à la possibilité d’incarner l’homme politique unique sauveur, celui attendu, à cause de la compétition entre frères et sœurs. Et en particulier cette compétition entre sa compagne Ségolène et lui, sur le fil du féminisme. Un féminisme qui tendrait à prouver que la femme est une sorte d’homme réussi… Où la femme, parce qu’elle a le pouvoir de faire des enfants, parce qu’elle est mère, est celle qui réussit mieux que l’homme tout en le gardant comme référence, en fille qui s’identifie au père tout en le réparant parce qu’autrefois il avait frisé l’impuissance et en réparant une mère qui, elle, face au père autoritaire, ne put vraiment se dégager du domestique tout en revendiquant haut et fort son pouvoir de faire des enfants.
Donc, aucune chance qu’avec Ségolène Royal François Hollande puisse vivre un temps de gestation politique où peu à peu il incarnerait l’enfant président guérisseur attendu par la France. Pour cette gestation, il fallait une autre femme que Ségolène Royal ! Ce fut Valérie Trierweiler ! La journaliste politique ! Qui avait le bon regard pour voir l’image du Président qu’on attendait tous, celui qui saurait nous réparer une France giron.
En quelque sorte, elle incarna, en tant que journaliste politique attachée au parti socialiste, cette mère qui pouvait fantasmer l’image parfaite du bon Président que la France attendait.
Imaginons que François Hollande gardait en lui depuis longtemps, sans doute depuis l’enfance, ce désir fou et impérieux d’être l’enfant unique idéal, celui qui correspond pile poil à celui qui était attendu. Désir de sortir du lot de la ribambelle d’enfants socialistes ! Désir aussi d’échapper au tandem à la fois complice et férocement compétitif avec Ségolène Royal toujours en train de le marquer à la culotte voire même de le dépasser.
Valérie Trierweiler n’incarna-t-elle pas dans ce contexte d’immense difficulté pour François Hollande de se singulariser afin d’être le seul à pouvoir incarner le Président attendu la femme de sa vie qui pourrait accueillir en son sein et dans sa vie sa gestation politique ? Mais une fois cette gestation politique arrivée à son terme, à son but, réalisant parfaitement le fou désir de François Hollande d’incarner l’enfant unique attendu, il a réintégré sa famille politique, évidemment, mais cette fois en s’y distinguant absolument, en étant l’unique, celui que tous les frères et sœurs sont forcés de reconnaître, en particulier cette sœur spéciale qu’est Ségolène Royal, car désormais elle ne peut plus jouer à le dépasser, c’est lui qui en a, et elle, elle a maintenant tout à gagner d’un homme qui n’est plus menacé d’impuissance comme le fut son père jadis, celui qui la reconnut et la déclara la meilleure de tous.
Une fois la gestation politique arrivée à son terme, l’élection présidentielle, la femme mère porteuse ne sert plus à rien, puisque le Président sauveur a la certitude de ne pas quitter le giron, le ventre protecteur, car sa famille politique ainsi que ses copains de promotion à l’ENA le lui perpétue.
Soudain, avec l’élection, ce n’est plus Valérie Trierweiler qui incarne pour Hollande une sorte de giron où il est regardé et reconnu comme le garçon Président attendu guérisseur de la crise, c’est sa famille politique de toujours et retrouvée plus que jamais, c’est le staff élyséen, c’est une sorte d’organisation toute monarchique qui est aux petits soins du nouveau roi dans sa prison dorée.
Valérie Trierweiler arrive avec lui à l’Elysée comme une accouchée avec son bébé idéal. Très vite, un processus de séparation et de seuil s’enclenche. Ce n’est plus du tout pareil. D’une certaine manière, tandis que François Hollande bascule du côté de sa famille politique et de tout le dispositif qui va avec la fonction de Président de la République, tandis qu’il retrouve autour de lui, relié à lui, tout un placenta puissant et éternisé, Valérie Trierweiler ne renoue-t-elle pas, avec la solitude et la sensation de ne pas appartenir à cette famille soudée et complice, avec sa liberté de parole ?
Ne renoue-t-elle pas aussi avec une inquiétude qui jaillit du fait que, aux premières loges où elle se trouve, elle constate plus ou moins consciemment à quel point ces politiques, autour de leur Chef, sont coupés de la vie réelle des habitants de France ? Ne renoue-t-elle pas avec le désir que sa voix, comme celle de chaque habitant de cette démocratie qu’est la France, compte ? Son inquiétude rebelle ne se tend-elle pas pour affirmer que la souveraineté, dans une démocratie, appartient à chaque habitant du pays ? Le souverain, ce n’est pas celui qui a été élu, celui-ci représente la souveraineté que partage chaque électeur.
Or, ne constate-t-elle pas très vite que ceux qui sont au pouvoir font comme si eux, ils peuvaient, face au peuple qui ne peut pas ? Les gens du pouvoir réfléchissent à partir de leur monde à eux, celui de l’économie et de la finance, celui où leur formation élitiste leur a appris comment faire, ils ne sont pas vraiment dehors, sur terre, dans un environnement terrestre et habité qui n’est pas organisé comme un placenta, qui n’est pas une métaphore de ce placenta comme l’est au contraire un monde dominé par l’économie et la finance, un monde de la consommation et de la production, un monde marchand.
Valérie Trierweiler, qui n’appartient pas à ce monde-là, qui n’a sans doute pas un cerveau formaté par une formation élitiste, ne renonce pas à dire, à parler, à entendre, alors qu’elle, elle est du côté de ceux qui ne peuvent rien dire, qui doivent tout attendre du Président sauveur et de son staff.
Elle est comme une femme qui se détache de la mère qui avait fantasmé que l’enfant qu’elle attendait allait tout réparer, elle ouvre les yeux sur le réel, sur la terre et ses habitants, et elle nous l’imaginons sans doute très dérangée par les hypocrisies, les ambitions, la langue de bois, qui font retour avec la constitution de l’équipe au pouvoir qui attise les ambitions personnelles.
Ceux qui appartiennent à l’élite, qui croient dur comme fer qu’ils savent faire pour le grand nombre qui attendent tout d’eux, ces malheureux si maltraités par la crise et le chômage, ont dû tellement attendre du partage des postes de pouvoir !
L’élection a probablement tout changé pour Valérie Trierweiler. Son compagnon a retrouvé sa famille politique, et c’est lui maintenant qui a tout pouvoir d’attribuer les places ! Et ce n’est plus elle qui, comme pendant le temps invisible de la gestation du Président de la République providentiel, lui renvoie son image idéale du seul politique qui peut vraiment sortir tout le pays et ses habitants de la crise, ce sont tous les Français ! Le nouveau Président quitte son regard, dans lequel il se voyait plein de promesses, pour aller se voir dans le regard des Français, pour se présenter à eux en enfant jovial et faisant ses sourires à tout le monde. Persuadé par la victoire qu’il est bien celui qui correspond aux attentes, le regard des Français, relayé par celui de l’élite qu’il a choisie de placer dans l’équipe au pouvoir, est autrement plus jouissif pour lui désormais que le regard de sa compagne. Il se détache d’elle juste par l’exercice du pouvoir. Comme l’enfant né va se voir dans des miroirs plus valorisants que celui archiconnu de sa mère.
Il quitte son giron d’amour pour un giron bien plus gratifiant narcissiquement, celui du pouvoir, celui de la France. Il se sent toujours incarner le Président imaginaire que la France attendait, et pourquoi écouter la voix de chaque Français, s’il coïncide si parfaitement à l’homme politique providentiel qui commence déjà tout réparer ?
Si, au début, il semble se dédoubler malgré lui de l’homme dont on attendait tout, bien sûr c’est la faute de sa compagne, il est mal accompagné, notre Président, ce n’est pas possible que le Président né ne corresponde pas au Président imaginaire providentiel ! En répudiant sa mauvaise compagne, il va, c’est sûr, s’imposer enfin comme le vrai Président qui, le seul, va réparer la France ! C’est sûr !
En attendant, comme François Hollande l’aurait confié à des proches, Valérie Trierweiler lui aura volé les meilleurs moments de sa vie… Mais il y arrive bien tout seul, à ne pas pouvoir coïncider avec le Président imaginaire qui aurait pu réparer à lui tout seul une France placentaire pour des Français qui auraient imaginé rester dans un ventre patrie… ! On peut tellement promettre à des Français restés politiquement immatures…
Alors que notre planète est en danger à cause des dégâts collatéraux provoqués par l’industrialisation, les effets pervers du progrès, la société marchande et de consommation, par des déséquilibres si rapides que notre terre ne peut les intégrer comme elle l’a fait au cours de son évolution qui, elle, est lente, l’humanité encore si immature persiste à vouloir que cette planète soit une métaphore d’une poche placentaire qu’on n’aurait pas à quitter et que le monde marchand justement accomplit. Edgar Morin, Chomsky, Pierre Rabbi, parmi d’autres, nous préviennent depuis un certain temps du grand danger dans lequel se trouve notre environnement terrestre, mais à un niveau politique est-ce vraiment entendu, si le pouvoir continue à penser et faire en termes d’économie, de croissance, de production, et à voir les habitants comme des consommateurs à gaver ?
Car sauvegarder réellement notre environnement planétaire exige une révolution dans notre façon de vivre, et particulièrement de consommer ! Une révolution intérieure ! Cesser de se sentir et de se conduire comme d’éternels fœtus branchés dans leurs poches, reliés aux objets de consommation en pléthore que le monde marchand produit et renouvelle ! Si vraiment un nombre croissant d’humain cessait d’être dans une logique fœtale, et accomplissait une révolution intérieure, un sevrage, pour une autre façon de vivre, bien plus humble par rapport à la planète, cessant d’être des Prométhées ayant volé le feu aux Dieux, cela mettrait du même coup en question l’économie et la finance, la production des objets, et chacun retrouverait cette souveraineté que la démocratie était déjà censée lui reconnaître.
Face à cette planète en danger, polluée, déséquilibrée, chacun doit faire entendre sa voix, afin que nos enfants puissent continuer à y vivre au lieu d’avoir une terre empoisonnée. Madame Royal s’affirme depuis fort longtemps dans les médias, mêlant vie privée et vie publique avec grande ambition, comme une mère de famille exemplaire, donc aussi notre mère en politique : nous ne l’avons pas encore vraiment entendu militer pour une révolution intérieure capable de dire non à la société de consommation actuelle donc à la logique de production marchande qui lui fournit les objets, elle accomplit certes de petits pas écologiques en prenant toujours garde que les médias soient là pour donner toute l’ampleur à ce que fait une ministre d’une si grande compétence, mais franchement elle ne touche pas à la logique qui fait des habitants de la terre des consommateurs !
Or, seul un saut logique permettra peut-être, s’il n’est pas trop tard, d’enrayer un processus pervers, sous couvert de progrès, de croissance, de confort, qui va transmettre à nos enfants une planète empoisonnée ! Le saut logique exige un sevrage, par lequel la terre cesse d’être une métaphore de placenta, et peut donc s’offrir à des habitants réellement nés dans sa complexité, avec ses équilibres, ses lois, une terre qu’en apprentis sorciers on ne peut si facilement transformer sans s’exposer à des conséquences et à des risques, une terre à laquelle il faudrait rendre un pouvoir qui nous dépasse parce que ce qui s’y est accompli sur une très longue durée, un humain ne peut prétendre le maîtriser sur son temps de vie qui est très court. L’humanité sevrée sera humble devant l’environnement planétaire complexe qui ne cesse de se rééquilibrer et de se transformer face aux risques, comme par exemple le vivant a su faire avec l’oxygène qui était un poison, ou elle se détruira.
Il suffit que chacun de nous soit informé, pour ne pas acheter, et donc pour faire entendre notre voix directement au niveau du monde marchand ! Nous débiles consommateurs sommes quand même, avec notre cerveau de petits, capable de dire non à condition d’être informés, alors il n’y a même pas besoin de loi, nous n’achetons pas ce qui nous empoisonne et qui grossit les profits des producteurs souvent sans conscience ! Récupérer notre capacité à dire non, voilà le vrai pouvoir ! Afin de réellement prendre soin des enfants à venir par la planète que nous leur transmettons, non pas par un pouvoir exercé personnellement et narcissiquement ! Les enfants d’aujourd’hui ont déjà un corps bourré de pesticides, de résidus de médicaments, d’hormones ! Ce que nous mettons dans notre bouche, en remerciant le progrès qui a si bien pris soin de nous, de notre confort, se retrouve dans les urines, dans l’eau que nous buvons, et bien sûr dans nos cellules. L’air que nous respirons a sacrifié à nos désirs d’aller vite, de nous transporter dans un ailleurs colonisé. La véritable information, voilà ! Pour que nous puissions vraiment dire non, qui est la première liberté ! Mais la sphère du pouvoir, qui regarde l’économie et la finance, désire-t-elle vraiment que les consommateurs, source de profits considérables, soient capables, par l’information, de dire non ?

Bref, revenons aux vies du Président ! Tandis que, à l’Elysée, la Première Dame sous haute surveillance commença à se réapproprier sa voix en s’intéressant aux déshérités de la terre… Ceux qui meurent de faim, de manque de soins, ceux qui subissent des mauvais traitements ou des cataclysmes épouvantables, ceux qui sur notre planète produisant une pléthore de marchandises manquent de tout et sont oubliés tels des individus qui n’ont aucune importance.

Avec Valérie Trierweiler, cela a été une vraie rupture ! Sans filet pour elle ! Brutale ! Une chute hors d’un autre monde ! Qui peut aussi s’entendre comme une naissance, forcément traumatisante ! Mais ce n’est pas une punition, car cela voudrait dire qu’il n’y a pas de meilleur monde que celui d’où elle a été expulsée ! Non, elle est née à la vie sur terre ! On croit qu’elle va se venger, faire payer le Président, comme si elle ne pardonnait pas d’avoir été mise dehors d’un si beau autre monde, de ce ventre qui la trouvait si encombrante et étrangère mal formatée et bridée. Mais non, elle retrouve le sourire, une humanité sensible, la vie !

C’est un peu facile de pointer du doigt la mauvaise femme, qui ne sait pas accepter royalement sa défaite et la nouvelle vie amoureuse de François Hollande, alors que Ségolène Royal, elle, ce serait la classe ! D’ailleurs, avant de souhaiter à son compagnon d’être heureux, n’a-t-elle pas tout fait pour casser son nouvel amour ?
Mais essayons d’entendre les choses à un autre niveau, si on veut enfin rendre justice à la femme la plus mal aimée de France ! Et si François Hollande, en feignant de croire que sa liaison avec Julie Galet resterait secrète, en sous-estimant en apparence le pouvoir des médias, en faisant comme si les temps n’avaient pas incroyablement changés depuis François Mitterrand et sa double vie voire plus encore, avait en vérité mis en marche le compte à rebours d’une destruction qui devait se faire à un niveau symbolique donc en pleine lumière planétaire ? Et s’il avait fallu que cette rupture-là se fasse avec une Première Dame pour qu’elle s’inscrive avec tout son sens symbolique ? Car la Première Dame, n’est-ce pas aussi la Première Dame de la vie, en quelque sorte la référence à la première vie de François Hollande, liée alors à sa mère ?

Le programme de destruction pourquoi ? Parce que, tout près d’arriver au pouvoir, il se serait aperçu qu’il y avait une différence abyssale entre le regard de sa mère sur lui, et celui de Valérie Trierweiler, qui n’a imaginons-le jamais été un regard fasciné et sans aspect critique ?
Celui de Valérie Trierweiler, décrit comme inquiet et jaloux, aurait très vite vu revenir sur l’homme politique toute sa famille, et les ambitions de chacun, bref une logique qui lui est étrangère. Alors, dans son regard sur lui se seraient dissociées deux images, celle du futur et puis nouveau Président imaginaire, réparateur, et l’image réelle, donc déchue, mêlée aux ambitions, au goût du pouvoir, au narcissisme, au désir de vivre dans un monde à part, entre soi.
Imaginons que le Président n’a pas voulu voir dans le regard de sa compagne cette altération de son image. Imaginons même qu’il l’a faite entrer à l’Elysée comme Première Dame comme pour enrayer l’altération de sa belle image idéale, en lui ouvrant le palais.
Mais déjà avant d’avoir la victoire, imaginons qu’il a évité de se voir moins beau dans le miroir de sa compagne en commençant à regarder une autre femme, l’actrice. Celle-là n’allait pas lui retourner une image altérée, elle avait grandi dans un milieu privilégié très proche du parti socialiste, elle était acquise à sa cause, son père était presque de la génération de Hollande. Elle-même était engagée dans la culture. Importance d’une culture dont le peuple pourra profiter. Cette idée-là. La production de la culture. Tout le monde va au cinéma. Le milieu baba cool se soucie énormément du peuple qui doit avoir accès à la culture, et le business y gagne… La culture est un bien de consommation comme un autre, il s’agit de s’intéresser à sa production, il faut aussi penser à nourrir le pauvre peuple qui resterait inculte sinon… Le peuple aurait-il sa culture, s’il n’y avait pas la culture de masse, bien sûr d’un plus haut niveau si les babas cool organisent l’égalité de l’accès à cette culture… Sinon, comment peut-on être Persan, n’est-ce pas, il n’y a de culture que dominante, les paysans n’en ont bien sûr pas, on se penche avec générosité vers ceux qui vont pouvoir en consommer…

Bref, n’y a-t-il pas chez François Hollande une logique endogamique dans le choix de ses femmes au cours de ses différentes tranches de vie ? Ségolène Royal, elle a des airs de sœur dans une même famille, celle de l’ENA même promotion, puis les débuts à l’Elysée auprès du père François Mitterrand, celle de la même famille politique.
Valérie Trierweiler, elle se prête comme parfaitement à une mère qui se dédie totalement à une sorte de gestation politique du futur Président.
L’actrice, appartenant à une famille proche depuis longtemps du parti socialiste, qui a soutenu Ségolène Royal lors de sa campagne électorale, puis François Hollande dans la dernière ligne droite de sa campagne électorale, semble une sorte de fille avec le Président qui, presque de l’âge du père, aurait pris sa place. Cela reste en famille… L’actrice ne mettra jamais en question son image, ne l’altérera jamais, il pourra continuer à se voir Président réparateur dans son miroir.
Même la Première Dame répudiée, Valérie Trierweiler, le Président aurait fait ce qu’il fallait pour qu’elle ne dise plus rien qui puisse l’atteindre, cette image.

Bref, les amis attendent que le Président se décide. Ensuite, tout rentrera dans l’ordre…

Valérie Trierweiler n’a pas fait comme Ségolène Royal, ce n’est pas elle qui a pris acte du nouvel amour du Président et a renoncé à lui, sûre de garder sa place au premier plan. Non, Hollande n’a pas réussi à la convaincre. Qu’il assume seul ! La journaliste prête à Valérie Trierweiler un désir de lui faire payer ! La phrase qu’il dicte au téléphone à la journaliste de l’AFP est brutale et sèche comme une lettre de licenciement. Comme un renvoi sec hors de ce monde !

La journaliste Elise Karlin comprend la vie de François Hollande comme l’organisation de deux vies parallèles, afin de se garder ouverte une sorte de porte dérobée, donnant accès à un giron jamais quitté, poche secrète. Valérie Trierweiler a été une de ces portes. En vérité, par la porte dérobée, il se garde la possibilité de faire entrer la femme qui lui convient pour vivre chacune de ses tranches de vie ! On pourrait imaginer qu’il vit dans un monde où, dans l’ombre, il y a des portes, derrière celles-ci à chaque fois une porte différente, et il fait entrer dans sa vie celle qui correspond à la poursuite de sa vie, en escomptant que la femme laissée lui souhaite d’être heureux et renonce à lui tout en restant silencieuse. Autant de nids d’amour ensuite jetés, pour un plus neuf et plus jeune, et surtout plus accueillant telle une matrice renouvelée ou toujours en âge d’abriter et faire remonter le temps jusqu’à l’ombilic de la vie. Dans ce dispositif, on dirait que les femmes sont derrière la porte, prêtes à tout laisser de leur vie pour accomplir avec lui cette tranche de vie qu’elles seront heureuses de vivre avec lui, comme un beau voyage hors du temps, et ensuite on se sépare paisiblement.

Naturellement, ce serait avec le début de la campagne électorale que Valérie Trierweiler serait entrée en pleine lumière, « avec ses exigences, ses angoisses, ses désirs impérieux, ses colères. » « Plus le temps passe, plus elle envahit son espace. Elle pèse sur toute la campagne présidentielle, de fureurs en larmes, de reproches en disparitions. » Elle envahit son espace ! Et l’inverse ? Le candidat à l’élection présidentielle envahit encore plus l’espace de la vie de Valérie Trierweiler, en le déformant à l’excès par le rythme d’une campagne ! L’homme politique autour duquel tout tourne, il n’y en a plus que pour lui, un narcissisme fou ! Une bête politique lancé dans la course la plus folle, n’est-ce pas dur à vivre, déréalisant, chamboulant, ravageant l’espace humain, le temps de vivre ? N’est-ce pas un moment inhumain, lourd, où la vie jusque-là douce s’altère de plus en plus, jusqu’à devenir méconnaissable ?
Par ailleurs, on a du mal, en lisant ce livre, à comprendre pourquoi François Hollande n’a pas rompu à ce moment-là, si c’est vrai que sa compagne était aussi terrible, envahissante, pathologiquement instable et revendicatrice. On se demande comment la journaliste peut aussi facilement comprendre la complexité de la relation d’un homme et d’une femme, et savoir précisément ce qu’ils vivaient.
A la lire, on devrait se dire, pauvre François Hollande, qui a dû supporter tout ça ! Mais ni mariage ni enfants ne pouvaient l’obliger à rester avec cette femme en compliquant une rupture ! N’y avait-il pas une qualité de vie avec Valérie Trierweiler qui était dure à quitter ? Une humanité ?
Qu’y avait-il de si fort entre eux, que n’évoque pas vraiment la journaliste ?
Ou bien était-ce la dissociation libre qu’il soupçonnait chez cette femme qui inquiétait le candidat ? Il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle ne voit pas en lui l’image qu’il voulait que tout le monde voit ?
Elise Karlin peut écrire ce qu’elle veut, elle ne peut pas passer par-dessus le fait que François Hollande non seulement n’a pas rompu avec Valérie Trierweiler à ce moment-là de la campagne électorale où entrant en pleine lumière selon ses mots elle aurait été insupportable et aurait entravé la campagne de Hollande mais une fois élu il l’a emmenée avec lui à l’Elysée ! La raison de François Hollande pour faire ça, la journaliste ne l’a absolument pas écoutée !
Cette raison peut être l’amour encore là, la reconnaissance pour cette tranche de sa vie où a pu s’accomplir sa montée jusqu’à la présidence.
Mais elle pourrait aussi être très différente ! François Hollande est un homme qui, depuis le début de la campagne, est entouré de personnes qui sont toutes d’accord avec lui, qui lui renvoient la même image, celle qu’il veut, il commence à être une sorte de prisonnier dans une cage dorée, et dans le camp politique d’en face c’est la même chose sauf qu’on tente de le mettre dans la cage de l’ennemi dangereux à abattre. Valérie Trierweiler, elle, elle est peut-être en train d’introduire autre chose. Cette image que la bête politique met en jeu pour la course au pouvoir, ce n’est pas celle qu’elle aime, elle commence à se dissocier, à ne pas aimer l’enfer du pouvoir, les ambitions qui s’y affrontent, les narcissismes, et cette dissonance dérange, déstabilise la certitude du futur président, est un grain de sable dans le rouage. Il l’aurait gardée pour tenter de refouler cette dissonance, ce désaccord, ce désamour, cette déchirure qui menace.

Elle ne s’apaise pas à l’Elysée, écrit Elise Karlin. Mais Valérie Trierweiler, ce n’est pas quelqu’un qui sait tenir le rôle, elle n’a sans doute pas été l’élève appliquée sachant se couler dans une image déjà faite d’elle, elle n’est pas bâillonnée par le beau cadeau, l’accession au palais. Dans cette tranche de vie avec François Hollande, elle vit des choses jamais vécues, elle n’est pas dans la répétition, elle n’est jamais passée par là. François Hollande, il doit se sentir chez lui à l’Elysée, puisque c’est dans ce palais qu’avec Ségolène Royal il a fait ses débuts, sous Mitterrand. Sa compagne, elle, n’a aucun moule dans lequel se couler. Pas même celui d’une épouse de Président. C’est surtout ça. Elle n’est pas légitimée. Cela ne soigne pas son inexpérience. Elle fait avec quelque chose de radicalement nouveau. Elle n’est pas préparée, pas briffée, c’est comme dans une vie où les jeux ne sont pas déjà fait, c’est comme dans la vraie vie, avec les risques et l’inquiétude que le fait de n’avoir pas encore connu cette situation apporte. On voudrait qu’elle sache faire au moins comme une épouse sait faire dans son chez elle devenu soudain un palais. Mais elle, elle n’est pas l’épouse garantie par son homme devenu le plus puissant de France. Aucun filet ne la protège. Elle est visible dans l’éclosion d’une nouvelle vie, telle une fleur dont les pétales sont encore froissées, et on ne lui pardonne pas de n’être pas idéale. Comme nous devrions tous être bien formatés par tout ce qui nous dicte nos habitudes dans tous les domaines, cette femme devrait se montrer formatée par le protocole et le fait d’être femme de. Or, cela se sent qu’elle n’est pas dans cette enveloppe rassurante du mariage qui lui donnerait une image convenue. On ne lui pardonne pas d’innover en ne bridant pas sa parole, ni de dire la violence qu’elle sent autour d’elle, issue de la politique et des personnages qui veulent une part du pouvoir.

A propos du fameux tweet, la journaliste parle de dévastation des premiers mois du quinquennat ! De confusion entre sphère personnelle et espace politique. Mais pas du tout ! Le tweet est politique !
D’abord, c’est un geste politique à l’adresse du candidat de La Rochelle, une sorte de reconnaissance de sa légitimité à se présenter, alors même que le Président de la République, qui n’est pas le Président que des socialistes, soutient officiellement Ségolène Royal, à laquelle il est lié de manière privée, qui a tenté de l’éjecter pour se mettre à sa place !
Valérie Trierweiler, Première Dame, ose par ce tweet dire que sa nouvelle vie ne change pas sa liberté de parole, et que le candidat de La Rochelle, qui a sans doute été très blessé par le parti pris du Président qui est d’accord pour qu’il soit éjecté alors qu’il l’a lui-même beaucoup soutenu pendant la campagne présidentielle, reste un candidat qui n’a pas démérité. Un candidat qui ne peut être sous-estimé. La faute logique et politique est celle du Président, après celle de Ségolène Royal qui a sous-estimé le candidat de terrain ! Il n’aurait jamais dû accepté qu’un candidat engagé sur le terrain depuis longtemps, et fidèle, puisse ne rien compter et doive se plier à un parachutage de Ségolène Royal, dont la défaite se sent très tôt, au point qu’elle a demandé en secours le soutien du Président afin de tenter de modifier par une sorte de nomination d’en haut le résultat de l’élection qui se profile.
Ce ôtes-toi de là que je m’y mette, moi, moi, moi, est d’une brutalité ! Comment peut-on accepter cela ? Comment un Président peut-il cautionner ça ? Sans primaire, sans l’avis des électeurs ! On déclare arbitrairement que la meilleure, c’est Royal ! Comme ça, alors même qu’elle avait déjà essuyé une défaite cuisante à la primaire socialiste, défaite qu’il faut entendre dans le sillage de sa campagne présidentielle qui a donné les raisons de ne pas avoir une deuxième fois cette diva ! D’en haut, de l’Elysée ! Le fait du Prince !
Mais oui, le tweet de Valérie Trierweiler est politique !
Et sans doute a-t-il été dicté par la sensation insupportable de la tentative d’éjection à l’encontre de Falorni que Valérie Trierweiler a probablement senti elle-même au quart de tour.
Sur le terrain, quelqu’un a œuvré énormément pendant des années, et pourtant, il peut être considéré comme sans importance, une candidate peut être parachutée d’en haut comme étant seule importante, nommée une fois pour toutes, sans avoir à se mesurer au renouveau, à un nouvel élan ! C’est ça qui est politiquement inadmissible ! C’est aussi le fait qu’il y a eu tentative de restreindre le choix des électeurs, de le manipuler !
Le tweet conduit aussi à s’interroger sur un autre aspect très politique également ! Ségolène Royal ne s’est pas présentée là où elle a œuvré pendant des années, dans sa précédente circonscription. La raison selon laquelle la place qu’elle avait donnée à Delphine Batho ne pouvait pas être reprise ne tient pas vu que Royal n’a pas autant de scrupule à tenter de virer le candidat de La Rochelle qui est très connu dans sa région. Ségolène Royal avait-elle peur de ne pas être élue dans sa région justement parce qu’on la connaissait, et aurait-elle tenté de fuir le verdict des électeurs en allant se présenter ailleurs ?
Si Ségolène Royal s’était présentée chez elle, et avait été élue, il n’y aurait eu aucun problème, et sans doute Valérie Trierweiler n’aurait rien fait pour l’empêcher d’être présidente de l’Assemblée Nationale ! Une insupportable magouille politicienne s’est faite à La Rochelle avec l’aval du Président qui soutient une candidate avec laquelle il a un lien privé, et le tweet a mis les pieds dans le plat, sans pour autant réussir à ce qu’un vrai débat se fasse sur ce genre de mœurs sans doute pas unique chez les politiques.
En tout cas, Elise Karlin se borne à cette lecture très superficielle et très orientée du tweet : il a dévasté le début du quinquennat de François Hollande !
Et là encore, François Hollande ne rompt pas pour autant ! Il a peur de la parole de Valérie Trierweiler pour son image à lui !
Puis, s’il s’échappe vers une autre aventure, il a même commencé avant… C’est, pour la journaliste, parce qu’un homme qui a de telles responsabilités a besoin, encore plus qu’un autre, de souffler. Une femme, ça sert à ça ! A permettre aux hommes qui ont tant de responsabilités de souffler ! Là encore, aucune analyse de la façon dont il les assume, ses responsabilités !
Aucune chance d’entendre qu’il y a peut-être, entre la Première Dame et le Président un encore discret mais profond désaccord en matière de logique politique ! La journaliste préfère présenter la nouvelle aventure avec l’actrice comme ce qui permet au Président de souffler, et il est interdit à une femme de faire entrevoir une autre politique ! Le tweet, cela a été pourtant ça ! Et c’est sûr que Valérie Trierweiler ne s’est pas contente d’être là pour qu’avec elle un homme ayant de telles responsabilités puissent souffler… A propos d’un fait précis, un parachutage qui éjecte le candidat de terrain connu des électeurs, c’est un désaccord politique qui s’est dit ! Même si, consciemment, Valérie Trierweiler a juste voulu témoigner de la reconnaissance à Falorni, a désiré lui rendre justice par un signe public d’amitié.

Le comportement du Président n’est pas exemplaire : lui-même mêle sa vie privée à sa vie publique : il soutient officiellement une candidate qui est la mère de ses enfants ! Quelle rigueur ! Et puis, alors qu’il ne peut être naïf au point de croire que les médias vont le laisser vivre tranquillement sa double vie, ne s’est-il pas exposé être pris sur le fait et fait se poser des questions sur sa protection ? N’a-t-il pas montré de lui un air adolescent très curieux pour un homme au sommet de l’Etat ?

Tous les amis ont eu peur que François Hollande se dérobe, reste dans l’ambiguïté, ne tranche pas. Mais, écrit Elise Karlin, ils veulent tous « en finir avec cette présence qui fragilise au lieu d’apaiser, qui complique au lieu de simplifier, et dont ils jugent qu’elle a largement participé à gâcher le début du quinquennat. » Par ces mots, se dresse le portrait de la femme qu’il faudrait : apaisante, simplificatrice ! Finalement, quel pouvoir ils prêtent tous à Valérie Trierweiler ! C’est fou que l’homme le plus puissant de France aurait été fragilisé par une femme ! Alors, nous avons élu un homme bien fragile ! Et il serait pourtant un homme froid, sans affect ! On se demande alors comment cet homme froid a pu être affecté, fragilisé, par sa compagne… Mais l’homme détesterait trancher, prendre des décisions sans retour… Il aurait voulu que ce soit elle qui tranche ? Elle qui dégage ? Elle qui, pour une raison d’Etat, aurait accepté qu’il jouisse d’un giron de repos rajeuni ?

« La vie privée de François Hollande, depuis le tweet de Valérie Trierweiler le 12 juin 2012, est devenue une donnée politique. » Mais non, le tweet ne concernait pas la vie privée, mais mettait en lumière une faute politique logique de la part du Président ! Un tweet dont le but était de rendre justice publiquement à Falorni, aussi homme politique, qu’on avait tenté d’éjecter depuis l’Elysée. Valérie Trierweiler n’a pas placé son amour pour le Président plus haut que sa conscience politique ! Elle n’a pas fait silence ! Et par ailleurs, elle n’a attaqué ni le Président ni Ségolène Royal ! Elle a juste dit que même si on lui avait demandé de se retirer, il n’avait pas pour autant démérité !

Une raison privée aurait figé le processus qui devait aboutir à la rupture : l’hospitalisation de la Première Dame ! On ne sait pas si elle a été hospitalisée pour raison d’Etat. Raison privée, ou raison d’Etat ? Chacun de nous peut se faire une idée… En tout cas, la mise au secret de Valérie Trierweiler, sa mise en sommeil, a profité à Hollande. On n’a pas entendu sa compagne. C’est comme si elle n’existait pas. Elle est un peu vite zappée. Mais la journaliste croit pouvoir affirmer que Valérie Trierweiler ne se laissera pas oublier. On la présente comme celle qui ne renoncera pas. Mais à quoi ? Elle serait prête à pardonner ? Mais le déballage médiatique n’a plus rien laissé pareil ! On prête à Valérie Trierweiler la volonté de s’accrocher, comme si ce monde-là du pouvoir et des grands de la planète était le seul désirable ! Or, comme ensuite elle a surpris en ne s’accrochant pas, en se retrouvant avec le sourire, quoique éprouvée, le monde où chacun de nous habitants de France vivons !

Valérie Trierweiler, la nuit du 10 janvier, lorsque le Président vient lui parler, lui « oppose un calme glacé ». Rien de quelqu’un qui ne saurait pas se retenir, qui casserait tout. Ensuite, elle vit la chute ! Elle tombe dans un noir désespoir. Les choses se vivent ! Il s’agit vraiment de destruction, de chute ! Elle vit ça. C’est violent !

La préoccupation de Hollande, cette nuit du 10 janvier, aurait été de gérer la colère et l’accablement d’une compagne dont il n’aurait jamais maîtrisé les comportements. Bigre ! Un homme doit pouvoir maîtriser les comportements de sa femme ! Il doit pouvoir la cadrer, lui dicter ses pensées, sa conduite, afin qu’elle soit le simple miroir pour sa belle image jamais altérée ?

La Première Dame aurait méprisé les collaborateurs de Hollande, et elle n’aurait jamais obtenu du Président qu’il leur demande de la respecter. Toute la question de la parole du Président concernant sa compagne la Première Dame ! Tout se passe comme s’il n’avait jamais dit officiellement, une fois à l’Elysée, qu’il l’aimait ! Comme si, effectivement, c’était en puissance déjà fini dès le début. Avant le tweet ! Les médias n’ont-il d’ailleurs pas dit que l’actrice était déjà là.
Alors, on dit beaucoup de chose sur Valérie Trierweiler, n’empêche, François Hollande regardait déjà ailleurs avant même d’arriver à l’Elysée ! On n’est pas forcé de croire que Valérie Trierweiler est une femme sans intelligence ! Avait-elle senti, presque à son insu, le désamour, bien avant l’Elysée, et que tout était en train de changer ?

Les Français, qui la détestent, auraient déjà, écrit la journaliste, entériné sa sortie. Mais qu’en est-il d’un Président qui laisse sans réagir une femme lui dire à Dijon qu’il ne doit pas se marier avec Valérie Trierweiler parce qu’en France on ne l’aime pas ? Quelle est l’autorité et le statut d’un Président à qui une femme dans la rue ose dire cela ? Il n’a jamais dit à la France qu’il aimait sa compagne ! C’est ça ! Il ne l’aimait déjà plus, lors de l’élection. A la Bastille, ça s’est senti ! A Tulle, il l’a fait monter sur le podium à ses côtés, mais c’était parce qu’elle avait dans le regard cette splendide image de lui victorieux. A La Bastille, tard dans la soirée, il était rejoint par sa famille politique le regardant comme l’enfant sauveur juste né. Tout avait changé.

L’opinion n’aurait jamais pardonné à Valérie Trierweiler son tweet de soutien à l’adversaire de Ségolène Royal ! Non, son tweet de soutien à Olivier Falorni ! La journaliste en vient à gommer le nom, Olivier falorni, qui n’est plus que l’adversaire de Ségolène Royal.
Et alors, Valérie Trierweiler devient une marâtre acariâtre et vindicative ! Mais qu’est-ce que cela vient faire, cette allusion par ce vilain mot de marâtre au fait que Ségolène Royal est la mère des enfants du Président ? Justement, c’est ce lien privé qui aurait dû interdire que le Président de tous les Français soutienne officiellement la candidate parachutée à La Rochelle de Ségolène Royal !
Qu’est-ce que cela a à voir avec la politique, avec la violence des élections où on n’est jamais sûr de gagner, l’allusion aux pauvres enfants du Président et de Royal, maltraités par la mauvaise femme qui a précipité la défaite d’une mère qui devrait être intouchable et donc assurée d’être élue ? Alors, si on comprend bien la pensée de la journaliste, au nom des enfants du Président, Ségolène Royal devait gagner, elle devait être soutenue dans son parachutage, et plus personne n’aurait rien dû avoir à en dire quelque chose ?
Mais Olivier Falorni, il en a peut-être aussi des enfants ! Des enfants choqués par le fait qu’on puisse éjecter leur père, qui pourtant fut un fidèle du Président, et œuvre depuis des années pour sa ville !
Il y a là la tentative de faire pleurer dans les chaumières, que Ségolène Royal elle-même a utilisé le jour de sa défaite, en évoquant les pleurs de sa fille, les souffrances de ses enfants. La victoire devait donc lui être assurée. Au nom de ses enfants ? Ces enfants qui ont côtoyé depuis leur enfance la violence de la politique n’en seraient pas encore vaccinés ? On va nous faire croire que la violence subie par les enfants du Président et de Royal a été infiniment plus fortes par les conséquences du tweet de la marâtre que celle subie par tous ces enfants de par le monde qui meurent de faim et de tant d’autres choses !
Nous aurions tous pleuré pour les malheureux enfants Hollande !
On pourrait rétorquer à la journaliste et à Royal qu’il y a des enfants qui ont eu à vivre des difficultés autrement plus importante que ces enfants là et ont pourtant su se construire une vie digne et libre ! Elle est un peu indécente et risible, cette tentative de faire pleurer les Français avec les souffrances subies par les enfants Hollande ! Comme si on n’était jamais allé voir ces enfants qu’il y a aussi sur notre territoire, et ailleurs, dont la maltraitance et l’absence de chance restent ignorées !

Cette Première Dame a qui on a fait faire une cure de sommeil est pourtant capable le 26 janvier de partir en voyage humanitaire en Inde, comme elle l’avait prévu de longue date, voyage qui n’était pas payé par l’Elysée. Soucieux de sa santé, mais surtout terriblement inquiet à l’idée qu’elle puisse parler, qu’on ne puisse plus la museler, le Président a tenté, en vain, de la dissuader. Mais Valérie Trierweiler a fait un voyage très digne, pratiquement sans évoquer ce qui lui arrive, elle ne s’intéresse qu’à ces enfants pour lesquels elle a fait le voyage ! Ces enfants qui manquent de soins, justement. On a du mal à croire que cette femme si digne, qui a l’air marqué par l’épreuve, mais qui défend de manière si simple et si vivante ces enfants qu’elle visite, est celle que l’on décrit comme coléreuse, ingérable, vindicative. Nous voyons une autre personne ! Très humaine ! Mais qui, certes, n’entend pas sacrifier sa capacité de parole ! Elle n’entend pas disparaître ! Mais pourquoi devrait-elle disparaître ? La lumière est aussi pour elle ! Et pour chacun de nous ! La lumière n’est pas que pour les politiques, les élites, les privilégiés, les stars, les divas !

Le passionnel, côté Valérie Trierweiler, occulterait tout, selon la journaliste ! Elle voulait attaquer la terre entière, tous ceux qui écrivaient des choses sur elle pendant la campagne électorale ! Portrait d’une femme que la passion rendrait folle, qui ne saurait pas se maîtriser ! Mais qui ne se laisse pas faire ! Exposée par son amour pour le candidat à la présidence, puis pour le Président !
La journaliste n’essaie pas une seconde de se demander qu’est-ce que ça fait, de vivre exposée, comme cela a été le cas de Valérie Trierweiler, qui n’avait jamais fait ce choix pour elle-même, et qui se trouve catapultée dans un autre monde, fait de narcissismes, d’ambitions féroces, d’hypocrisies, et en fin de compte de beaucoup de consensus pour protéger un entre soi où on n’est jamais dépaysé vraiment par l’autre ! Les politiques, eux, sont rompus à cette exposition, ils l’exploitent pour la communication, pour leurs campagnes, c’est leur fond de commerce. Mais Valérie Trierweiler, elle, sans doute qu’elle ne s’est jamais accommodée du voyeurisme médiatique et des interprétations spectaculaires. N’est-ce pas dérangeant, déréalisant, altérant, tous ces gens qui écrivent sur elle, qui malmènent son image ? Ségolène Royal, Julie Gayet à sa manière plus discrète, savent faire avec les médias, elles exploitent ce voyeurisme médiatique et savent s’en protéger même si elles s’en plaignent quand cela ne les arrangent pas. Valérie Trierweiler, on sent que ce n’est pas son truc, elle est journaliste, elle a un mal fou à être la proie des journalistes et des médias, on sent qu’elle n’est pas de ce monde où on joue du médiatique. Alors, on lui en veut de ne pas jouer le jeu…

Pour tout le monde, et en particulier pour Elise Karlin, Valérie Trierweiler a donc une jalousie pathologique à l’égard de Ségolène Royal. Elle aurait une haine inextinguible pour celle qui l’aurait précédée dans le cœur de Hollande… Elle aurait piqué une colère terrible, accusant Hollande de recommencer à lui mentir. C’est au moment où, pour sa campagne électorale, Hollande a besoin du soutien de Royal.
Celle-ci a, rappelle la journaliste, subi une terrible humiliation lors de la primaire socialiste, alors qu’elle invoque toujours 17 millions de voix en 2008. Et oui, en politique, rien ne reste acquis, les électeurs peuvent décider du renouveau, d’une pulsion nouvelle, de ne rien garder, de risquer un personnage pas encore connu ! Ségolène Royal croit-elle qu’elle, elle doit toujours gagner ? La défaite à la primaire socialiste n’est-elle pas au contraire la conséquence de son exposition à la présidentielle de 2008 ? On la connaît trop, on ne veut plus voter pour elle ! En 2008, il n’y avait pas le choix, les électeurs de gauche ont voté pour elle car elle était la seule candidate, certains ont même préféré voter blanc. En 2011, les électeurs de gauche l’ont fuie, ils ont dit quelque chose d’important, ils ne voulaient pas d’elle ! C’est pour cela qu’invoquer à la Rochelle encore ses 17 millions de voix, et passer sous silence sa défaite à la primaire, c’était quand même de la part de Madame Royal un refus de la voix des Français !
Quant à la jalousie et à la haine de Valérie Trierweiler à l’égard de Ségolène Royal, et si la raison n’en était pas si privée que ça ? Et si c’était à François Hollande plutôt qu’à sa première compagne que Valérie Trierweiler demandait des comptes ?
Il recommence à lui mentir, aurait-elle dit ? Mentir sur quoi ? Sur le fait que ce serait terminé avec Ségolène Royal ? Mais oui, il ment ! Il ment parce qu’ils ont ensemble une histoire, politique, qui dépasse de beaucoup la sphère privée, où par ailleurs ils ont des enfants ensemble. Il ment, car politiquement il n’a jamais pensé sortir de cette famille politique, de cette appartenance scellée par l’ENA, de cette certitude d’être entre soi, d’appartenir à l’élite. François Hollande n’est en ce sens pas séparé de Ségolène Royal, ils sont comme frère et sœur, il y a dans tout ça une logique endogamique.
Valérie Trierweiler a sans doute l’intelligence de ce lien indestructible, de cette appartenance plus forte que tout, contre laquelle elle ne peut rien, et qui fera qu’un jour c’est elle qui sortira de la vie de François Hollande. La journaliste n’entend jamais, n’entrevoit jamais à quoi se heurte Valérie Trierweiler, cette logique de la famille politique, ils sont entre eux, ils mènent leurs ambitions, un jour ils se séparent, plus tard ils se réconcilient, ce qui compte ce sont leurs ambitions, leur narcissisme, leur goût du pouvoir.
Bien sûr que François Hollande lui ment ! Il n’est jamais vraiment sorti de cet autre monde, où ils sont entre eux, à la fois complices et adversaires, même si elle et lui ont vécu à part quelques années, le temps d’une gestation politique. La campagne électorale qui commence en 2011 a dû sûrement violemment lui montré que le seul vrai amour de Hollande était la politique, donc lui-même, incarnant celui qu’on attendait !

François Hollande rencontre Ségolène Royal. « Ils ont un langage en commun, la politique : il lui assure que, une fois élu, il la soutiendra pour la présidence à l’Assemblée nationale. » Même si ce sera dur d’imposer ce choix aux députés, qui jugent Royal incontrôlable, trop grande gueule…
Voilà, je te donnes si tu me donnes. Bon. On fait ses petites affaires.
Valérie Trierweiler, qui, dans un tweet le lendemain, rend hommage au ralliement désintéressé de Ségolène Royal, même s’il contient une pique avec le mot « désintéressé », est quand même une acceptation de Royal !

A La Rochelle, il s’est passé quelque chose d’autre, inacceptable pour Valérie Trierweiler, le fait qu’un homme politique de terrain puisse être comme ça éjecté, et que le Président soit d’accord avec ça officiellement. C’est autre chose ! tant que Ségolène Royal ne décide pas d’un parachutage qui tente d’éjecter Falorni, et tant que le Président n’approuve pas ça officiellement, il ne semble pas que Valérie Trierweiler soit si pathologiquement jalouse de Ségolène Royal ! Elle semble accepter que l’ambition politique de son compagnon ne puisse pas se passer du soutien de Royal !

Le problème est le non-dit de Hollande, à propos de sa visite à Royal ! Le fait de ne pas dire, c’est comme s’il y avait quelque chose à cacher. D’où la colère de Trierweiler, parce qu’il lui ment ! Il lui ment sans doute plus pour autre chose que pour la visite dont il ne lui a pas parlé. Il ment sur ce qu’il partage avec Ségolène Royal, sur une commune appartenance politique, sur une entente au quart de tour. Quelque chose qui ne se partage pas avec Valérie Trierweiler. Il s’agit de la logique de la politique qu’il veut faire ! Cette politique, il a été formé pour la faire, l’ENA, les débuts près de Mitterrand. Au moment de prendre lui-même le pouvoir, tout cela revient d’actualité, et ce n’est pas anodin qu’il cache à sa compagne une visite à celle avec laquelle il s’est formé sur les bancs de l’ENA, et avec qui il a débuté au palais de l’Elysée. La visite referme un cercle, ils reviennent ensemble au commencement, pour un deuxième commencement. La colère publique, si elle est vraie, manifeste plutôt la douloureuse découverte de Valérie Trierweiler : en quelque sorte, elle reste étrangère à ce qui fait la part la plus importante de la vie de son compagnon ! C’est plutôt une colère douloureuse. Une part d’elle a l’intelligence de l’éloignement en train de se faire ! Pourquoi lui serait-il interdit de dire comment s’écrit l’histoire de son côté à elle ? Même si, dans un SMS, Valérie Trierweiler aurait signifié son désaccord à propos du ralliement de Ségolène Royal, par peur que le couple mythique se refasse, bien sûr elle a déjà compris inconsciemment que c’est le grand retour de la famille politique, celle qui est héritière des années mitterrandiennes, et évidemment Ségolène Royal en fait partie.
Cependant, si Valérie Trierweiler, de son côté, signifie son désaccord, celui-ci n’est-il pas plutôt un désaccord pour ce genre de politique faite par une élite pas vraiment proche des Français, et qui s’est elle-même formée dans le giron mitterrandien, des années qui vont inspirer sans doute celles à venir.

La campagne électorale à peine commencée serait déjà parasitée par la terrible acrimonie de la compagne du président. Celle-ci voudrait garder l’exclusivité… Non, c’est plus dur et plus violent que ça : le pouvoir va les séparer ! Le pouvoir ne lui laisse rien de l’homme qu’elle a aimé. Lorsqu’il commence aux rennes de l’Etat, il est déjà dans le début d’une nouvelle aventure !

La version de la journaliste de l’Express est très unilatérale. C’est vrai qu’elle raconte des réactions très tranchées de Valérie Trierweiler, mais sans jamais chercher à entendre quelque chose ! Pour elle, c’est toujours de l’ordre du pathologique.
Par exemple, il ne fallait jamais prononcer le nom Royal devant elle, surtout pas dans la bouche de Hollande. Et le biographe Serge Raffy ne devait pas dire un mot de Ségolène Royal dans sa biographie !
La demande de Valérie Trierweiler était-elle aussi tranchante que la présente la journaliste ? En tout cas, si Valérie Trierweiler entend si fortement, si violemment, le pouvoir du nom Royal, d’une certaine manière il faut la croire. Elle dit quelque chose d’important ! Et n’y a-t-il pas fort à parier que c’est dans la parole de François Hollande qu’elle l’a encore et toujours repéré !
Il faut accepter qu’elle ait politiquement raison d’en avoir après le nom Royal, ce que signifie ce nom qui est tout sauf anodin dans un pays qui fut monarchique et qui a fait la révolution non sans s’attarder encore par immaturité politique dans cette monarchie inconsciente où le roi et la reine c’est maman et papa qui nous gardent dans leur monde où il y a la cour, les princes et les princesses ! Elle ne dit pas ça par hasard ! Il y a toujours une raison aux paroles qui sont dites, aux exigences qui, au premier abord, semblent non raisonnables, pathologiques. Et si Royal est un nom qui hante tellement la vie de Valérie Trierweiler, ce n’est pas forcément par jalousie morbide comme on le croit. C’est que toute la personne féminine de Ségolène Royal incarne un certain statut de la femme qui, parions-le, arrange parfaitement François Hollande, c’est-à-dire ne le dérange pas du tout bien au contraire ! Ségolène Royal est sûrement infiniment moins dérangeante pour François Hollande qu’une femme comme Valérie Trierweiler ! L’Ancien Régime contre le Nouveau Régime, littéralement !
N’y a-t-il pas fort à parier que François Hollande aurait cherché à « normer »Valérie Trierweiler par l’image plus prévisible de Ségolène Royal ? Et que c’est ça qui met follement en colère Valérie Trierweiler !
C’est que la femme qu’est Ségolène Royal est infiniment plus rassurante pour l’ambition politique de François Hollande que ne l’est la femme Valérie Trierweiler. C’est quelque chose de très important au moment-même où François Hollande, sur le point de devenir peut-être Président, sera en quelque sorte le père de la nation. Et c’est autour du statut du père que les deux femmes diffèrent absolument. Si Ségolène Royal est très douée pour réussir comme un homme tout en étant mère de famille nombreuse, réparant et réhabilitant à la fois un père qui ne gagna jamais de bataille et une mère qui souffrit sous la poigne d’un mari autoritaire d’être reléguée aux taches domestiques, Valérie Trierweiler, on ne la sent jamais dans cette compétition avec les hommes dans la réussite de sa vie de femme.

Deux histoires très différentes. Deux femmes très différentes. Mais, pour un homme, surtout au seuil du pouvoir, l’une sera bien plus rassurante que l’autre. Royal rimant étrangement avec pouvoir. Royal : le nom du père par excellence ! Le nom du père puissant, qui perpétue un monde privilégié pour sa reine, ici sa fille, et la famille ! Ségolène Royal naquit lorsque les colonies existaient encore, son père militaire assurait à la famille nombreuse une vie privilégiée d’expatriés. Mais soufflait sans doute la fin de cette vie-là, et le père militaire, contrairement à son propre père aussi militaire, ne connut aucune victoire. Au contraire, il connut la défaite de la Deuxième Guerre Mondiale et l’arrivée du monde américain en Europe, et la fin des colonies. Ce père de famille communiqua sans doute à sa famille, et en particulier à sa fille Marie-Ségolène, dont il disait qu’elle était la meilleure de tous, la sensation d’un échec, d’une impuissance à refouler l’arrivée d’un temps nouveau, à empêcher la fin de la vie privilégiée d’expatriés aux colonies. Père qui accentue son côté autoritaire, qui fait mener une vie dure et spartiate à sa famille avec laquelle il rentre en métropole. Mais dans la ville de province, ils habitent une grande maison de notable, glaciale sans doute, mais à l’époque on ne chauffait pas partout, même chez les riches. La mère accepte de moins en moins son mari autoritaire et de devoir accomplir les tâches domestiques qu’au temps privilégié elle ne faisait sans doute pas elle-même. Donc, nous imaginons que la jeune Marie-Ségolène a nourri un grand désir de pouvoir réparer tout ça, afin de retrouver la vie privilégiée des expatriés, qui vivaient dans leur monde. Réparer l’impuissance paternelle d’une part en s’identifiant au père qui sut dans l’enfance assurer une vie privilégiée à sa famille. La meilleure d’entre tous, ainsi reconnue et élue par son père, s’identifie à lui, à l’homme de pouvoir, celui qui fait perdurer le confort d’autrefois, elle incarne une femme qui travaille comme les hommes, qui est à égalité avec eux, et qui, pour établir cette égalité, les confirme eux, d’abord, dans leur pouvoir, dans cette image forte et phallique. C’est juste que les forts, ceux qui peuvent, ce ne sont pas que les hommes, qui ont accès au travail, aux idées, les femmes aussi peuvent faire comme eux, être aussi bonnes… et même s’avérer supérieures. Car là, intervient la deuxième réparation : celle de la mère qui, autrefois, souffrit d’être vue dans des besognes domestiques par un mari qu’on imagine macho, et qui rêva d’en sortir. La meilleure d’entre tous, en s’identifiant au père qui peut, qui réussit, qui ré-enchante la vie de la famille, répare aussi sa mère, puisqu’elle incarne le rêve de cette mère de sortir du domestique. Donc, comme sa mère, la meilleure de tous fait aussi beaucoup d’enfants : quatre, avec François Hollande. Pour Ségolène Royal, la femme réussie, sur le fil de la revendication féministe, s’identifie à l’homme qui peut, qui travaille, elle le prend pour modèle et prouve qu’elle peut faire aussi bien, et même plus et mieux, car justement, par ailleurs elle s’identifie à la mère, elle fait des enfants, elle a ce pouvoir-là, et en même temps son identification à l’homme lui permet de ne pas être rabaissée dans le domestique.
Ce qu’il faut retenir de l’image de cette femme-là, incarnée par Ségolène Royal, c’est qu’elle s’ancre pour sa réussite dans l’identification au père, à l’homme réussi et puissant qu’il est, elle la meilleure d’entre tous va prouver qu’elle sait faire comme lui. Et on se souvient de la jeune Ségolène Royal osant aller demander à cette figure du père qu’est le vieux François Mitterrand de soutenir sa candidature comme député dans les Deux-Sèvres. Directement à Dieu le père !
Une telle structure mentale ne peut inquiéter l’homme, surtout s’il est sur le point de devenir Président, l’homme au pouvoir le plus grand. C’est une femme qui voit l’homme pourvu de ce pouvoir, pourvu d’un fabuleux phallus ! Et si elle s’est identifiée au père qui peut, c’est aussi pour réparer l’impuissance qu’il avait pu montrer. Alors, tout rentre dans l’ordre, si la femme est la meilleure complice du pouvoir de l’homme en renforçant son image puissante, phallique ! Ségolène Royal renvoie à l’homme réussi qu’est le Président son image intacte. Et même lorsque ce Président laisse percevoir un doute quant à son pouvoir, quant au fait d’avoir le phallus ou pas, ne voilà-t-il pas que Ségolène Royal rentre au gouvernement et que, c’est sûr, elle va tout réparer, puisqu’elle aussi elle l’a.
Valérie Trierweiler, c’est très différent. Ce n’est pas une femme qui s’est identifiée au père puissant, qui peut réparer par sa propre puissance son risque d’impuissance, pour qu’à deux ils fassent perdurer la vie privilégiée, dans une sorte d’autre monde. Elle a eu un père handicapé, un père qui n’a jamais eu le pouvoir de maintenir sa famille dans un autre monde privilégié comme si le lieu matriciel n’avait jamais été quitté, comme si la vie née n’était que la continuation de la vie dans le ventre. Son père à elle a eu un tout autre pouvoir : celui de l’abandonner à la vie dehors, dans un environnement terrestre non dominé par la métaphore placentaire. Le pouvoir a sans doute pour elle un autre sens ! Le sens d’abandonner à la vie. Et d’apprendre, à la fois au contact des autres et dans un environnement qui n’est pas déjà tout prêt colonisé par les marchands, à se battre pour la vie. On sent que cette femme n’est pas phallique, qu’elle ne revendique pas d’en avoir. Qu’elle n’est pas féministe. Elle ne se laisse pas malmener, mais elle n’est pas féministe, elle n’a pas en elle ce quelque chose de l’homme réussi que les féministes revendiquent souvent. On sent qu’elle n’a pas été formatée dans des moules élitistes, mais qu’elle s’est débrouillée, comme sa mère s’est sans doute débrouillée avec un mari handicapé. Le handicap de l’homme d’habitude fort dans la famille a sans doute inscrit la rupture du confort matriciel. Alors, la mère n’a pas pu prétendre posséder un phallus en creux, une matrice, dans laquelle elle pouvait garder ses enfants, pour qu’ils jouissent d’une vie privilégiée, à part, dans un autre monde. Le modèle de Valérie Trierveiler est sa mère, une femme qui, passée le temps de la gestation, a perdu ce phallus en creux, qui ne garde pas dedans, qui ne se fait pas gardienne du giron. Une femme dont la logique mentale est celle de la vie dehors, avec les autres, à s’intéresser aux autres. Notamment à ces gens dans leur monde, à part, les gens de pouvoir. Valérie Trierweiler, en allant comme journaliste politique enquêter du côté des gens de pouvoir, ne les met-elle pas en confrontation avec l’homme de sa famille, le père handicapé, qui eut ce pouvoir de la précipiter dans la vie, en ne ré-enchantant jamais le lieu matriciel définitivement quitté. Ce n’est donc pas sûr du tout que, pour cette femme-là, le vrai pouvoir ce soit celui que veut avoir François Hollande, qui promet de ré-enchanter la France pour les Français ! Et est-ce par hasard si le Président l’a sèchement et froidement coupée du monde du pouvoir, telle une jambe accidentée qu’un chirurgien couperait ? Castration en direct d’un phallus en creux dont le Président ne veut plus parce qu’il en a retrouvé un plus habitable ailleurs ?

C’est drôle comme l’homme puissant, celui auquel sans doute s’identifie depuis l’enfance Ségolène Royal pour mieux juguler avec lui la possible impuissance à perpétuer un autre monde privilégié ou à ré-enchanter le monde en crise, une fois devenu Président, croyant pouvoir tenir ses promesses, s’avère de plus en plus handicapé pour le faire…

La journaliste Elise Karlin note quand même que c’est lorsque François Hollande est revenu sur le devant de la scène en se mettant en course pour l’élection présidentielle que tout a changé pour le couple, et qu’à nouveau, Valérie Trierweiler a craint le nom Royal ! Avant, loin des impératifs politiques, les amis du couple disent que c’était le bonheur. Valérie Trierweiler était très bénéfique pour François Hollande. Elle lui redonnait confiance en lui, elle lui facilitait la vie. Son regard comptait beaucoup pour son compagnon.
Peut-être lui ouvrait-elle un monde très différent, le sien, la vie sur terre et non pas dans cet autre monde élitiste de l’entre soi politique et des énarques. Peut-être était-ce plus vivant. Peut-être que, loin des chocs des ambitions et de la difficulté à vraiment se distinguer et sortir du lot, loin d’une sorte de compétition permanente entre frères et sœurs d’une même famille politique refermée sur elle-même et sur son monde à part, ce compagnon put-il faire ses premiers pas dans une très différente logique de vie, où une image idéale de lui ne l’attend pas déjà pour le mouler, le formater. Peut-être connut-il une inimaginable liberté. Peut-être cela fut-il comme l’éclosion des sens dans l’ouverture terrestre, sans pourquoi comme l’est la rose, dans la lumière qui n’est pas celle des projecteurs ni celle qui sanctionne des réussites obligées. Peut-être pouvait-il juste être comme il était, dans une éclosion rabelaisienne, sous le regard de cette femme qui en le voyant ne voulait pas voir une sorte d’enfant réussi et déjà prédéfini. Peut-être était-ce merveilleux de pouvoir sortir des cadres, des normes élitistes, des ambitions et des guéguerres. Peut-être était-ce très bon de s’échapper du giron de la famille politique. « La presse l’oublie, les politiques l’enterrent, même ses amis n’ont plus confiance en son étoile ; Valérie Trierweiler, elle, continue de la voir briller et le pousse à croire en son destin. François Hollande est heureux. Elle lui donne des ailes. » Est-ce elle qui lui donne des ailes, ou bien la vie avec elle, arrachée au stress des ambitions au sein d’une famille politique, lui permet-elle de se réapproprier une énergie pulsionnelle véritablement naissante, de sorte que c’est pour lui une nouvelle naissance, ou même une nouvelle gestation, repartant du commencement ?
En tout cas, le paradoxe, c’est que la victoire politique de François Hollande a sans doute été possible par sa rencontre et sa vie avec Valérie Trierweiler mais qu’elle a ensuite conduit à la rupture. Là, il y a une question aiguë de reconnaissance… N’y a-t-il pas chez Valérie Trierweiler une inimaginable générosité, qui a attiré follement François Hollande qui s’y est sans façon littéralement nidé, jusqu’à son terme ? Cela n’aurait pas été possible avec Ségolène Royal, car une complicité concurrentielle ne régnait-elle pas entre eux ?
Longtemps, François Hollande ne devait pas devenir Président, alors les ailes qui lui poussaient en vivant une nouvelle vie avec cette généreuse compagne lui faisait entrevoir certes un renouveau de son ambition politique, mais c’est l’affaire DSK qui l’a propulsé dans la campagne présidentielle ! Et là, la famille politique socialiste le récupère, les forceps sont déjà là pour saisir le bébé qui sera conforme aux ambitions mises sur sa tête ! Alors, François Hollande retrouve une autre sorte de femme, Ségolène Royal, avec toute la complicité concurrentielle de toujours, le cercle est refermé, le passé revient comme un paradigme important, les débuts du couple mythique à l’Elysée auprès de Mitterrand ne peuvent pas ne pas revenir surplomber la possible victoire du candidat Hollande. Valérie Trierweiler a des raisons très légitimes de craindre le nom Royal, qu’elle ne veut pas entendre parce qu’elle a l’intelligence très aiguë de ce qu’il signifie. Dans les familles politiques, encore plus qu’ailleurs dans le monde industriel et des affaires, les femmes ne s’identifient-elles pas aux hommes pour réussir aussi bien voir mieux qu’eux ? La relation de la femme Valérie Trierweiler avec François Hollande se double peu à peu de la relation très loin ancrée dans le passé énarco-politique de Ségolène Royal et de François Hollande. Dès lors, le couple mythique parasite forcément la vie commune de Valérie Trierweiler et de François Hollande.

Au congrès de Rennes, où Ségolène Royal ne veut pas quitter la scène assez vite, Valérie Trierweiler est forcée de se battre, même si sa défaite est en vérité déjà annoncée. En effet, alors que sur l’estrade Royal et Hollande ne devaient pas se croiser selon le désir de Valérie Trierweiler, et qu’il ne devrait donc pas y avoir de photos ensemble, cela ne se passera pas comme prévu. Ségolène Royal se débrouillera pour être quelques minutes sur l’estrade avec François Hollande, même si elle n’a pas pu lui passer le relais comme elle l’avait prévu. Un instant, le couple dit mythique est à nouveau visible.
Si Valérie Trierweiler a en effet exigé que la scène de passation de flambeau ne se joue pas de Ségolène Royal à François Hollande, parce qu’en vérité François Hollande s’est présenté de lui-même à l’élection présidentielle, n’est-ce pas parce que c’est à sa compagne actuelle qu’il doit d’avoir pu mobiliser en lui la pulsion ambitieuse qu’il lui fallait.
L’impulsion ne lui vient donc pas de son ancienne compagne qui lui reconnaîtrait le pouvoir de se présenter à son tour après elle. Ségolène Royal de son côté refuse que les médias la photographient à côté de Valérie Trierweiler ! En quelque sorte, il ne faut pas confondre les torchons et les serviettes, la femme du politique et la femme politique qui se dit elle-même de premier rang ! Il y a toujours chez Ségolène Royal ce comportement hautain dédaigneux humiliant ! Une volonté de dépouiller Valérie Trierweiler de toute importance dans le fait que François Hollande a pu accéder à une ambition présidentielle.
La journaliste Elise Karlin en écrit des tonnes sur la jalousie pathologique de Valérie Trierweiler, sur ses colères, ses exigences, sans jamais rien analyser, mais elle met beaucoup moins en relief ce caractère dédaigneux et humiliant de Ségolène Royal, qui voit littéralement Valérie Trierweiler comme une femme sans importance politique. Ce qui est grave, car alors, nous aussi, citoyens qui votons, puisque nous ne sommes pas des politiques, alors nous n’avons pas d’importance politique, et pourtant la politique nous demande, en démocratie, notre voix !
Cette vision des torchons et des serviettes, de la part de Ségolène Royal, qui ne rate jamais les occasions de s’autoproclamer femme politique de premier rang, la plus compétente de tous, rappelant les paroles du père la disant la meilleure de tous, est très problématique ! Cette sous-estimation de ceux qui ne sont pas de la famille politique, de ceux qui n’appartiennent pas à l’élite, à travers cette tentative de rayer de la photo Valérie Trierweiler, est inacceptable car c’est une réalité, elle est la compagne actuelle de Hollande, elle est là ! Tandis que la scène d’une passation de flambeau, comme si cette campagne présidentielle procédait de celle de Royal et la portait plus loin jusqu’à un triomphe de tandem est politiquement contestable !
Cela veut dire que la voix de chacun de nous n’a aucune importance, qu’il faut appartenir à la famille et élite politique bien formatée et installée pour pouvoir exercer une souveraineté et partager le pouvoir. Mais dans une démocratie, ce sont les habitants du pays en âge de voter qui partagent la souveraineté, et par leur voix ils peuvent décider politiquement ! Ils peuvent même décider, ou devraient en tout cas le pouvoir, un renouvellement absolu ! Cette campagne-là est un renouvellement, un relancement inédit, il n’est pas une reprise des mains de Royal d’un programme qu’ils réussiront à deux !

Par ailleurs, ce que Valérie Trierweiler me semble défendre coûte que coûte, au prix de paraître pathologiquement jalouse, c’est que le candidat Hollande, se présentant à la primaire socialiste en vue de l’élection présidentielle, s’autorise de lui-même, ayant trouvé en lui les ressources pour le faire, cela avant d’être adoubé par la famille politique socialiste !
Elle défend une logique contre une autre logique. Elle s’oppose en quelque sorte à une appropriation du candidat Hollande par la famille socialiste et par Ségolène Royal. Celle-ci entend incarner la femme politique de premier rang qui passe le flambeau, comme si Hollande participait d’elle ! Comme si sa victoire devait être surplombée par le couple mythique de retour, qui est encore plus un couple de frère et sœur sur le plan politique ! Un couple qui définit une certaine image de la femme réussie qui pour le faire s’identifie à l’homme qui peut. L’homme est pourvu de phallus mais il risque de ne pas en avoir assez si la femme sœur ne vient pas le sauver en en ayant elle-même encore plus. Tout cela se dit au congrès de Rennes !
Voilà une certaine logique politique, qui implique un certain statut de la femme, et qui voudrait s’imposer comme la seule possibilité ! Qui impose une idée du pouvoir très précise, calquée sur le pouvoir du père qui perpétue un monde privilégié c’est-à-dire une métaphore du monde placentaire avec ses habitants restant dans une logique reliée de fœtus consommateurs de ce que tout autour dans le monde marchand on produit pour eux.
Ce théâtre qui se joue au congrès de Rennes est une guerre non seulement entre deux femmes qui se haïssent (et il n’y a pas d’un côté la haine normale de Ségolène Royal et la haine pathologique de Valérie Trierweiler) mais entre deux logiques de pouvoir ! Entre les deux, il y a un saut logique, et la haine dirigée contre Valérie Trierweiler est un refus du saut logique, qui implique un statut très différent des femmes, qui ne sont pas phalliques.
Et bien sûr, la grosse machinerie de la famille socialiste, avec ses éléphants, ses ambitions féroces, et sa femme politique de premier plan, a l’air d’orienter les choses vers une simple question de pot de terre contre le pot de fer. Valérie Trierweiler n’allait-elle pas plus tard logiquement être brisée comme le pot de terre ? Or, à Rennes, Valérie Trierweiler, même si elle est sûre de perdre parce que l’adversaire est plus fort qu’elle, ne reste pas muette, envers et contre tout, elle dit qu’elle est là, qu’on ne peut pas l’éliminer du tableau, comme d’ailleurs Ségolène Royal ne s’est pas laissée gommer de l’estrade ! La guerre se fait entre deux femmes aussi fortes et batailleuses l’une que l’autre, même si Ségolène Royal rabaisse celle qui n’est que femme de politique !
Mais, comme il arrive dans l’art de la guerre lorsque, trop narcissique, on oublie qu’il ne faut jamais sous-estimer l’ennemi si on veut gagner la bataille, Valérie Trierweiler s’est révélée bien plus intelligente politiquement que ne l’avait cru Ségolène Royal. Car en effet, sous l’œil des caméras, Valérie Trierweiler, à Rennes, est venue saluer Ségolène Royal qui n’a pas pu refuser ! Cette poignée de mains guerrière fut le moyen que trouva la politique sous-estimée Valérie Trierweiler pour signifier à la si hautaine et narcissique Ségolène Royal que le candidat François Hollande pouvait se présenter à la présidentielle infiniment plus parce que sa tranche de vie avec sa compagne actuelle lui avait permis de rassembler en lui des ressources nouvelles que par passage de flambeau entre son ancienne compagne et lui !

Mais bien sûr, François Hollande, formé au moule de l’ENA, très technocrate, qui a politiquement grandi dans cette sorte de pouponnière élyséenne mitterrandienne, s’il oscille sans jamais décider entre deux logiques de pouvoir, penche certainement vers l’enacratie, vers la technocratie. C’est pour cela que, tout en semblant ne pas pouvoir se décider à trancher, toujours ambigu, laissant les autres voire les femmes décider pour lui, il a fini par répudier Valérie Trierweiler ! De cette manière brutale, en technocrate qui obéit à une raison d’Etat. En homme politique s’aimant trop follement lui-même et ne pouvant donc pas vraiment aimer Valérie Trierweiler, cette autre qui ne lui ressemble pas comme une sœur, cette femme qui l’aurait fait sortir d’une logique endogamique.
Mais la journaliste de l’Express décidément ne reconnaît aucune intelligence politique à Valérie Trierweiler ! « Valérie Trierweiler… a obtenu l’avantage. Il restera de Rennes d’autres images que celle du couple recomposé – à l’enjeu politique, elle pourra toujours opposer cette victoire privée. » Mais non, victoire politique ! On peut avoir une voix politique même si on n’est pas une politique ! Valérie Trierweiler a fait entendre son désaccord politique ! Comme chacun de nous, en politique, pourrait faire entendre sa voix ! Les familles politiques ne lésinent pas sur les moyens et les images pour des événements spectaculaires afin de capturer nos voix, car c’est quand même ça le but, mais sommes-nous des imbéciles pour nous laisser prendre à l’hameçon de tout ce cinéma, ou bien nous sommes-nous dans l’ombre entraînés à savoir lire et entendre entre les lignes la logique et les ambitions en lice jusqu’à pouvoir donner notre voix en toute liberté, exerçant vraiment notre part de souveraineté ?

Ségolène Royal, elle, veut être traitée en souveraine, que sa majesté soit reconnue. Alors, à cause de Valérie Trierweiler, elle ne pourrait pas être traitée en… reine, c’est-à-dire en femme politique de premier plan ?
Triste campagne, écrit Elise Karlin, qui a choisi sa reine ! Mais non ! Un vrai film ! Très intéressant ! Bien plus qu’une campagne où, à travers François Hollande auquel elle transmet le flambeau, Ségolène aurait en vérité repris et poursuivi la sienne, s’imposant avec son sans-gêne habituel comme la reine !
Cette campagne-là n’est pas la sienne qui aurait repris, elle ne s’est pas déléguée en François Hollande pour la gagner enfin, cette présidentielle ! La campagne de François Hollande devait garder son caractère unique et singulier, elle ne devait pas affirmer par les images où Royal aurait crevé les écrans, en star médiatique, que sans elle il n’aurait pas été assez puissant et que l’homme n’a assez de pouvoir que si la femme, royale sœur, vient l’aider, voire le réparer et le sauver ! Le film de cette campagne montre en filigrane la version de l’histoire que voulait imposer Ségolène Royal, et dans laquelle elle serait bien sûr apparue comme la reine, comme la femme politique la plus compétente, la meilleure de tous hommes et femmes confondus, bref la seule vraie Première dame, c’est-à-dire sa majesté la reine !
Mais Valérie Trierweiler sait écrire aussi l’histoire sur la scène politique de son pays ! Elle s’est battue pour écrire un autre scénario ! Combien plus intelligent, si nous acceptons d’être en démocratie, et non pas encore en monarchie, où la reine et le roi incarnent encore maman et papa qui peuvent tout pour des Français restés immatures politiquement !

Elise Karlin raconte la colère de Valérie Trierweiler lorsque, le 6 mai 2012, en page 3 du Journal du Dimanche, on a publié une photo d’elle pas très belle, elle a les yeux mi-clos, le sourire figé. La journaliste s’étonne de la colère de la compagne de François Hollande lorsqu’il est sur le point de gagner, alors qu’à l’heure des retouches de photos pour effacer les défauts, on peut s’étonner du choix d’une photo de Valérie Trierweiler qui ne la met pas en valeur en ce jour si important ! Le choix fait par le journal n’est sûrement pas anodin ! C’est une attaque par image interposée ! Comme si Elise Karlin feignait d’ignorer le pouvoir des médias et des images ! Les yeux mi-clos alors que la compagne de François Hollande, pas encore très connue du grand public, tient avec lui une rose, n’est pas très flatteur pour elle. Déjà, on tente de donner une mauvaise image d’elle ! Difficile de croire que, comme pour les photos volées, le journal ne disposait que de celle-là ! Le mauvais procès a déjà discrètement commencé, et nous n’en sommes pas encore au tweet !

Puis la journaliste se moque de l’album que Valérie Trierweiler a écrit sur la campagne, parle de bluette pour jeune fille parce que la compagne de François Hollande y parle de moments forts où ils s’isolent seuls au monde, où elle pleure d’émotion et où il rit ! En vérité, face à l’énorme artillerie du spectacle de campagne électorale montée par la famille politique, Valérie Trierweiler ne veut-elle pas aussi ajouter sa contre-vérité, et, dans une sorte de déchirure, montrer que la victoire de François Hollande vient aussi, voire surtout, de la qualité spéciale de leur aventure amoureuse, qui a permis au candidat victorieux de se ressourcer, d’être en gestation, de renaître avec une ambition neuve ? La journaliste écrit : « Voilà ce qui reste officiellement de la campagne présidentielle : ce que Valérie Trierweiler a choisi d’en garder. Ce livre, toutes ces photos qui soulignent sa place auprès de Hollande, ce n’est pas une œuvre politique, c’est sa revanche personnelle. Cent quarante-deux pages qui la dédommagent de ces années où elle s’est tenue dans l’ombre, mise au silence, contrainte d’espérer. Ces années où Ségolène Royal lui a empoisonné l’existence, privée et professionnelle, pour tenter de retenir François Hollande… Ces années où elle a failli y parvenir. » Livre de revanche ! Mais non, un livre de Valérie Trierweiler, tout simplement ! Et politique ! Qui fait entendre où s’ancre une victoire à la présidentielle : dans une histoire d’amour avec une nouvelle compagne qui ne ressemblait pas à l’ancienne qui, elle, avait un air de sœur dans une même famille, et était toujours là à le marquer de manière complice et concurrentielle. L’aventure amoureuse avec Valérie Trierweiler a permis à François Hollande de se démarquer de cette compagne toujours plus ou moins en concurrence, comme s’il ne pouvait rien faire sans elle, comme si tout devait se faire à deux, comme si sans elle il ne pouvait pas aussi bien réussir !
François Hollande dit du livre de Valérie Trierweiler : « Ce n’est pas un livre sur moi, c’est un livre sur Valérie… » Et pourquoi pas ? Mais plus exactement, ne serait-ce pas un livre qui montre que la victoire de Hollande ne tient pas uniquement à sa formation dans le moule pour technocrates hauts fonctionnaires qu’est l’ENA, ni au long parcours commencé à l’Elysée de Mitterrand puis dans une famille politique, que le pouvoir se condense et s’érige autrement, dans une sorte de giron amoureux, où il est seul et non pas dans une famille nombreuse où il est impossible de se distinguer, où il reprend confiance, où ses ailes poussent !

Toujours l’accusation de faire l’amalgame entre privé et politique, lorsque la journaliste se moque de l’initiative de Valérie Trierweiler, à Tulle, de faire jouer « La vie en rose » à l’accordéon ! « Voici teintée d’une nuance privée sa première apparition publique ; instiller de l’intime au cœur de l’officiel, mélanger, amalgamer : le ton est déjà donné. » Au seuil d’une autre vie qui commence, où plus rien d’avant ne va subsister, où presque tout sera exposé, où le pouvoir prendra tout, pourquoi pas cette musique qui « évoque pour le couple un moment particulier de son histoire » ? Pourquoi pas, à Tulle, une dernière fois, avant de regagner Paris ? Pourquoi exiger toujours de se couler dans le bon moule de ce qu’il convient de faire ? Pourquoi vouloir faire disparaître de l’humain dans la vie d’un tout nouveau Président, comme s’il n’en était plus un ?

« Durant toute la campagne, elle n’a laissé aucun répit à François Hollande ; même le soir de la victoire, sa compagne ne le lâche pas. Après les tensions corréziennes, l’injonction à la Bastille : « Embrasse-moi sur la bouche. » En vérité, depuis quelque temps, c’est François Hollande qui est en train de la lâcher, pris par le pouvoir et par lui-même au faîte de ses ambitions ! Et qui la lâche aussi peut-être parce qu’une nouvelle femme, plus jeune, et sans doute plus préparée depuis son jeune âge à admirer l’homme de pouvoir socialiste, est déjà proche ! Les demandes de Valérie Trierweiler ne sont pas du tout dépourvues de sens ! C’est parce qu’elle le sent se détacher qu’elle lui fait ses demandes ! Il se détache pour que le cercle se referme avec sa compagne en politique Ségolène Royal, et il se détache parce qu’une femme plus jeune convient mieux au statut qu’il a désormais ! C’est la politique qui a transformé François Hollande ! Maintenant que la gestation est terminée, il l’oublie ! Comme si elle n’avait joué aucun rôle politique pour lui ! Alors que oui ! Elle lui a permis de retrouver en lui la source intérieure du pouvoir ! Proche de la pulsion de vie ! Celle qui exige aussi une organisation de l’environnement et de la vie sociale ! Pour que la vie soit viable.
Valérie Trierweiler se sent sans doute devant une énorme machinerie politique, qui réduit à rien ce qui est en dehors. Sa demande de l’embrasser sur la bouche, alors qu’il vient d’aller faire la bise à Ségolène Royal, place de la Bastille, est un rappel impérieux qu’il n’y a pas que ce monde-là, du pouvoir, qui est en train de le prendre, où il est le meilleur, le plus intelligent, celui sur lequel repose tous les désirs de ré-enchantement, de réparation de la crise. Il a la tête qui enfle, sans doute, de se voir si important dans le miroir, folie narcissique, et elle, elle essaie de le ramener un peu sur terre. En vain, sans doute. C’est un roi, déjà, place de la Bastille. Presque l’enfant roi Président, au seuil des responsabilités, celui dont on attend tout.

Mais Ségolène Royal, elle, lorsqu’elle arrive sur l’estrade de la Bastille, a un vrai sourire aux lèvres ! Evidemment ! La mauvaise femme d’un côté, et la bonne de l’autre ! Comme si le désaccord ne pouvait pas se dire ce soir-là ! Le désaccord politique ! L’entre soi de la famille politique, qui exclut ! « … il serre pour donner la force de l’accolade, cette fraternité qu’ils partagent sans se parler. » Cette fraternité ! Et oui ! La formation à l’ENA, les technocrates, l’élite, l’entre soi, un autre monde, loin des Français, ceux qui savent faire pour tous sont là, se retrouvent, et les petits de France en ont de la chance ! Petite scène symbolique qui fait revenir une certaine idée d’élitisme qu’il faudrait pour faire de la politique. Les années 80, Mitterrand, leur jeunesse, et maintenant ils sont au pouvoir !

Alors, par cette scène du baiser sur la bouche exigé, le quinquennat aurait selon la journaliste commencé par la jalousie. Ce sera comme cela tout le début du quinquennat. Non, pas de la jalousie, mais un vrai désaccord devant la politique telle qu’elle s’amorce ce soir-là, et même avant, les énarques, les copains de la promotion Voltaire, le poids de la famille politique, et l’impression que devant cette élite bien formée et dans son monde, avec ses ambitions, ses places, ses narcissismes, ne laisse pas grand-chose à cette souveraineté qui, en démocratie, est celle du peuple. A la Bastille, tandis que Royal entre en complicité fraternelle avec le nouveau Président, celui-ci est une sorte de roi acclamé par la foule et entouré de sa cour. Il commence à glisser hors de la vie de Valérie Trierweiler. Le pouvoir lui a pris son compagnon. La cour est déjà là avec ses ambitions, les postes à obtenir. L’homme de pouvoir peut garder, jeter, froidement.

Place de la Bastille, il y a aussi Brice Gayet, et sa fille Julie Gayet. Tout est déjà là.

C’est sûr qu’il n’est pas question pour Ségolène Royal de ne pas avoir sa place, celle d’une politique de premier rang, au sommet de la hiérarchie valable une fois pour toutes, exactement comme beaucoup d’autres, promotion Voltaire, éléphants et figures montantes du PS, ceux de partis amis qui ont soutenu le candidat, chacun attend d’avoir un poste à hauteur de ses ambitions. Les ambitions personnelles sont sans doute féroces, c’est pareil dans les autres familles politiques, on est là, on attend le partage des postes, on est entre gens compétents, on est la famille des élites.
Et il est inimaginable pour Ségolène Royal de ne pas se retrouver à l’Elysée le jour de l’investiture de François Hollande, comme pour revenir au commencement, sous Mitterrand. Surtout qu’elle a été la précédente candidate aux présidentielles, et ne se demande pas si c’est justement parce qu’elle l’a été qu’elle a fait un si médiocre score à la primaire socialiste.
Elle est sûre de l’indestructibilité du couple mythique, qu’il sera la base du quinquennat qui commence !
Mais, là encore, la mauvaise femme Valérie Trierweiler aurait gagné, François Hollande l’aurait écoutée, on ne sait pas pourquoi, et n’a pas invité Ségolène Royal. Pour une raison privée, selon la journaliste de l’Express, toujours cette haine pathologique. Mais pourquoi pas la déchirure sur une autre façon d’envisager la politique, très nouvelle, qui ne s’appuierait plus sur un appareil politique, sur une famille dans laquelle chacun va se partager les postes, mais sur des personnes singulières, pas forcément de la même famille, pas même une famille privée comme avec Ségolène Royal, mais des personnes appelées aux responsabilités pour leur valeur innovante et capables de faire comme on n’a encore jamais fait, n’ayant pas peur d’inventer et de prendre d’autres directions ? Une nouvelle élection, c’est la chance d’un renouveau absolu, c’est un commencement qui ne prend pas son élan d’un commencement antérieur, par exemple mitterrandien, c’est un jeu inédit, et l’investiture, avec sa solennité, devrait symboliser cela, avec des images qui ne recyclent pas de manière très maligne le passé et les ambitions personnelles de personnages sûrs de leur place !
Au contraire, avec le système des partis, des appareils politiques, se doublant parfois de liens privés, tout le monde se presse pour le partage des postes, les ambitions croient que le moment est venu, que l’entre soi va jouer à fond, les renvois d’ascenseur. Un panier de crabes, peut-être. Les narcissismes.
Mais un autre texte s’écrit par Valérie Trierweiler. Au moins, François Hollande pour son commencement à l’Elysée, ne sera pas marqué comme à la culotte par Ségolène Royal, il sera tout seul, comme un grand, voire sous la pluie, dans un orage. Le film de l’investiture ne devait-il pas ouvrir sur un temps nouveau, où nous n’allions pas voir des politiques placés ou croyant à leur place légitime, où tout ne semblerait pas joué à l’avance, à prendre les mêmes et recommencer ? Le film de l’investiture du nouveau Président élu par les Français et représentant leur souveraineté devait-il se plier à un cérémonial très monarchique, et devait-il mettre en pleine lumière la famille à nouveau réunie, alors même que depuis fort longtemps Ségolène Royal ancre ses ambitions politiques sur des images privées de famille et qu’à coup sûr elle croyait encore pouvoir compter là-dessus par sa présence de star et de maman de tous les Français ce jour-là ?
Ségolène Royal est rompue au pouvoir de l’image, elle sait très bien les coloniser, s’y placer comme de toute éternité, elle l’a démontré non seulement lors de sa campagne pour les présidentielles en devenant une diva et jouant de la psychologie des foules jusqu’à la mystique mais bien avant en politisant sa maternité ! Dans le film de l’investiture d’un Président représentant la souveraineté de chacun de nous, elle n’aurait pas manqué d’y prendre place en diva ! Les médias l’auraient filmée ainsi ! Le voyeurisme médiatique aurait mis en porte-à-faux la compagne du Président avec le couple mythique à nouveau réuni sous les ors de l’Elysée par l’appartenance à la même famille politique et par le passé commun !
C’est cette colonisation-là que nous a évitée Valérie Trierweiler ! Elle a empêché que les images soient colonisées par une famille privée (avec ce que cela implique de message politique sub-liminal) par le simple fait de la starisation, et par le passé politique d’un couple privé surplombant d’autant plus la cérémonie qu’elle se déroule dans le palais où il fit en tandem ses débuts !
Peut-être l’absence de Ségolène Royal à l’investiture fait-il jaser, tellement nous sommes dans une époque voyeuriste à l’affût d’un vaudeville au palais et tellement les Français aiment encore les rois et les reines, et on montre du doigt la jalousie pathologique de Valérie Trierweiler qui aurait un tel pouvoir sur l’homme au pouvoir !
Peut-être l’absence des enfants du Chef d’Etat, qui préfèrent rester avec leur mère, joue sur le sentimentalisme du peuple français et le monte habilement contre la mauvaise femme marâtre .
En tout cas la présence de Ségolène Royal n’aurait pas manqué a contrario d’imposer le retour du couple mythique dans une cérémonie d’investiture qui devait seulement concerner le Président que les Français avaient élu pour représenter leur souveraineté. C’est elle qui aurait eu la main pour écrire son propre texte et s’imposer à sa façon sans-gêne telle une souveraine faisant la star et la diva, comme elle avait commencé sous Mitterrand ce style à l’Elysée même selon ce qu’on a pu lire. Elle aurait triomphé, comme si c’était aussi son investiture à elle, inséparable de celle du nouveau Président puisqu’ils ne pourraient pas ne pas faire un indestructible tandem. Cela aurait été son grand retour, entre les lignes, et elle aurait réussi à inscrire une certaine politique, surplombée par la mère de famille reine aux côtés du père de la nation roi. Et avec leurs enfants visibles dans le tableau, les Français auraient aussi été rassemblés tels des enfants dans la grande famille, tout cela en refoulant l’infantilisme politique qui nourrit la persistance d’une monarchie logique .
Les caméras se seraient précipitées. Le voyeurisme et le spectaculaire auraient fait d’elle l’élue, pour laquelle les portes s’ouvrent toutes seules.
Ségolène Royal connaissait trop bien le pouvoir des images pour ne pas compter là-dessus, et attendre de pied ferme la compagne de François Hollande. Pourquoi n’aurait-elle pas fait un calcul sur une raison politique – une femme politique de premier plan comme elle ne peut pas ne pas être à l’investiture d’autant plus qu’elle a été la précédente candidate du PS à la présidentielle – pour gagner non seulement une affaire privée mais aussi écrire à deux mains avec François Hollande un programme politique se fondant sur des élites sachant pour tous ceux, tels des mineurs, qui ne savent pas, ce qui est à des années-lumière de la démocratie où le peuple est souverain et où en élisant un nouveau Président il veut un relancement absolu, quelque chose de nouveau, pas du tout quelque chose qui va dans les ornières du passé ?
Ségolène Royal sait jouer de très longue date d’images familiales dans un but politique ! Alors, elle mise sans doute beaucoup sur la belle image de la normalité, papa maman et les enfants à nouveau réunis à l’Elysée, une image en réponse à celle de la poignée de mains à Rennes !
Désormais la politique se fait aussi par une guerre des images. L’image de la famille recomposée de Nicolas Sarkozy lors de son investiture était aussi une image politique, qui devait avoir un effet privé, sauver un couple.
Et puis, une investiture dans un temps voyeuriste médiatisé, n’est-ce pas comme à la cour d’un roi, il faut être visible, il faut y être, si possible avec le meilleur rang possible, question d’appartenance, de postes, d’ambitions, de narcissismes.
Voilà, oui, le texte du scénario s’est écrit autrement, et, bien sûr, l’absence de Ségolène Royal n’est pas passée inaperçue. C’est l’écriture de Valérie Trierweiler. Sa marque. Non pathologique. Mais politique.

L’investiture est un événement symbolique qui appartient aux Français, non pas à ceux qui, pour une raison ou une autre, veulent s’y montrer placé, la porte déjà ouverte, la nomination implicite, l’entre soi des élites, un autre monde très éloigné de celui qui est habité par les invisibles, ceux qui attendraient tout d’en haut, de ceux qui, justement, entendent être visibles à la bonne place pour que le peuple devant la télévision reconnaisse les pouvoirs hiérarchiques de chaque personnage. Ce qu’on montre n’est pas du tout anodin, on est positionné, des choses se disent, c’est vu donc c’est, on est encore en monarchie, et la reine ne voulait pas être repoussée par une concubine, elle pouvait tolérer la concubine si celle-ci la reconnaissait reine. Voilà. L’investiture, si on ne faisait pas de la politique par les images, devrait être sobre. On ne couronne plus un roi !

Mais le problème n’est-il pas ailleurs ? Si Valérie Trierweiler a un tel désir envers et contre tout que Royal ne soit pas visible, ne serait-ce pas parce qu’elle a déjà compris que le terme est proche ? Que si François Hollande est venu dans sa vie pour la plus belle des gestations, alors que dans la grande famille socialiste il n’était jamais sûr d’être unique ni même d’être un homme de pouvoir sans devoir être marqué à la culotte par une femme sœur complice et en concurrence - une gestation politique vécue au fil de l’amour et d’une présence féminine très humaine ne cherchant jamais à le doubler sur son terrain - désormais le terme est arrivé, il est revenu plus que jamais dans sa famille politique, et maintenant il se détache au sein de la fratrie socialiste, il les dépasse tous et s’impose, il est le meilleur, il est l’unique.
Il est donc revenu à sa famille politique, et à sa fratrie, y compris cette femme sœur en politique, qui est sûrement heureuse du retour de l’homme de pouvoir, s’il lui reconnaît sa place à elle de toujours, s’il renouvelle en la regardant, en la reconnaissant, ce que disait autrefois son père, elle est la meilleure de tous, elle est au sommet de la hiérarchie !
Autre monde du politique, endogamique, élitiste, entre soi, chacun pensant à ses ambitions, au partage du pouvoir. Face aux habitants du pays, dans l’ombre, qui attendraient tout de personnages politiques si brillants qu’ils méritent des privilèges, à commencer par une image privilégiée. Valérie Trierweiler, faisant entendre sa voix, dérangeante, ne fait que dire que l’investiture d’un Président élu par les Français, en démocratie, doit faire entrevoir un temps nouveau, renouvelé, et non pas le passé ni le familial, et qu’elle doit donc être à la fois solennelle et sobre.
Le Président investi représente la souveraineté des Français, qui ne doit pas être refoulée dans l’ombre par des images politisées derrière le fait qu’on nous fait croire que la présence de certaines personnes serait normale, légitime !

On dirait que Valérie Trierweiler a réalisé que François Hollande lui mentait à propos de la rupture du couple mythique. Ce couple endogamique perdure indestructible parce qu’il implique un certain statut de la femme qui, bien que concurrentiel autant que complice, ne fait pas peur à un homme, puisque la base de l’identification de la femme est celle de la réussite comme un homme. Bref elle croit avoir le phallus comme elle pense qu’il en a un et qu’il est puissant, il peut ouvrir sur le monde privilégié, métaphore du monde matriciel ? Valérie Trierweiler, avec ses inquiétudes, ses demandes, ses exigences, et même ses colères, ne court-elle pas après une vraie décision de François Hollande, qui n’arrive jamais, pour le forcer inconsciemment à se dévoiler dans un choix qui n’en est pas un ?

Une femme comme Valérie Trierweiler, c’est beaucoup plus inquiétant ! Puisque, ayant eu un père handicapé, elle ne compose jamais avec l’image d’un homme sûr d’avoir un beau phallus. Pour elle, sans doute, chacun peut ! Trouve les ressources et les moyens de faire, pulsionnellement, dans un relancement incessant dans le maintenant, très humainement. Sans tout un appareil autour, sans une cour, sans un réseau qui fonctionne avec les ambitions et les renvois d’ascenseur, sans tout attendre de ceux qui prétendent qu’ils peuvent. Alors que le monde politique est un monde froid, calculateur, inhumain, où le partage des places et les guerres des ambitions se font dans une entente à propos de cet autre monde loin des Français et de la vie véritable, le monde dans lequel vit Valérie Trierweiler est humain, mais pas sans inquiétude. Parce que personne ne peut d’un coup de baguette magique phallique maîtriser l’extérieur, une sorte de castration doit être acceptée afin d’être humble devant l’environnement terrestre et humain à écouter sans fanfaronnade et sans croire que c’est gagné d’avance ni qu’on y est placé hiérarchiquement et une fois pour toute par une nomination venant de Dieu le père. De nos jours, l’élection d’un Président se faut trop avec le fantasme qu’il aura le pouvoir phallique non seulement de réparer la crise mais aussi de maîtriser la complexité du dehors, parce que nous les petits, nous aurions peur de ne pas savoir humblement faire sur le terrain chaque jour ?

Puis il y a le tweet. En vérité, même à l’Elysée, et sans doute l’intéressée elle-même, on sait que Ségolène Royal a fait une erreur en se présentant à la Rochelle, qu’elle aurait dû se présenter dans son ancienne circonscription, qu’elle aurait pu demander à Delphine Batho de la lui rendre. Cela devient presque évident qu’elle va perdre, parce que son rival Olivier Falorni ne peut pas continuer à être sous-estimé. Car il a d’abord été sous-estimé. Ségolène Royal, très sûre, en vraie diva, qu’elle a sa place à vie au sommet de la hiérarchie, ne pouvait pas imaginer que Falorni pouvait avoir du poids face à elle. Aveuglée par un narcissisme à tout épreuve, elle a commis l’erreur fatale dans l’art de la guerre : sous-estimer son ennemi ! Une erreur qui en dit long sur sa manière de faire de la politique. Pour elle, faisant partie de l’élite, quelqu’un d’apparemment plus bas, qui n’est pas vraiment de son monde, de sa formation, de son expérience en haut près de Dieu, ne peut qu’être un minus, que quelqu’un qui n’a pas de voix, notamment pour se faire entendre de ceux qui donneront leurs voix en votant. Or, la voix d’Olivier Falorni, homme de terrain, ne se castre pas devant la diva, et tout le monde s’en aperçoit ! Le soutien absurde de François Hollande advient alors qu’il ne sert à rien. Il advient pour donner plus de force encore à la voix de Falorni. Mais ce soutien du chef de l’Etat, dans une élection où il doit rester en dehors, à la mère de ses enfants, confirme à Valérie Trierweiler que son compagnon a menti sur la rupture du couple mythique. Alors, elle aussi fait quelque chose qu’elle n’aurait pas dû faire ! Comme François Hollande a fait quelque chose que, en tant que chef de l’Etat, il n’aurait pas dû faire ! Elle soutient celui qui ne se laisse pas intimider ! Celui qui fait entendre sa voix ! Celui qui ne plie pas devant la diva ! Ni ne se laisse pas dicter des choses par l’Elysée. L’élection doit rester libre ! Son résultat ne doit pas être joué d’avance ! Les électeurs ne sont pas des enfants qu’on pourrait manipuler en intervenant sur le choix des candidats parmi lesquels un les représentera. Valérie Trierweiler soutient la liberté de choix de chaque électeur ! Chaque voix compte ! Le soutien à Olivier Falorni est plus qu’un soutien amical à celui qui a pu se sentir blessé par François Hollande si peu reconnaissant, qui tente lui aussi de le pousser dehors pour son ex compagne et mère de ses enfants gagne ! Il n’a pas démérité ! Ségolène Royal n’a pas voulu, pour une étrange raison, se retrouver face à face avec les électeurs de son ancienne circonscription, qui la connaissaient bien…

Valérie Trierweiler serait une femme piquant des colères noires, promettant de se venger, faisant des scènes à l’Elysée. Son tweet aurait provoqué une guerre nucléaire dehors, selon les termes d’Elise Karlin ! Bigre ! En vérité, n’est-ce pas tout le contraire ? Un peu plus de deux ans après, n’a-t-on pas l’impression au contraire que rien n’a changé, que rien n’a été détruit bien au contraire ? Il y a juste Valérie Trierweiler qui est dans un renouvellement absolu de sa vie ! Ce n’est pas le cas du Président, ni de Ségolène Royal qui fait plus que jamais la reine de toute la hauteur de ses compétences, ni des personnages politiques qui font avec des recettes qu’ils croient efficaces. Guerre nucléaire, vraiment ? Valérie Trierweiler n’a pas du tout changé le quinquennat ! Malheureusement ! Vous n’avez qu’à regarder les images du monde où ils vivent, ces politiques censés nous représenter, ils sont dans un autre monde, de plus en plus mêlé à celui des artistes, du show biz, des stars, du spectacle. Un monde qui monopolise les images !
La folie de la Première Dame retentirait sur la vie publique ? Les électeurs de La Rochelle ne seraient-ils pas capables de juger par eux-mêmes ? Ils devaient subir l’influence du Président ? Y aurait-il une bonne influence, et une folle et négative influence ?
Heureusement, le Président sait parfaitement contrôler la déraison des sentiments… Mais en vérité, il est parfaitement sourd aux paroles de Valérie Trierweiler ! Il croit dur comme fer être dans la vérité ! Un cataclysme privé ? Vraiment ? Mais à ce moment-là, il était paraît-il déjà dans une autre histoire amoureuse ! C’est lui qui provoque le cataclysme dans la vie présente de sa compagne, et pas du tout le contraire ! Son monde à lui ne change pas ! Comme si elle avait tout empoisonné : la campagne, l’investiture, le mandat ! Mais c’est plutôt le pouvoir qui a mis en acte un processus de destruction dans la vie de Valérie Trierweiler ! Ce qu’elle saura vivre, puisque ensuite, ce sera un nouveau souffle, une renaissance, sur la terre des humains. Quel pouvoir la journaliste de l’Express prête à Valérie Trierweiler ! C’est fou ! Alors que le monde du pouvoir ne pense qu’à une seule chose, que le Président se décide à la répudier ! Elle serait plus forte que le staff au pouvoir ? Elle est délirante, cette vision de la Première Dame en femme destructrice, en femme nucléaire !
Le Président voulait vivre toujours la même vie, il voulait la famille autour de lui à l’Elysée, sa famille politique majoritaire autour de lui croyant d’autant mieux en son champion que c’est de lui que s’effectuera la distribution des postes ! Elle lui aurait volé les meilleurs moments de sa vie ! Mais non, elle ne lui a rien volé, par les médias interposés, il a toujours eu autour de lui ses enfants, leur mère, sa famille politique, faisant bloc, et en face, la mauvaise femme en proie à ses crises, à ses nerfs… Le plus beau moment n’est-il pas pour le Président celui où, enfin, il peut jeter hors de son monde celle qui le dérange tellement en le pressant vers une révolution intérieure, vers une transformation et une renaissance incessante de soi et donc des responsabilités envers le pays et ceux qui y habitent ?

Valérie Trierweiler aurait eu une influence jusque sur l’actrice Julie Gayet ! Elle l’aurait convaincue de porter plainte, lorsque les rumeurs ont commencé ! La Première Dame aurait réussi à enrayer la fin de son amour avec le Président, elle aurait fait reculer l’actrice ? Mais non, elle lui a juste signifiée qu’elle existait, qu’elle ne se laissait pas intimider, qu’elle était vivante ! Elle a permis à l’actrice de se mesurer à elle, alors que ce sont deux femmes si différentes, qui ne sont pas du même monde même si Valérie Trierweiler est une femme qui a réussi ! Par ailleurs, il est déjà évident que Valérie Trierweiler n’a plus aucune chance avec Hollande, il y a suffisamment de témoins de la nouvelle vie du Président, même si elle se veut discrète mais pas si secrète ! La Première Dame a fait entendre sa voix à l’actrice, une voix souveraine bien que n’ayant pas le pouvoir d’enrayer le processus de destruction qui atteint sa vie actuelle !

Le Président veut que sa vie privée soit respectée et reste secrète, pourtant il ne la laisse pas tant que ça dans l’ombre ! Comme si c’était de la faute des médias, il laisse les rumeurs qui filtrent lentement mais sûrement attaquer, pour la détruire, la vie de Première Dame de Valérie Trierweiler. C’est un malin et redoutable stratège, qui ne sous-estime sûrement pas tant que ça le changement des médias qui ne respectent plus comme au temps de Mitterrand les vies privées. Cela va forcément fuiter ! Il y aura toujours au moins un journaliste de cinéma…

Certes l’actrice n’est pas si connue que ça… Elle sera infiniment plus connue après… Mais sa promotion commence déjà ! Qui est cette jolie blonde, à côté du Président ? Et voilà… Les projecteurs sur le rôle d’une vie ! Le film commence dans un secret pas si bien gardé… Ce que François Hollande tait, c’est ce qu’il est important de savoir, a dit un journaliste. Il laisse faire, comme si ce n’était pas sa faute à lui, le voyeurisme sur une histoire privée, et ce sera comme une bombe atomique sur la vie d’avant avec une compagne qui a fait son temps… L’actrice commencerait à avoir une influence sur les décisions politiques du Président Hollande, par exemple en ce qui concerne le financement du cinéma… Un autre monde… A l’Elysée François Hollande ne ferait pas ce qu’il voudrait ? Ou bien se débrouille-t-il au contraire très bien, en laissant croire que la Première Dame a du pouvoir : si on veut gagner la bataille, selon l’art de la guerre, il vaut mieux sur-estimer l’ennemie, elle ne se méfiera pas…

Enfin libre, une fois la vie avec Valérie Trierweiler pulvérisée par la révélation de la liaison du Président avec l’actrice et par l’annonce qu’il fait lui-même à titre privé de la rupture de leur vie commune, François Hollande entend chanter, en Turquie, qu’il ne regrette rien ! Oui, ensuite « La vie en rose » provoque le fou rire, comme si elle était ridiculisée en rappelant le choix de Valérie Trierweiler à Tulle ! Tout le monde semble complice avec lui pour rire de la vie d’avant, avec cette femme ingérable heureusement enfin sortie de leur monde ! Il est libre de continuer à vivre la même vie !

Et la journaliste de dire combien Valérie Trierweiler avait le don de refroidir l’ambiance lors des voyages officiels à l’étranger ! Elle osa par exemple demander à la directrice du musée Pouchkine de parler plus fort, pour que la délégation puisse entendre ! Et alors, pourquoi pas ? Chacun n’aurait-il pas le droit d’entendre ? Si cette dame n’est pas n’importe qui, n’est-ce pas mieux qu’on puisse l’entendre ? Et si cette dame n’est pas n’importe qui, qui est n’importe qui ? Valérie Trierweiler, qui ne briderait pas sa parole, qui ne s’inclinerait pas comme n’importe qui devant un personnage qui, lui, n’est pas n’importe qui ? Personne n’est n’importe qui, justement ! Chacun a le droit de se manifester comme quelqu’un ! Même Valérie Trierweiler ! Et ceux qui sont derrière veulent voir aussi ! Et aussi les habitants du pays, qui ne sont pas n’importe qui ! La voix s’élève du côté de ceux qui sont vus comme n’importe qui, pour écouter la voix de ceux qui ne sont pas n’importe qui et ne s’assurent pourtant pas d’être entendus, à moins qu’ils considèrent que ce serait comme donner du chocolat à des cochons…

La rancune de Valérie serait éternelle, selon la journaliste de l’Express ! Ce serait les mots de l’intéressée, à propos de Julien Dray ! La suite prouvera tout le contraire, en ce qui concerne le Président et le monde de la politique ! Elle vivra une vie renouvelée, très loin de la rancune et de la rancœur ! Ah cette femme qui aurait sacrifié Julien Dray aux yeux du monde entier ! C’est plutôt elle qui a été répudiée aux yeux du monde entier ! Julien Dray, homme politique, est-il si fragile que ça, lui qui doit pourtant connaître la violence de la politique ? Image d’une méchante femme qui s’acharne dans le rejet d’un grand sentimental, d’un affectif qui en est tellement blessé… Oh la la, le pauvre petit ! Elle s’avère pourtant une vraie adversaire politique, Valérie Trierweiler, elle qui n’appartient pourtant pas à la famille ! Elle n’aurait pas dû avoir un avis politique, cette femme qui ne veut pas de celui qui a soutenu Ségolène Royal ?

Selon la journaliste, même lorsqu’elle n’est plus là il faudrait encore faire attention avec Valérie Trierweiler, ce serait François Hollande qui le dirait ! Un proche du Président aurait dit : « Tout ce qui concerne Valérie, c’est radioactif… » C’est donc tellement dangereux, une parole libre, une langue qui n’est pas de bois ? En vérité, cette adversaire, elle, libre, s’avère autrement et instinctivement plus stratège ! Jamais elle ne sous-estime l’ennemi ! Alors, en le sur-estimant plutôt, elle n’attaque pas ! Lorsqu’elle parle, c’est toujours à propos des maltraités de la terre, des sinistrés qu’on oublie très vite, des enfants qui meurent de faim ou de manque de soins, des filles qu’on enlève et qu’on viole. Jamais d’attaques ! Gérer l’ego blessé de Valérie ? Mais elle ne joue pas sur l’ego ! Même le livre qu’elle pourrait écrire sur sa vie à l’Elysée, tellement craint, elle ne le sort pas, alors qu’il lui rapporterait une fortune ! On dirait qu’elle laisse François Hollande faire ses preuves, sans l’attaquer, sans régler des comptes. Comme si c’était aux Français de faire le bilan du quinquennat. La Première Dame, elle, a disparue. Très loin de chercher à se donner le beau rôle.

L’actrice sait soigner son entrée, sortir de l’ombre de rares fois. Mais Valérie Trierweiler, on dirait que la journaliste de l’Express lui reproche de ne pas s’être rendue invisible, d’oser même se montrer à la lumière le même jour que l’actrice. Elle oserait concurrencer l’actrice dans le monde des images et des médias ! Pourquoi Valérie Trierweiler ne saurait-elle pas aussi bien qu’une actrice exploiter sa notoriété pour faire avancer la cause des invisibles et des maltraités de la terre même à un défilé Dior où on ne manquera pas de la photographier ? Coucou, je n’ai pas disparue, je ne suis pas médiatiquement morte, je vais bien, je vis une nouvelle vie, je ne suis pas détruite ! Elle ne laisserait pas le champ libre à son adversaire, l’actrice, écrit Elise Karlin ? Mais, a contrario, l’actrice devrait-elle, parce que c’est elle la star et c’est elle qui a le premier rôle maintenant, être seule sur la scène médiatique, poussant dehors celle qui ose comme dans la fable troubler en amont l’eau claire de la rivière ? Valérie Trierweiler, pour occuper l’image, aurait appris la leçon de Ségolène Royal ? Elle n’aurait pas été assez intelligente toute seule ? Dans sa nouvelle vie, Valérie Trierweiler est très belle ! Répudiée, elle ne se montre pourtant en rien punie, enlaidie ! La journaliste aurait peut-être voulu la voir marquée, mise à terre, agonisante ? Quel fantasme de mort ! Mais non, elle a simplement réussi le renouvellement de sa vie, une vie où rien n’est déjà joué, où elle ne sait pas ce qu’elle fera dans les six mois.

Le pauvre Président n’aurait, en ce mois de janvier 2014, même plus de chez lui, puisque Valérie Trierweiler occuperait l’appartement. François Hollande serait prisonnier de l’Elysée… Le Président se retrouverait attaché à Valérie… Peut-être son humanité et sa vitalité retrouvées lui rappellent-elles quelque chose, à ce Président… Mais Valérie Trierweiler serait-elle femme à désirer à nouveau une vie au palais, comme si elle restait addicte à ce monde-là ? On spécule sur un amour qui pourrait renaître de ses cendres… Mais elle, en veut-elle ? Ou bien sa vie retrouvée n’a-t-elle pas de prix ? Attend-elle réellement une réhabilitation publique ? Ou bien ne se trouve-t-elle en rien atteinte, puisqu’en elle la pulsion de vie est intacte ? Que de fantasmes sur une femme qu’on veut détruite !

En même temps que beaucoup imaginent que Valérie Trierweiler pourrait revenir, voici que réapparaît Ségolène Royal dans la nouvelle équipe gouvernementale : éblouissante, bien sûr ! Triomphante ! Alors, on recommence, bien dans l’ordre, maintenant ? La reine, et la concubine ? Si Ségolène Royal se relève des épreuves, et réapparaît dans le même style de toujours, s’imposant comme jamais dans l’image de la meilleure de tous, on ne peut pas dire que Valérie Trierweiler ne renaît pas elle-aussi de la destruction. Sauf que Royal est phallique dans son style et ses paroles, hautaine, triomphante, et que Valérie Trierweiler ne l’est pas du tout. L’une froide, inhumaine, sûre de son image, passant des portes qui lui sont ouvertes et devant des gens qui se lèvent sur le passage de sa majesté qu’ils laissent manger dans le calme, l’autre est humaine, souriante, elle compte parmi nous qui comptons. C’est peut-être avec cette image-là renouvelée qu’elle revient d’actualité, sans avoir besoin d’un homme de pouvoir plus handicapé qu’il ne le croit pour lui assurer une place dans l’autre monde privilégié !

Alice Granger Guitard

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